Dimanche 21 aout
Depuis mercredi, la tempête glaciale de la semaine dernière a fait place à un soleil radieux. Nous avons donc décidé de lever nos fesses du canapé et de partir faire la randonnée que nous remettions à plus tard depuis bien trop longtemps. La destination du jour est Whatipu (prononcez « Fatipou », d’où le jeu de mots désopilant avec « fatigant »).
Malgré toute notre bonne volonté pour nous lever de bonne heure, le froid matinal nous pousse à rester sous la double-couette une bonne demi-heure supplémentaire, Whatipu ne partira pas sans nous. La veille, j’ai regardé l’itinéraire, All Hail Google Maps ! , et le fameux site compte une heure de trajet pour parcourir 37 km. « C’est beaucoup », me dis-je, « mais peut-être que pour une fois, Google a pris en compte l’état pourri des routes kiwis et multipliéle temps de trajet par 3 ».
Erf, mon optimisme me perdra. Une heure plus tard, nous étions toujours sur les lacets infernaux néozélandais et nous rattrapions justement un 4x4 tirant un bateau plus large que la route.
« Au moins on peut s’estimer heureux, la route est goudronnée ».
Que n’avais-je encore pas dit ! Deux minutes et un ruisseau franchi à gué plus tard, la route se transformait en infâme piste pleine de cailloux et à peine plus large que notre super Legacy. « Quelle galère, quelle galère, mais quelle galère » psalmodiais-je tout en essayant de contrôler la voiture dans la tortueuse descente.
Enfin, une heure et demie de route après notre départ de Sandringham, nous sommes à Whatipu qui consiste en deux paillotes, un toilette public, un parking et un panneau de signalisation en cas de raz-de-marée, le tout entre deux chaines de collines.
Le chemin de randonnée choisi s’appelