mercredi 31 janvier 2018

Petit journal d'une grossesse (suite et fin)

Jusqu'ici, nous avons passé nos vacances de fin d'année à nous rendre à l'hôpital pour le suivi de la croissance du bébé.  Pendant ce temps, le bébé est bien actif dans mon ventre : son activité préférée consiste à étirer ses jambes. D'après Google, il n'est pas possible pour un pied de bébé de passer à travers la peau de mon ventre mais j'ai quand même des doutes.

Continuons le récit. Attention, cette partie contient nombre de détails sanglants et/ou situé du côté de mon bas-ventre. Ames sensibles : s'abstenir.

Vendredi 5 janvier
Nous voila de retour à l'hôpital pour la millionième échographie. Cette fois, la technicienne doit être particulièrement expérimentée : en 3 minutes chrono, toutes les mesures sont prises. Ensuite on retourne au Day Assessment Unit pour l’électrocardiogramme habituel, en attendant les résultats.

Un peu plus tard, une médecin vient nous voir et nous explique que les résultats ne sont pas terribles : le bébé n'a pas grandi et le niveau de liquide amniotique est descendu. En résumé, le placenta a commencé à plier bagage et ne nourrit plus convenablement le bébé.
"Dans l'idéal, on aurait déclenché votre accouchement le 16 janvier comme prévu, mais là ça devient urgent."
"Ah, urgent comment?"
"Dimanche".
"Après-demain ?"
"Oui, dimanche"
"C'est un peu soudain, on ne ferait pas mieux d'attendre plus ? On a des amis qui arrivent et..."
"Dimanche."
"Bon."

Ce soir-là, nous invitons un ami pour jouer une dernière partie de Catan et le lendemain, Christophe va grimper une dernière fois puis nous sortons une dernière fois au restaurant. La fin est proche.

Dimanche 7 janvier
Nous avons préparé notre sac pour l'hôpital. Nous ne savons pas vraiment quoi emporter pour le bébé donc on prend un peu de tout. Pour moi, ce sont surtout des snacks, biscuits, crackers et barres de céréales. Il parait qu'il faut prendre des forces avant d'accoucher.

A midi, nous sommes à l'hôpital. Une dernière échographie confirme le déclenchement pour aujourd'hui. Je croyais encore que la dernière échographie s'était trompée et pouvoir y échapper. En tout cas ma chambre est fantastique : une grande chambre privée avec salle de bain, un siège inclinable pour Christophe et une vue magnifique sur la baie d'Auckland.

Au loin : le volcan Rangitoto
Comme il est midi, on me propose un sandwich thon-mayo pour déjeuner. Au moins une chose est internationale : la bouffe infecte des hôpitaux. J'imagine que pour des raison de santé, ils doivent cuisiner sans gras, sans sel et sans sucre. Ca n'a donc aucun goût et c'est Christophe qui fini mon sandwich.

Il y a deux méthodes pour déclencher un accouchement : déposer un gel d'hormones sur le col de l'utérus ou insérer un petit ballon (Foley Bulb) de la taille d'un citron vert à travers le col de l'utérus pour l'encourager à s'ouvrir. La méthode du gel est plus rapide mais potentiellement stressante pour un petit bébé. Me voila donc assignée à la méthode du ballon. Le seul problème du ballon, c'est qu'il faut le garder 24 heures en place pour faire effet. Et comme le bébé est petit, ils préfèrent me garder sur place pour continuer les cardiotocogrammes (CTG) : en plus des battements de coeur du bébé, la machine à CTG permet de suivre les contractions de mon utérus. Visiblement, l'unité de mesure des contractions est le Toco, que nous renommons rapidement "Tacos" parce que c'est plus drôle. 

Mais avant de mettre en place le ballon, on me fait subir la procédure la plus douloureuse qui soit (plus douloureuse même que l'accouchement!) : la pose d'une perfusion dans mon poignet. La sage-femme précise que c'est particulièrement douloureux du fait qu'une femme enceinte a beaucoup plus de sang qu'un adulte normal et que cela requiert donc une perfusion 3 fois plus grosse. En attendant, le moindre mouvement de la main gauche est horriblement douloureux mais bon "c'est juste pour 24 heures".

Côté utérus, le ballon est promptement mis en place au moyen d'un spéculum digne de Star Wars (il fait de la lumière bleue) puis je suis envoyée faire un tour dans le Domain, un grand parc juste au pied de l'hôpital. L'idée est que rester debout et marcher pousse le ballon contre le col de l'utérus et l'encourage à s'ouvrir. Je ne sens pas le ballon mais celui-ci est attaché à un grand tube scotché à ma jambe. C'est ultra seyant, heureusement que j'ai emporté un pantalon très large pour camoufler ça.
Schema du ballon "Foley" en place

Deux heures plus tard nous sommes de retour pour un CTG et le dîner. Christophe, en voyant le contenu de mon assiette, ressort la réplique des Inconnus "Oh zut, le patient a tout vomi dans son assiette! ah non pardon, il n'a pas commencé.". C'est une bouillie de poulet avec du choux cru, des bouts de patate douce et du riz. En dessert, il y a un yaourt allégé. Le riz est mangeable.

Comme il n'y a rien d'autre à faire, on se regarde un film sur mon PC puis on s'endort.

Lundi 8 janvier : le grand jour ?
Ce matin, après un petit déjeuner immonde (du porridge sans sucre et des toasts avec de la margarine) et un nouveau CTG, je suis renvoyée en balade dans le Domain. On va finir par bien le connaître ce parc. Ma perfusion me fait un mal de chien malgré toute la glace que j'ai mis sur mon poignet cette nuit. Je ne peux même pas m'attacher les cheveux, du coup Christophe prend un cours de coiffure en accéléré (et le résultat n'est pas trop mal!).
Toujours prévoir un pantalon large pour camoufler les tubes!

Nos pérégrinations nous mènent à Parnell, le quartier voisin. Lors d'une pause pipi bien méritée, panique à bord : je perds du sang. Nous appelons l'hôpital qui nous dit de rentrer pour vérifier tout ça. Nous voila de retour dans la chambre et il se trouve que tout va bien, c'est juste le col de l'utérus qui est un peu irrité par le ballon.

Le ballon, lui, a décidé qu'il en avait assez et une heure plus tard, le voilà qui tombe tout seul. C'est très bon signe nous dit la sage-femme : le col a commencé à se dilater. Aura-t-on un bébé avant ce soir ? Ca tomberait bien : Pauline et Kévin, des amis de France, atterrissent aujourd'hui à Auckland, le timing serait impeccable.

Malheureusement, nous nous heurtons alors à un problème logistique : pour passer à l'étape suivante (ouvrir la poche des eaux et déclencher les contractions), il nous faut une place libre en salle d'accouchement. Or, il semble que la moitié des femmes d'Auckland aient décidé d'accoucher en urgence aujourd'hui et nous piquent la priorité sur les salles. Les 24 heures sont maintenant écoulées et on attend... On nous dit donc d'aller faire un tour dans le Domain et qu'on nous appellera si une place se libère.

A 18h, toujours pas de place. Je demande donc si il m'est possible de sortir pour la soirée, retrouver nos amis pour dîner. La réponse est non : une place pourrait se libérer d'un instant à l'autre et ils ne veulent pas devoir me courir après à travers Auckland. C'est pas juste. Par rébellion, je refuse mon plateau repas d'hôpital et Christophe va nous chercher des burgers à Burger Fuel. Au moins un bon repas en 48h.

Mardi 9 janvier : le grand jour ??
Au final, toute la nuit est passée et personne n'est venu nous chercher pour accoucher. J'en ai ma claque et menace de rentrer chez moi. Après tout, les CTG du bébé sont impeccables, il est toujours bien actif, j'ai toujours mal à cette fichue perfusion, on n'a pas pu voir nos amis et la bouffe est infecte. Ca commence à bien faire!

Dans l'heure qui suit, un médecin et deux sage-femmes se relaient pour nous expliquer que ce n'est vraiment pas une bonne idée de partir. Bon ok, on reste mais scrogneugneu.

Un peu plus tard, voilà Pauline et Kévin qui viennent nous rendre visite. Au final, le décalage horaire les a tué la veille donc on n'aurait pas pu dîner ensemble. Pauline, infirmière à l'hôpital de La Ciotat, est impressionnée par celui d'Auckland: "Peuchère, c'est pas de l'hôpital de pédé ça! ". On devrait proposer ça comme nouveau slogan de l’hôpital.
Pas un hôpital de pédé selon les avis compétents

Une fois n'est pas coutume, nous partons tous faire un tour dans le Domain... et 30 minutes plus tard nos téléphones sonnent : "on a une place en salle d'accouchement, c'est votre tour!" ...oh bother ! Shit just got real!

De retour à l'hôpital, on nous dit de faire notre sac : on ne reviendra pas dans notre chambre avec vue. Puis nous nous dirigeons vers l'aile d'accouchement où j'ai de nouveau une immense chambre avec jacuzzi, ballon Suisse, salle de bain, et la vue sur la baie. On a presque envie d'accoucher plus souvent.

Bon c'est pas le tout mais il y a du boulot ! Première étape : percer la poche des eaux. Grace au passage ouvert par le ballon, la sage femme peut faire passer un petit crochet (l'amnihook) et déchirer la poche. Ca prend un peu de temps puisque, comme annoncé vendredi, il ne reste plus beaucoup de liquide amniotique, ce qui fait que la poche est plaquée contrer la tête du bébé. Ca ferait un peu tâche de lui égratigner le crane avant même qu'il ne soit né. Au final, la sage femme appelle une de ses collègues experte en amnihook et la poche est promptement ouverte. C'est assez surprenant comme sensation : c'est comme se faire pipi dessus, ce qui ne m'est pas arrivé depuis 25 ans.

Et une fois n'est pas coutume, je suis envoyée faire un tour dans les couloirs avec instruction de revenir toutes les 20 minutes pour vérifier si les contractions commencent d'elles-même.

Au bout d'une heure d'aller-retour, la machine n'affiche résolument que 10 tacos, va falloir passer à la vitesse supérieure : la perfusion de syntocine, une hormone artificielle, pour lancer les contractions. La sage-femme me rappelle qu'à tout moment je peux demander une péridurale mais qu'il vaut mieux ne pas attendre que la douleur soit insupportable au cas où l'anesthésiste serait occupé. Sans compter qu'il faut une vingtaine de minutes pour que la péridurale fasse effet.

Ca commence presque doucement, comme des crampes de règles classiques. C'est le moment de mettre en pratique la technique de la respiration "on inspire profondément pas le nez, on souffle par la bouche". Hummm Pfffff, Hmmm Pfffff... les crampes ne restent pas légères longtemps, ça commence à bien serrer. Christophe peut suivre les contractions sur la machine à tacos : wouuh ! 80 tacos, c'est un high score ! Enfin c'est pas si pire... jusqu'à ce que la sage-femme dise "c'est un bon début, on devrait pouvoir augmenter la dose de syntocine!". Noooon...
Exemple de CTG: en haut le rythme cardiaque du bébé, en bas les contractions.
La sage-femme me propose un paracétamol pour la douleur. Je crois que je vais plutôt choisir la péridurale. L'anesthésiste est occupée sur une césarienne mais à peine 20 minutes plus tard, la voilà qui apparaît dans la chambre avec son chariot. Elle est très pro et fait une liste express en 5 points des choses à savoir sur la péridurale, notamment les probabilités de perdre le contrôle de ses jambes pour quelques jours. "oui oui, c'est très bien, allez allez, la péridurale svp!".

Pour une péridurale, il faut rester complètement immobile, ce qui n'est pas évident avec les contractions toutes les minutes. Enfin le plus douloureux dans l'affaire, c'est l'anesthésie qui précède la pose de la péridurale en question. J'en pousse même un petit cri de douleur, ce qui fait peur à Christophe. "Ca va ? T'as encore pas crié pendant les contractions, ça doit être super douloureux la péridurale!" Ben non, c'est juste qu'on m'a dit de souffler pendant les contractions alors je souffle. Par contre on ne m'a pas dit de ne pas crier pendant la piqûre alors je crie. Christophe tente aussi d'observer l'anesthésiste poser la péridurale mais la vue de l'immense aiguille lui retourne le coeur et il revient plutôt me tenir la main.

Ensuite l'anesthésiste me demande de la guider en lui indiquant si je sens des picotements dans une jambes ou l'autre. Diable! Oui je sens des picotements : j'ai la jambe gauche qui fourmille comme si je m'étais mal assise pendant des heures. L'anesthésiste farfouille un peu et les picotements disparaissent. Il n'y a plus qu'à attendre que le produit fasse effet.

Une vingtaine de minutes passent et la douleurs n'a pas l'air d'avoir diminuée. L'anesthésiste décide donc d'essayer un produit différent. Pour le coup, ça marche vraiment bien... sauf sur un point de mon ventre à droite. Sur ce point-ci, chaque contraction fait l'effet d'un coup de couteau qui dure une bonne minute. La machine à tacos indique maintenant régulièrement un score de 100 à 120 tacos, ça ne rigole pas et moi non plus. La sage-femme retourne chercher l'anesthésiste.

Encore une minute de farfouillage et elle trouve pile le bon point. A partir de là, c'est le pied au sens propre comme au figuré : je ne sens plus les contractions ni mes jambes. La machine à tacos s'affole toute seule et moi je suis relax.

Le désavantage de la péridurale, c'est qu'on perd aussi le contrôle de sa vessie. La sage-femme commence donc à me poser un cathéter avant de s'arrêter : "je crois que vous êtes entièrement dilatée, le bébé arrive." Une médecin passe pour confirmer. "Ah bah du coup vous allez bientôt devoir pousser, allez hop, on coupe la péridurale!". Qu'est ce que c'est que cette arnaque ! Rendez-moi ma péridurale !

A ce moment arrive Linda, la sage-femme qui m'a suivie pendant 9 mois. Elle confirme qu'il faut que je puisse sentir mes muscles pour pousser donc je suis privée de péridurale. C'est un complot.

Une heure plus tard, les effets de la péridurale se sont suffisamment dissipés, on passe au "poussage". Linda donne les instructions : "à la prochaine contraction, poussez de toutes vos forces, comme pour un gros caca!". Ca déroute un peu mais au moins c'est clair. Par contre je lui conseille de changer de place parce que je ne réponds pas du résultat si elle se trouve en face de moi alors que je pousse aussi fort que possible ce qui semble être la plus grosse commission de ma vie.

Le bébé n'a pas que ça a faire de sa journée, moins d'une heure de poussée plus tard, la tête commence à apparaître. "Vous voulez un miroir pour voir ça?" me demande Linda. Ca ne va pas la tête! Qui peut bien avoir envie de voir ça?! Pas de miroir pour moi, merci. D'ailleurs je demande à Christophe de ne pas regarder non plus. Encore une poussée et la tête sort, une autre et c'est tout le corps qui suit. On dirait une sorte de grosse aubergine bleu-grise avec des tâches rouge et un peu de résidus de vernix blanchâtre. Une seconde plus tard, l'aubergine se met à hurler et on me la pose sur le ventre. Enfin après 9 mois d'attente, le 9 janvier à 18h35, la grande révélation : c'est une fille !
Une aubergine avec un chapeau... et moi.

A part la couleur, tout semble bien aller. Linda pose un petit clip sur le nombril de notre fille et tend une paire de sécateurs à Christophe pour qu'il coupe le cordon.

On me fait une piqûre pour que j’éjecte le placenta. Effectivement, il n'est pas bien gros et fait un peu la tête. Une semaine de plus aurait été beaucoup lui en demander. On nous demande pour la dixième fois si on veut récupérer le placenta mais comme ce n'est pas trop dans nos traditions, il part à l'incinérateur.

Les aventures ne sont pas finies. J'ai une légère déchirure au périnée qui nécessite quelques points de suture. Et là, c'est le drame : un des étriers de la table d'accouchement est bloqué, impossible de le sortir pour que je repose mes jambes pendant la suture. Qui est le seul dans la salle avec les mains libres : le nouveau papa ! Christophe est promptement recruté comme "porte-jambe" pour remplacer l'étrier. Ca prend un bon moment mais enfin, l'accouchement est officiellement terminé ! Nous avons une fille de 2,480kg et 47cm.

Pas de temps à perdre pour l'hôpital d'Auckland. Il y a encore la queue derrière moi pour que d'autres femmes accouchent. Christophe est envoyé chercher la voiture et le siège bébé pendant que je prends une douche rapide. Et enfin, enfin ! On me retire la perfusion, Hallelujah !

Une demi heure plus tard, nous sommes tous les 3 dehors, en route pour la maison de repos. La partie facile vient de terminer... mais ça c'est une autre histoire.

FIN.


mardi 2 janvier 2018

Petit journal d'une grossesse (part.6)

A la fin du dernier article, j'entrais tout juste dans mon troisième trimestre. Comme je n'ai pas du tout été assidue dans mon récit et que j'ai oublié une bonne partie de ce qu'il s'est passé depuis, on va résumer rapidement le début du troisième trimestre.

Pendant les semaines 27 et 28, nous avons retrouvé nos amis Caroline et Tom en Tasmanie pour une semaine de tourisme/babymoon. En théorie, les compagnies aériennes demandent une lettre de la sage-femme pour les femmes prenant l'avion après 28 semaines de grossesse. En pratique, personne ne s'est intéressé à ma grossesse. Le fait d'avoir un ventre particulièrement petit pour 28 semaines a probablement aidé. Nous avons fait de très belles balades, chassé l'echidna, visité un ancien bagne, un marché et un étrange musée. Le tout dans le luxe puisque j'ai usé de ma condition de femme enceinte pour échapper au camping et dormir dans un vrai lit.

La semaine 29, j'avais rendez-vous avec Linda mais comme elle n'était pas là, j'ai rencontré sa remplaçante : Helen. Helen est d'origine chinoise et ne parle pas très bien anglais. D'ailleurs elle ne parle pas beaucoup tout court. On fait juste les tests habituels (protéines dans les urines, pression sanguine, hauteur utérine et doppler). Une fois encore, on me demande si Christophe ou moi étions particulièrement petits à la naissance car ma hauteur utérine est toujours bien en-deça de la norme.
Helen me dit aussi qu'à partir de maintenant, il faut éviter de dormir sur le dos parce que le poids du bébé se retrouve à appuyer sur des nerfs et des artères importantes dans le dos. Ca ne laisse plus beaucoup de choix de positions.

Côté poussette-fantôme, j'ai enfin des "nouvelles". ShipMyTrade a officiellement abandonné les recherche et a commencé la procédure pour me rembourser le montant de la poussette et du transport. Au moins on est fixé, il n'y a plus qu'à en trouver une autre.

Semaine 31: poids d'une noix de coco
On a trouvé une autre poussette sur Trademe (leBonCoin local). Ce n'est pas le modèle de nos rêves mais le second sur la liste. Au moins elle est rouge: si c'est comme pour les voitures, elle ira vite!

Le prix est à peu près identique mais au moins elle se trouve à Auckland et le vendeur l'a même livrée lui-même. Le seul inconvénient c'est qu'il s'est mis à me raconter sa vie, en particulier comment sa compagne avait perdu la tête après l'accouchement, était parti de la maison en laissant le bébé puis porté plainte pour violences conjugales après s'être frappée elle-même... La fin de l'histoire c'est qu'elle a fini par laisser tomber sa plainte et qu'ils se sont remis ensemble "pour le bien de leur enfant". ok. ok. ok.

Au moins, la poussette est super, si ce n'est qu'elle rempli entièrement le coffre. Je ne sais pas où on va mettre le sac à langer, ni même la paddleboard.

Ce samedi, on assiste aussi à notre "antenatal class". Un cours de 6 heures où une formatrice nous explique à quoi s'attendre avant, pendant et après l'accouchement, tout en précisant que c'est une aventure différente pour chaque femme donc en fait on ne sait pas à quoi s'attendre.
La formatrice est une ancienne sage-femme qui a donné elle-même naissance à 7 bébés dont une paire de jumeaux, le tout chez elle. Elle nous raconte aussi que les jumeaux sont les derniers à être nés et que "ça a été trop pour mon mari alors il a décidé de partir". ok. ok. ok.

A part ça, en NZ, le discours sur l'accouchement est toujours du style "les femmes ont toujours mis au monde des bébés, on est faite pour ça, pas besoin d'aide médicale, la péridurale c'est pour les mauviettes, la douleur ça forge le caractère". Ca passe vaguement sous silence qu'un tiers des naissances finissait dans un cercueil pour la mère et/ou le bébé. Pas moyen que j'accouche chez moi : déjà j'ai de la moquette, faut pas salir, et je veux une péridurale comme les mauviettes.

Semaine 32 et 33 : poids d'un gros choux puis d'un ananas.
Depuis 3 semaines, j'ai une sorte de point douloureux sous l'omoplate droite. J'ai donc décidé d'aller voir un ostéo par moi-même, sans attendre les 4 mois du système publique et sans powerpoint. Au final ça n'a pas été beaucoup plus efficace que le powerpoint, encore un désagrément qui partira à l'accouchement (la liste commence à être longue).

Je revois aussi Linda, la sage-femme. Encore une fois la hauteur utérine est trop faible. On décide de laisser tomber la technique du mètre-ruban et de faire ça à la mode du 21è siècle : elle m'envoie passer une "échographie de croissance".

Côté nursery, on a enfin fini de poncer et peindre le lit à barreaux et la table à langer. On est assez fiers de nous mais je ne crois pas qu'on recommencera ces clowneries pour les (éventuels) prochains mouflets.
Avant

Après


Semaine 34 : poids d'un melon (un melon américain pèse 2.15kg d'après mon appli)
Cette semaine, on passe la fameuse échographie de croissance dans mon centre de radiologie. Et là, ça se corse un chouilla: non seulement le mètre-ruban avait raison (je présente toutes mes excuses auprès de la science du 20è siècle) mais en plus le bébé est toujours en siège. L'un ou l'autre séparément n'aurait pas été un soucis vu qu'il reste 6 semaines de gestation, mais les deux à la fois, c'est pas l'idéal.

Dans le doute, Linda renvoie mon dossier à l'hopital pour commencer le "SGA path" : la procédure pour les bébés trop petit. En fait, ça consiste juste à repasser une échographie mais cette fois-ci à l’hôpital, sur une machine à la résolution assez minable comparée à mon centre d'échographie habituel.

Semaine 35 : poids d'un melon vert (ou pas, vu qu'on n'est plus dans la moyenne)
Nous voila donc à l'hopital pour une nouvelle échographie de croissance. Le bébé n'a pas gagné 500g par magie et n'a pas non plus fait d'effort particulier pour se mettre la tête en bas. Le schmilblik n'a pas avancé mais au moins c'est une obstétricienne qui nous le dit alors c'est vachement plus sérieux n'est-ce pas.

Le premier problème à régler, c'est la position du bébé. On aura donc rendez-vous le lundi suivant pour une ECV (External Cephalic Version), une manipulation où un obstétricien agrippe le bébé à travers la peau de mon ventre et le fait tourner sur lui-même. "C'est super safe comme procédure, ça réussi 2/3 du temps. Bon par contre, il y a 3% de chance que ça déclenche l'accouchement le jour-même ou que le bébé soit si stressé qu'il faille recourir à une césarienne d'urgence". Cool, qu'est ce qu'on attend!

En attendant le lundi, je google furieusement cette histoire d'ECV. Naturellement, la moitié des sites est pour et l'autre moitié est contre. Une femme poste même qu'on devrait laisser faire la nature et qu'elle préfère encore que le bébé meurt en couche plutôt que le soumettre au traumatisme de l'ECV. Autant dire que je n'ai pas pris son avis en compte.

Enfin dans l'idéal, ce serait bien que bébé se retourne de lui-même dans la petite semaine qu'il me reste avant l'ECV. Tous les sites de médecine "alternative" suggèrent les mêmes solutions : se mettre la tête en bas aussi souvent et aussi longtemps que possible ainsi qu'une technique de médecine chinoise appelée Moxibustion. Pour ne pas mourir idiote, j'ai essayé les deux techniques.

Il se trouve qu'avoir la tête en bas n'est pas une expérience très agréable mais c'est faisable à petites doses. Le problème c'est qu'il en faut de grosses doses et je me vois mal faire l'autruche ou le poirier au milieu du bureau, en plus du matin et du soir.


Côté moxibustion, c'est une technique qui allie acupuncture et le réchauffement de points d'énergie dans le corps. En l’occurrence le point d'énergie encourageant le bébé à tourner se trouve dans le petit orteil droit. Je ne sais pas comment on a découvert ça mais il faut garder l'esprit ouvert.
Là encore, il fallait peut-être plus de séances ou avoir les chakras plus ouverts mais la moxibustion n'a pas fonctionné sur moi.
Moxibustion

Semaine 36: poids théorique d'une grappe de raisin (2.6kg d'après l'appli)
De bon matin (8h, arg!), nous voila de retour à l’hôpital pour l'ECV. Apparemment on ne fait pas une ECV par dessus la jambe, il faut d'abord passer une échographie pour vérifier les échanges sanguins entre le placenta et le bébé. Ca prend d'ordinaire 20 minutes mais, ce matin, bébé est d'humeur à faire de l'exercice et se tortille plutôt que se laisser mesurer. Au bout de 45 minutes, on a 3 mesures sur les 4 nécessaires et la technicienne laisse tomber. "Peut-être que ça suffira à l'obstétricienne" dit-elle.

Heureusement, les 3 mesures sont bonnes et satisfont l'obstétricienne. On passe à l'étape suivante : un électrocardiogramme du bébé pendant 1 heure ainsi qu'avaler des petites gélules pour relaxer l'utérus.
Je peux aller faire pipi ?

Une heure plus tard, l'obstétricienne vient me chercher. C'est manifestement quelqu'un de haut placé: pas de blouse ou chaussures orthopédiques pour elle mais une jolie robe et des petits talons. Elle traîne derrière elle un obstétricien italien qui a l'air en formation. A part cela, elle est plutôt  autoritaire mais rassurante et essaye de détourner mon attention en papotant pendant la procédure. Il faut dire que la manœuvre de version prend environ une minute mais c'est assez inconfortable. Un peu comme une massage thaï mais sur le ventre plutôt que les muscles.

Enfin, le tout prend donc plus de temps pour le dire que pour le faire et d'un coup habile, le bébé se retrouve la tête en bas. Christophe ose demander ce qu'il se passera si le bébé se remet en siège. "Ca n'arrivera pas" répond l'obstétricienne. Je retourne donc sur mon fauteuil pour 30 minutes d’électrocardiogramme. Lorsque les 30 minutes sont écoulées et que je n'ai pas l'air d'être sur le point d'accoucher, l’obstétricienne repart en faisant claquer ses escarpins, toujours suivie par son étudiant. J'ai probablement dû coûter une fortune à la sécu kiwie.
En attendant, il est 11h30 et il est temps d'aller au boulot.

Le vendredi, nouveau rendez-vous à l'hôpital pour une échographie de croissance. Cette fois, ce n'est pas aussi rapide que la première fois. On attend une éternité avant l'échographie, puis deux techniciens se succèdent pour faire les mesures en fronçant les sourcils mais sans rien nous dire, puis nous attendons une nouvelle éternité pour les résultats avant qu'on ne finisse par nous dire qu'on peut partir, toujours sans résultats. Au moins le bébé a toujours la tête en bas.

Semaine 37: longueur d'une feuille de blette, mais une petite feuille de blette.
Rendez-vous avez Helen, la remplaçante de Linda. Helen n'étant pas ma sage-femme principale, elle n'a rien reçu de mes résultats. On ne sait donc toujours rien sur rien. Par contre ma tension est un peu élevée "mais c'est peut-être mon appareil qui déconne" dit-elle. Eumh, c'est un peu important non?

En attendant, comme une tension élevée est un des signes précurseurs de la pré-eclampsie, une condition potentiellement mortelle pour la mère et le bébé,  Helen m'envoie faire un test sanguin pour en avoir le coeur net. Spoiler alert : je n'ai pas de pré-eclampsie.

Le soir-même, Helen m'envoie un texto pour m'annoncer que j'ai un nouveau rendez-vous à l'hopital le jour du réveillon pour une nouvelle échographie de croissance.

Le 31, nous revoilà à l'hopital qui est pratiquement désert. Au bout d'une heure d'attente, l'unique technicienne d'échographie nous demande ce qu'on fait là vu qu'elle n'a pas mon nom sur sa liste. D'ailleurs elle a fini sa journée donc elle s'en va.

Nous nous retrouvons dans un autre service où il s'avère qu'il y a eu confusion dans les rendez-vous mais que, comme la technicienne vient de partir, c'est trop tard pour l'échographie. Pour ne pas que j'aie perdu tout mon temps et $9 de parking, on m'accroche quand-même à un électrocardiogramme pour suivre les battements cardiaques du bébé. "On va regarder vos résultats de la semaine dernière et un médecin viendra vous voir".

40 minutes plus tard, un médecin vient nous dire que le bébé est toujours petit mais qu'il semble grossir régulièrement, c'est bon signe. Ils me redonnent un rendez-vous pour le 5 janvier, semaine 39. Avec un peu de chance quelqu'un sera là ce jour-là. A moins que ce ne soit le bébé qui soit déjà là...

lundi 6 novembre 2017

Petit journal d'une grossesse (part.5)

Dans l'épisode précédent, j'annonçais ma grossesse à mes patrons et mes collègues et je sortais enfin des nausées matinales. Continuons donc le récit.

Semaine 18 : taille d'un poivron (capsicum en néo-zélandais)
Cette semaine, c'est la double confirmation : les nausées sont bel et bien parties et j'ai bien senti le bébé bouger. C'est assez difficile à décrire parce que c'est une sensation complètement nouvelle. La surface de l'utérus ne doit pas avoir de récepteur nerveux, ce qui fait qu'on sent la peau bouger et se tendre, mais on ne sent pas le contact entre le bébé et l'utérus.

Le meilleur équivalent que j'ai pu trouver est le contact entre la langue et la joue. Si vous poussez la pointe de votre langue contre votre joue, vous aurez un peu la même sensation du côté de la joue : on ne sent pas le contact de la langue mais on sent la peau se tendre. Le ventre est comme la joue, il se tend au contact mais on ne sent pas le contact. PS : tâchez de ne pas faire ce test en public, les gens vous regarderaient bizarrement.

Pour l'instant, il n'y a encore que moi qui sens les mouvements. A vrai dire, Christophe pourrait les sentir aussi si le bébé ne décidait pas d'arrêter de taper pile au moment où Christophe place sa main sur mon ventre. Le timing est tellement parfait qu'on dirait qu'il le fait exprès, c'est assez rageant.

A la fin de la semaine, c'est le Baby Show à Auckland ! Qui eut cru que je me retrouverais un jour à payer pour passer mon samedi au milieu de piles de couches, biberons, poussettes et autres objets apparemment indispensables à un bébé... Dire que l'an dernier, à la même date, nous assistions au Motorcycle Show.
Pour être honnête, nous avons passé une excellente journée. Les présentations des divers intervenants étaient intéressantes et les stands offraient plus d'information qu'on ne pouvait en retenir.

Nous avons particulièrement aimé la présentation sur les couches lavables (les modernes, pas les carrés en tissus avec des épingles à nourrisse). L'intervenante, qui publie des tests de couches sous le nom de "Nappy Lady", passait en revue les différents modèles sans tourner autour du pot (sans jeux de mots). Au final, elle conseille surtout de ne pas stresser, d'acheter quelques échantillons de chaque type, d'essayer comme on peut et de ne pas se jeter d'un pont si les couches lavables ne marchent pas pour nous.
La Nappy Lady

Côté exposant, nous avons fait le tour de tous les stands de poussettes. A la fin de la journée, aucun système de pliage, aussi sophistiqué soit-il, ne pouvait nous résister. Christophe est particulièrement sous le charme des poussettes Oscar de chez Edwards and Co, une marque kiwie.
Avec ça on sera les rois du bac à sable.
Malheureusement, le stand Edwards and Co n'offre qu'un maigre rabais "spécial Show" de 10%. La poussette coûtant 800$ (475€), on se dit qu'on va prendre le temps d'y réfléchir.
En attendant, nous repartons de l'expo avec un baignoire pliable, des échantillons de couches jetables et lavable, 3 t-shirts de grossesse et un gros paquet de prospectus (notamment de poussettes).

Semaine 19 : poids d'une grenade (240g). Mon appli a arrêté de comparer la taille du fétus et donne maintenant le poids. Par contre on reste dans les fruits et légumes.

Cette semaine, rien de particulier sinon que j'ai des migraines absolument tous les jours.

A part ça, depuis l'expo du weekend, je suis devenue obsédée par les poussettes. Je passe mes soirées à regarder les sites de poussettes, comparer les spécifications, les prix et regarder les offres sur Trademe (LeBonCoin local). J'ai même créé un tableau pour résumer tout ça parce qu'au bout d'un moment je commençais à tourner en rond et oublier la moitié des informations.
Dans l'idéal, j'aimerais avoir le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière. Il me faut une poussette légère, dont le siège s'inverse, facile à plier, ne prenant pas de place, utilisable dès la naissance et, bien-sûr, pas chère. Comment ça impossible ? C'est scandaleux.

Au final, il semble bien que la Oscar de Edwards and Co satisfait tous les critères sauf le prix. Il n'y a plus qu'à la trouver d'occasion.

Semaine 21: poids d'un pamplemousse (360g)

Cette semaine: rendez-vous mensuel avec la sage-femme. Je lui parle de ma sciatique qui est le dernier désagrément lié à la grossesse qui me reste.

J'ai toujours fait de la sciatique mais depuis le début de la grossesse, c'est la fin des haricots. Ca ne me dérange pas trop pendant la journée mais la nuit, le moindre mouvement envoie des décharges électriques dans les jambes. Linda la sage-femme me réfère donc au kiné du système public dont les consultations sont gratuites. "Ils devraient vous contacter directement sous 2 semaines"... impec !

Semaine 23: poids d'une grosse mangue (500g)

Cette semaine, miracle, la poussette Oscar de nos rêves fait son apparition sur Trademe. Elle est dans un état impeccable et moins de la moitié du prix neuf. Seul bémol: elle est à Christchurch, dans l'île du sud. La NZ n'est pas si grande, ça ne devrait pas être bien difficile de se faire livrer la poussette par un transporteur.

Aussitôt dit, aussitôt fait, la poussette est achetée et une compagnie spécialisée dans le transport de babioles achetées sur Trademe est chargée de la récupérer et nous la livrer.

Côté kiné, toujours pas de nouvelles malgré plus de 2 semaines écoulées...jusqu'à ce qu'on reçoive deux lettres identiques de l’hôpital d'Auckland: "votre demande de rdv a bien été prise en compte. Nous ferons de notre mieux pour vous attribuer un rdv dans les 4 mois". Ca tombe bien parce que dans 4 mois, le bébé sera né donc dans tous les cas, mon problème sera réglé.

Semaine 24: poids d'un papaye (600g)
Le lundi, 3 jours après avoir reçu les 2 lettres, je reçois un texto sur mon portable "rappel: votre rdv kiné est demain à 9h à l'hopital de Greenlane". Ca c'est de l'efficacité !

Le lendemain, je me présente donc au rendez-vous avec le kiné. J'y apprends que du fait de la forte demande en rendez-vous, je ne rencontrerai pas de kiné à proprement parler mais j'assisterai à une présentation Powerpoint sur les maux de dos lié à la grossesse. Heureusement que j'ai posé une matinée de congés pour ça.

Au début, nous ne sommes que deux femmes enceintes pour la session powerpoint mais l'autre femme ayant fait un malaise au milieu de la présentation, il ne reste rapidement plus que moi et la kiné, ce qui se transforme finalement en consultation comme prévu. Le monde est bien fait (sauf pour cette pauvre dame).

Au final, il s'avère rapidement que ma sciatique n'est pas due à un nerf particulièrement coincé, c'est juste "normal pendant la grossesse, ça partira probablement après l'accouchement". Fantastique.

Semaine 25: poids d'un pomelo (660g)
Déjà 2 semaines que la poussettes est "en route" depuis Christchurch et toujours pas de nouvelles. Je contacte la compagnie de transport qui répond "bein, on l'a bien reçue au dépot de Christchurch mais depuis, on ne sait pas trop où elle est passée. On va lancer une opération de recherche mais ça peut prendre un peu de temps"... C'est connu, les poussettes ont tendance à se confondre avec les fraises des bois.

Jeudi, rendez-vous mensuel avec la sage-femme. Rien de particulier à déclarer si ce n'est que l'utérus semble un peu petit. A partir du 6ème mois, les sage-femmes mesurent avec un mètre ruban ce qui s'appelle la "hauteur utérine" : la hauteur entre le haut de l'utérus (près des côtes) et l'os pubien. En théorie, cette distance doit être égale au nombre de semaines d’aménorrhée. A 25 semaines, je devrais donc mesurer 25cm (+/- 2cm). Il se trouve que je ne mesure que 20cm, c'est un peu bas mais Linda n'est pas inquiète. Linda n'est jamais inquiète.
Je ne suis pas non plus vraiment inquiète: avec le nombre de coup que je me prends de la part de mon locataire, je suis sure qu'il a la patate.

Semaine 26: poids d'une aubergine (760g)
C'est la dernière semaine du second trimestre et malheureusement, mon calendrier semble ne pas avoir 2 semaines d'avance : les nausées sont revenues, exactement les mêmes qu'au premier trimestre.

Le troisième trimestre va-t-il être la répétition du premier ? Avec le bide en plus ? Quid de la Babymoon (Honeymoon mais avant l'arrivée d'un bébé) ? La suite dans le prochain épisode...

samedi 30 septembre 2017

Petit journal d'une grossesse (part.4)

Dans l'épisode précédent, nous avions rencontré notre sage-femme, fait une croix sur les restrictions alimentaires et annoncé la nouvelle à nos parents. C'est parti pour la suite des aventures !

Semaine 13 : taille d'une pêche
Aucune amélioration côté nausées et maux de tête. A quoi ressemblent donc les nausées "matinales" chez moi ? Je dirais un savant mélange entre un lendemain de gastro et une méga cuite.

Tout comme un lendemain de cuite, un bon mal de crane me serre le cerveau tous les matins et empire avec le bruit et les lumières fortes. Il devient difficile de rester concentrée sur une tâche, regarder son écran de PC ou écouter son collègue décrire avec animation une nouvelle manière de cataloguer des fils. Avec les maux de tête, il y a aussi la soif. Moi qui n'ai jamais beaucoup bu pendant la journée, je me retrouve à boire des litres d'eau tous les jours et j'ai toujours soif.

Du côté lendemain de gastro, on a cette sensation d'être vidée de son énergie, de ne plus jamais vouloir manger de sa vie et la peur de rendre son maigre petit-déjeuner à la seule vue de nourriture. Facebook devient mon ennemis avec son flux constant de photos et vidéos de nourriture. Même mon appli s'y met en me rappelant de bien manger mes quantités nécessaires de protéines et en affichant une énorme photo d'oeuf dur. Beuuuuh.

L'ironie du sort veut que les nausées empirent avec la faim. Au début, les nausées sont juste assez fortes pour nous couper l'appétit. Bien sûr, moins on mange plus la nausée augmente et le cercle vicieux continue. Bizarrement, une fois que je me force à manger la première fourchetée, je peux généralement tranquillement manger une demi-part avant d'être dégoutée de mon repas et laisser tomber.

J'ai aussi découvert que la nourriture "sèche" passait beaucoup mieux que les plats en sauce ou avec trop de saveur. Une viande et un légume neutre comme les patates ou les haricots marchent plutôt bien. Par contre les légumes un peu sucrés comme les champignons, les carottes ou les poireaux sont bannis de ma liste de course. Enfin, l'acidité semble aider : le choux-fleur ou brocoli à la crème ne passent plus alors qu'en salade avec de la vinaigrette, il n'y a aucun soucis.

Un point positif dans tout cela c'est que les nausées et maux de tête semblent simplement disparaître vers 15h. Le changement est assez incroyable et j'ai l'impression de revivre chaque fin d'après-midi. En général je tente tant bien que mal de rattraper mon inefficacité matinale dans les quelques heures qu'il me reste.

Semaine 14 : taille d'une nectarine. (Personnellement, je ne vois pas de différence de taille entre une pêche et une nectarine)

Première semaine du second trimestre !!! Mon appli et mes autres bouquins me jurent que tous mes tracas vont enfin finir cette semaine... ou pas.

Linda, ma sage-femme, m'a envoyé un texto vendredi : "Low risk screening results. Have a good weekend. Linda midwife". Ce message laconique donne le feu vert final à l'annonce de la grossesse. Il n'y a plus qu'à prendre mon courage à deux mains pour aller voir mes patrons.

La chose est plus facile à dire qu'à faire et pendant trois jours, je cherche un bon moment pour le leur annoncer. Nous travaillons tous dans le même bureau donc je peux être sure que dire le moindre "Can I talk to you for a moment ?" à mes patrons fera immédiatement jaser les reste de mes collègues. J'ai beau attendre tard le soir, certains de mes collègues ne débarrassent jamais le plancher. Au final, c'est par email que je demande un entretien à mes patrons.

J'ai deux patrons super sympas mais complétement différents: K et N. K s'occupe plutôt des questions techniques et a un style très direct (pour un kiwi) alors que N s'occupe des questions administratives et est moins ouvert et plus diplomatique. Lorsque je leur révèle la nouvelle, leur différence s'affiche nettement : K est tout simplement ravis pour moi et me félicite alors que N me demande si la chose était prévue et quels sont mes projets pour les mois à venir. Avant de partir, je leur demande de ne pas ébruiter la nouvelle car j'ai prévu de faire l'annonce moi-même.

Semaine 16 : taille d'un avocat
Beaucoup de choses se passent cette semaine.

Tout d'abord, mes nausées semblent avoir bien diminuées en intensité. Je vais jusqu'à avoir faim certains jours ! Au passage, je remarque un fait récurrent avec mon appli "Pregnancy" : je semble avoir 2 semaines de retard sur tous les symptômes annoncés. Au début, ça donnait "cette semaine vous risquez de voir apparaitre des nausées et maux de tête" et moi j'étais contente "haha, rien de tout ça, pfiou!"... avant que les nausées et maux de tête n'apparaissent 2 semaines plus tard. "Vous risquez d'avoir la peau sèche ou de l'acné".. "haha ! rien de tou... [2 semaines] oooh nooon!" (j'ai les deux : la peau sèche à en craquer et le dos couvert d'acné comme à l'adolescence).
Visiblement la règle s'applique pour la fin des nausées aussi : deux semaines en retard mais c'est sur la bonne voie.

Au boulot, je n'ai toujours pas fait l'annonce pour la bonne cause que mes collègues rentrent et partent sur différents sites et que je n'ai pas eu une seule journée avec toute la tribu. Ce jeudi, enfin, tout le monde est là. Dans notre boite, il est de coutume d'apporter un gâteau pour son anniversaire. C'est donc tout naturellement que mi-aout, mes collègues me voient apporter un gâteau et me souhaitent joyeusement un bon anniversaire. Il n'y en a qu'un seul qui fronce les sourcils parce qu'il se souvient que je suis née en avril, comme sa fille aînée.

Une fois que j'ai l'attention de tout le monde (ou du moins mon gateau à l'attention de tout le monde) je fais ma grande annonce "this is not a birthday cake, it's a pregnancy cake". Ils s'en fichent, un gateau c'est un gateau, mais ils sont contents pour moi. Visiblement, je suis la seule étonnée par ma grossesse, tous semblent dire (en engouffrant mon strawberry cheesecake) qu'ils s'y attendaient pour cette année.

Enfin, par une nuit calme, il me semble sentir quelque chose dans le bas de mon ventre. Quelque chose glisse contre ma peau avant de disparaître. Je me souviens avoir lu le journal d'une australienne qui avait confondu les mouvements du bébé avec des gas. La sensation ne revient pas, je dois être comme l'australienne.

Semaine 17 : taille d'une poire. Pour moi une poire est plus petite qu'un avocat mais bon, peut-être que les poires américaines sont énormes (ou les avocats tout petits).

 Cette semaine, les nausées ont définitivement disparues. Hourra !! Après 3 mois sans manger ou presque, voilà que j'ai faim. Très faim.

Au total, ma balance affiche 2kg de moins qu'au départ alors que depuis, j'ai fabriqué 2 litres de sang, 150g de foetus, un placenta, du liquide amniotique et une taille de poitrine (yay!). Le nouveau régime minceur des stars : tomber enceinte ! Bon par contre ça ne marche pas pour mon amie Leila qui, elle, est affamée depuis le début de sa grossesse.

La fatigue aussi a complètement disparue, j'ai l'impression de revivre, c'est fantastique. Etre enceinte n'est pas si mal quand on n'a plus l'impression d'être enceinte !

Et sur cette note positive, j'achève la quatrième partie de mon récit. Suite dans le prochain épisode !

mardi 19 septembre 2017

Petit journal d'une grossesse (part. 3)

Troisième épisode des aventures de ma grossesse. Dans l'épisode précédent, je racontais ma découverte des nausées "matinales", entre autres petits désagréments.

Dans les articles précédents, j'ai oublié de parler de ma nouvelle meilleure amie : une appli smartphone ingénieusement appelée "Pregnancy". A part un calendrier complètement absurde, elle contient un tas de petites informations et outils qui se mettent à jour toutes les semaines. Le plus important semble de savoir à quel fruit ou légume notre foetus ressemble d'une semaine à l'autre. J'ai décidé de partager son évolution végétale, en espérant obtenir quelque chose un minimum humain à la fin des 9 mois.

Semaine 8 : taille d'une framboise.
Par le plus grand hasard, il se trouve que la maman de Christophe nous rend visite juste à ce moment là. Tous les livres recommandent de garder la grossesse en secret pendant le premier trimestre (au cas où on ferait parti des 20% de fausse-couche) mais dans mon état, j'ai du mal à me comporter en belle-fille idéale. Nous décidons donc de la mettre au courant avant qu'elle ne s'imagine que je la déteste et que je m'endors à table exprès pour ne pas avoir à faire la conversation.Christine est bien évidemment ravie pour nous et nous bombarde de questions auxquelles nous n'avons pas de réponse : le sexe du bébé ? euuuh, on ne sait pas encore. Des idées de prénoms ? euuh, pas vraiment. Tu vas arrêter de travailler combien de temps ? euuh, on n'y a pas encore réfléchi... Bon visiblement, il va falloir qu'on travaille sur tout ça.

Semaine 9 : une cerise.
Mi-juin, alors que l'embryon vient officiellement de passer au stade de foetus, il est temps de rencontrer ma mystérieuse sage-femme. Rien n'oblige de choisir la première sage-femme que l'on rencontre mais vu les difficultés rencontrées pour obtenir des réponses à mes messages, il vaudrait mieux que la première soit la bonne.

C'est donc en un beau jeudi matin que nous rencontrons Linda. Ouf, c'est bien un être humain et elle a l'air tout à fait rationnelle. Pas d'accouchements fantaisistes dans les bois ou parmi les dauphins, nous dit-elle. Elle doit avoir la cinquantaine avec un air d'institutrice attentive, du genre à mettre un petit pansement sur votre bobo en disant "voila, c'est fini!" et vous renvoyer jouer dans la cours.

Nous remplissons tout un tas de formulaires d'inscription et discutons de tous mes petits tracas. Malheureusement il n'y a pas grand chose à faire pour les nausées ou les maux de tête, juste tâcher de ne pas se laisser mourir de faim. La priorité c'est de manger, me dit-elle, et si la seule chose que je veux/peux manger pendant une semaine ce sont des Chocapic, c'est toujours mieux que rien. J'aime cette philosophie, dommage que les Chocapic n'existent pas en NZ.

Avant de partir, Linda me donne un carnet de santé, une prescription pour l'échographie de la 12ème semaine et la liste des restrictions alimentaires pour la grossesse.

Parlons donc de cette fameuse liste de toutes les contradictions :
- Manger beaucoup de fruits et légumes mais il faut bien les laver.
- Faire le plein de fer et protéines avec de la viande rouge mais pas de viandes saignantes.
- Faire le plein de calcium mais sans manger de fromage à pâte molle ou de bleu.
- Faire le plein de protéines avec des oeufs mais seulement des oeufs durs.
- Faire le plein d'oméga 3 avec des poissons mais pas de sushis ni saumon fumé. Attention aussi au mercure sauf qu'aucun site internet n'arrive à s'accorder sur quelle espèce de poisson est concernée.
- Pas de houmous.
- Pas de viande froide ni de charcuterie.
- Pas de sandwich, quiche, tourte, salade composée... qui serait restés en rayon plus de quelques heures.
- Pas de préparation contenant des oeufs crus comme la mayonnaise, la crème anglais, la carbonara...

En résumé, tout ce qui pourrait me faire plaisir est maintenant interdit. Je peux manger du steak trop cuit avec un oeuf dur et une carotte désinfectée. 9 mois de misère en vue donc.

Semaine 10 : une olive verte
Ce soir-là et tout le weekend, nous suivons avec diligence la Liste de la Misère. Le lundi suivant, c'est une autre histoire qui commence. Danone, notre plus gros client, déménage une de ses lignes de production d'un bâtiment à un autre et c'est moi qui suis en charge de déplacer, recâbler et surveiller le démarrage de 3 de nos machines. Etrangement, à part pour la fatigue, être occupée à Danone me fait oublier mes maux tête et une bonne part de mes nausées. C'est toujours ça de gagné.

Là où les choses se gâtent c'est à l'heure du déjeuner, ou plutôt vers 15h, quand on a enfin le temps de prendre une pause. Notre fine équipe se pointe à la cafétéria à 10 minutes de la fermeture et il ne reste que 2 sandwichs. Outre le fait qu'ils ont probablement passé la demi-journée en rayon (arg!), ils contiennent du jambon (double arg!), des crudités (triple arg!) et de la mayonnaise (arg! final). Ainsi sonne le glas de mes bonnes résolutions alimentaires.

Semaine 12 : un citron vert
Début juillet, il est temps de passer l'échographie des 12 semaines, celle qui mesure le risque de trisomie 21 sur le foetus. Christophe n'est pas avec moi, il passe 2 semaines en France pour le boulot. Je demande à la réception du centre d'échographie si il est possible d'obtenir la vidéo de l'examen. On me répond que malheureusement, ils sont à court de clé USB. Tant pis. Dix minutes plus tard, la dame de la réception revient me voir "les magasins autour n'ouvrent qu'à 9h mais si vous laissez passer une autre dame avant vous, on aura le temps d'aller acheter une clé USB pour votre échographie". Je suis épatée.

Cette fois-ci, pas de vessie pleine et pas de tache grise informe. L'écran affiche l'image de foetus que tout le monde a vu dans les livres. Ce qu'on ne montre pas dans les livres c'est qu'on peut voir le foetus bouger et ça c'est tout simplement magique.

De profil avec une main devant le visage:

Et une minute plus tard, il nous tourne le dos:



En bonus, une vue en coupe des deux hémisphères du cerveau (vu du dessus), parce que c'est quand même chouette la technologie moderne :

Le foetus continue à faire des cabrioles pendant que la dame essaye tant bien que mal de mesurer la "nuchal translucency". Tous les foetus ont une poche de liquide à la base du crane mais les bébés atteint de trisomie y ont significativement plus de liquide. Mesurer l'épaisseur de la poche donne une bonne indication du risque de trisomie chez le bébé. Pour plus de fiabilité, les mesures sont recoupées avec les résultats d'une prise de sang. L'échographie est bonne mais il faut attendre 2 semaines pour avoir le résultat final.


Deux jours plus tard, Christophe passe le weekend chez mes parents, l'occasion de leur faire part de la nouvelle à leur tour ! On avait fait faire des tasse à thé avec des photos d'eux et la mention "World's Best Grandad/Grandma". Christophe les a emportés dans sa valise en France et leur a offert pendant que j'observais leurs réactions à travers Skype.
Une fois le choc passé, ceux qui connaissent ma mère ne seront pas surpris de savoir qu'elle s'est immédiatement plainte de n'avoir été mis au courant qu'après 12 semaines. Qu'est ce que ça serait si ce n'était pas la World's Best Grandma (ex-aequo avec la maman de Christophe bien sûr) !


Ainsi s'achève le premier trimestre. Suite des aventure du végétal dans le prochain épisode...

lundi 4 septembre 2017

Petit journal d'une grossesse (part.2)

Dans l'article précédent, je racontais comment je m'étais retrouvée enceinte de 5 semaines.

En réalité, l'embryon n'a que 3 semaines mais comme il est difficile d'évaluer la date exacte d'ovulation, les médecins se sont mis d'accord pour compter les semaines de grossesse à partir des dernières règles. C'est vrai que c'est plus difficile à rater. Du coup, on compte qu'une grossesse dure en moyenne 40 semaines. Bien sûr, c'est une moyenne à peu près aussi fiable que le coup du cycle menstruel de 28 jours.

Notez aussi que malgré qu'on vous a toujours parlé de grossesse en terme de mois, une fois enceinte, on vous parle de semaines. C'est vrai qu'il s'en passe des choses en une semaine, là, en bas. Mais pour les gens normaux, quand on vous répond qu'on est enceinte de 17 semaines, ça vous fait une belle jambe. Pour les curieux, 17 semaines ça fait pratiquement 4 mois.

Et pour couper ça en trimestre, le premier trimestre va de la semaine 0 à 13, puis le second de la semaine 14 à 27, et enfin le troisième de la semaine 28 à 40.. parfois jusqu'à 42 pour les malchanceuses.

Un autre détail qui me perturbe c'est qu'on compte à partir de 0. La première semaine, j'étais enceinte de 0 semaine. Ce qui me rassure c'est que je ne suis pas la seule à être perdue à cause de cela. Nous avons bien passé 30 minutes avec Christophe (le mari de Leslie, pas le mien) à comprendre pourquoi après 4 mois révolus, Leslie n'en était pas à plus de la moitié de son terme. Clairement, une fois le mois 4 fini c'est qu'on est au mois 5, donc qu'on a déjà passé le milieu 4,5. non ? non. Leslie, elle, nous regardait comme si on était des demeurés et elle avait probablement raison.

Bref, avec tout ça, il faut prendre rendez-vous chez le médecin pour lancer tout le tralala médical. En Nouvelle-Zélande, tous les soins liés à la grossesse des citoyennes et résidentes sont pris en charge par la Sécu. Cela couvre les prises de sang, les échographies (dans les centres agréés), le suivi par une sage-femme pendant la grossesse et jusqu'à 6 semaines après la naissance, l'accouchement à l’hôpital/maternité/chez soi, et 3 jours en centre de repos. On dirait presque un pack promo de vacances.

Ma médecin me prescrit de l'iode en complément alimentaire, un bilan sanguin et une échographie à passer la 7ème semaine pour déterminer l'âge exact de l'embryon. Elle me fournit aussi un fascicule sur les nausées et la constipation. Ca fait sûrement parti du pack promo.

En attendant mon échographie, je commence la recherche de ma sage-femme. Un site internet recense toutes les sage-femmes certifiées d'Auckland avec leurs coordonnées et leurs disponibilités sur chaque mois. Chacune a aussi un petit paragraphe de présentation, généralement débordant de platitudes telles que "Je pense que la grossesse est un moment merveilleux/magique/épanouissant (rayez la mention inutile) dans la vie d'une femme". C'est aussi original qu'un discours Miss France. L'un des cabinets de sage-femmes se trouve proche de chez nous, je leur envoie donc un email pour prendre rendez-vous.

Côté boulot, je vaque à mes occupations presque normalement  "Où est passé mon multimètre? - bigre, je suis enceinte!-  ah le voila. -bigre, je suis enceinte - 24V et pas de fumée, impeccable. -enceinte !".
Les soirs et weekends, je me plonge dans la dizaine d'encyclopédies de grossesse que Kris m'a prêtée le mois dernier, "au cas où". A ce stade, tous disent la même chose : "Félicitations pour cet heureux évènement, reposez-vous, essayez de ne pas penser au fait que 20% des grossesses finissent en fausse-couche dans les 3 premiers mois, relaxez-vous, 20% de fausse-couche, surtout détendez-vous, 20% on vous dit!!".

Le jour de l'échographie, on a rendez-vous au centre de radiologie à 9h du matin. La réceptionniste m'avait dit de boire au moins 750mL d'eau avant de venir pour que ma vessie soit pleine. Ce qu'elle ne savait pas c'est que ma vessie aurait été pleine avec un tiers de cette quantité. C'est donc prête à exploser que je patiente dans la salle d'attente. Quand enfin je ne tiens plus et me dirige vers les toilettes, j'entends mon nom être appelé par la dame de l'échographie. Crotte.

Visiblement, une échographie consiste juste à appuyer très fort sur la vessie des gens et afficher un nuage gris et noir sur un immense écran. Pendant que je me retiens d'inonder la salle d'examen, la dame m'annonce ravie qu'un y a bien un "yolk sack" et un embryon qui mesure 11 millimètres. Le yolk sac c'est le panier repas de l'embryon, en attendant que le placenta se développe. C'est cool mais moi je veux faire pipi.
Elle zoome sur une tache plus grise que le reste. La tache contient une autre tache grise qui semble bouger bizarrement. "Et ca c'est le coeur!" me dit la dame. Je m'en fiche, je veux faire pipi.
Enfin, elle imprime des capture d'écran de la tache et nous les tend. "Bon par contre la prochaine fois, faudrait pas boire autant avant, la vessie était un peu trop pleine". Technicien d'échographie devrait être classé comme un job à hauts risques.

Comme nous avons momentanément égaré la photo de l'échographie, j'en ai piqué une sur internet avec une jolie tache grise au milieu d'une tache noire. Ici l'embryon mesure 11.2mm.

Côté symptômes de grossesse, c'est pas la joie. Depuis le début de la 7ème semaine, les nausées et maux de tête sont mon pain de tous les jours. Je me souviens encore de Kris, qui n'avait subit aucun désagrément de toute sa grossesse, me disant quelque chose du genre "les nausées matinales, c'est dans la tête. Si t'as la bonne mentalité, t'as pas de raison d'être malade". Amie de femme enceinte nauséeuse devrait aussi être classé dans les jobs à hauts risques.

En parlant de nausées matinales, j'apprends rapidement que le matin s'arrête vers 15h environ. Ca doit être le décalage horaire. A côté des nausées, il y a la fatigue. Une fatigue telle qu'il me faut m'asseoir quand je me lave les dents et que je m'endors au milieu de mon dîner. On m'avait prévenue mais j'avais supposé que les récits étaient grandement exagérés ou que ces dames faisaient preuve d'un simple manque d'effort (ou de bonne mentalité).

Côté maux de tête, ils semblent surtout empirer au fur et à mesure que je ne reçois aucune réponse des sage-femmes que je contacte. Ni oui, ni non, rien. On pourrait penser qu'avec leur job, elles sauraient à quel point il est stressant de se retrouver malade sans savoir à quoi s'attendre ni ce qui est normal ou non.

Finalement, c'est une sage femme indépendante qui me répond le même jour que mon échographie. J'avais hésité à la contacter parce que son paragraphe de présentation ne contenait qu'une seule ligne à la place du pipeau habituel : "Je suis une sage-femme agrée et je fais les accouchements à l'hopital. Phone : 021.......". En deux texto, un rendez-vous est fixé pour mi-juin. Alléluia!

Suite des aventure dans le prochain épisode !

dimanche 13 août 2017

Petit journal d'une grossesse

Tout à commencé peu après notre retour en Nouvelle-Zélande, après nos noces. Je dis en plaisantant à mon mari tout neuf : "Maintenant qu'on est marié la prochaine étape c'est d'avoir des enfants".
Christophe répond tout à fait sérieusement "oui, j'ai pensé qu'on pourrait s'y mettre à la fin de l'été kiwi". Ah. Enfin je disais ça pour plaisanter hein, je ne suis pas sure d'être prête à franchir ce pas. "Non mais on n'est pas pressé, ça peut attendre l'automne" me rassure-t-il. 
C'est sûr que 2 semaines de plus devraient suffire pour que mon instinct maternel se réveille.

Au moins la situation n'est pas complètement désespérée : ces dernières années, je suis passée du stade "horreur, un bébé à 2km, fuyons!" à "tiens, celui-là n'est pas si moche". J'en ai même tenu un ou deux dans mes bras pendant au moins 2 minutes (avant qu'il ne se mette à pleurer).

En attendant "l'automne" austral, il y a au moins deux dates qui font barrage à toute tentative de conception : en février nous allons en Inde pour le mariage de nos amis. Je connais quelqu'un qui a visité l'Inde enceinte, ça ne s'est pas bien passé (hein maman!). Pas de bébé avant février.
Ensuite, mi-avril, je fête mes 30 ans. Hors de question de faire ça à la limonade, pas de bébé avant avril.
Je tente bien "En septembre Caro voudrait faire une rando de 6 jours à travers la Tasmanie, puis en novembre il y a la course du Tough Mudder, puis en févier d'après y a Ed Sheeran en concert..." mais visiblement je pousse le bouchon un peu trop loin.
Le plan est donc le suivant : on se met à "essayer" de concevoir après mon anniversaire. Tout le monde sait que ces choses là ne marchent jamais au premier essai, nooooooon...

Bon, il y a quand même un peu de planification à faire. Je sous contraception depuis 10ans, il faut quelques mois d'arrêt avant que le système se remette en route. Après avoir lu des forums sur l'arrêt de la pilule, je m'attends un peu aux 7 plaies d'Egypte (acné, sautes d'humeur, douleurs dignes du remake du massacre à la tronçonneuse dans mon ventre, etc) mais rien de tout cela n'arrive. 
Un nouveau petit tour sur internet me renseigne que je suis probablement stérile, ou alors c'est un cancer de la prostate. Bref, je commence à me renseigner sur les procédures d'adoption au cas où.

Heureusement je ne suis pas la première à passer par là. Je peux compter sur l'aide et les conseils de mes amies et jeunes mamans Kris, Lisa et Leslie. Grace à elles, j'entends parler pour la première fois d'acide folique. Visiblement c'est de la vitamine B9 à prendre entre 1 et 3 mois avant la conception. J'en parle à ma médecin qui est plus que ravie de m'en prescrire. En accord avec notre programme, je commence à en prendre 1 mois avant le fatidique cap des 30 ans. 

Comme mon anniversaire approche, je me renseigne sur certains aspects pratiques de la chose. Je sais comment on fait des bébés, on se fait un bisou sur la bouche puis la femme avale un pépin de pastèque, pouf ça fait un bébé. Mais moi je voudrais particulièrement une fille plutôt qu'un garçon.

Je deviens donc une experte sur comment concevoir une fille :
- Il faut manger des noix, des épinards, du tofu et des flocons d'avoine. Va pour les épinards.
- Il faut éviter le saumon fumé, les patates et les pâtisseries. On est mal barré.
- Il y a un calendrier chinois (c'est toujours un "truc chinois", j'imagine que le calendrier berrichon inspirerait moins confiance) qui calcule le sexe du bébé à partir de ma date de naissance et du mois de conception. Suffit de bien viser.
- Il faut faire l'amour  tous les jours du début du cycle. Bein voyons.
- Il vaut mieux ne pas avoir d'orgasme pendant la conception. Bein voyooooons. 
Bref, on aura un garçon, c'est bien aussi. Au moins il sera bien payé.

[Ellipse temporelle d'environ 2 mois]
Mon anniversaire est passé, je prends assidûment mes cachets d'acide folique et guette le moindre signe de grossesse, tout en restant dans le déni. Ma poitrine est plus douloureuse que d'habitude... bof ça ne veut sûrement rien dire. J'ai des difficultés de digestion (pour vous épargner les détails)... non ça doit être la nourriture. Clairement, si j'étais enceinte j'en aurais l'intuition, non ? Je pose la question à Kris qui me répond "non".

Au détour d'un dîner chez nos amis Christophe et Leslie, je leur raconte qu'on en est à 3 jours de retard sur mon cycle mais que je ne me fais pas encore trop d'idée étant donné la variabilité de dame Nature. Leslie me regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes. "Trois jours et t'as pas fait de test ??? Nous, quand on essayait, je faisais des tests 2 jours avant la date de début de cycle!". Hum, pourquoi pas (même si c'est sûr que ça n'a pas marché du premier coup).

C'est donc le lendemain matin que j'ouvre le premier paquet de tests de grossesse que Leslie m'a donné. Pas besoin de faire durer le suspens plus longtemps: à peine la bandelette est-elle plongée dans la soucoupe que les deux bandes bleues s'affichent. "Pregnant" dit la notice. Je le montre à Christophe en disant "ce truc doit être cassé." 
En bonne scientifique, je décide d'en faire un deuxième... qui vire positif tout aussi rapidement. "Ca doit être un faux positif dû à ce qu'on a mangé hier chez Christophe et Leslie. Le surimi peut-être?".

Leslie m'a donné un autre type de test de grossesse, celui qu'on voit dans les films, avec un batonnet en plastique et tout. C'est pas de la camelote. Malheureusement il faut faire le test avec les premières urines du matin et l'occasion est déjà passée pour aujourd'hui.

Lundi matin, troisième test, un énorme "plus" bleu s'affiche en moins de 3 secondes. Positif. "Il est peut-être cass.." Christophe ne me laisse pas finir ma phrase et se lance dans une danse de la victoire complètement ridicule, se félicite les organes génitaux et manque tout juste de sortir les montrer aux passants. Ca en fait au moins un de content. Moi, je contemple 9 mois sans sushi, steak saignant ni mojito.

Lundi 15 mai, d'après le système de datation complètement absurde de obstétriciens, me voila enceinte de 5 semaines.

[A suivre]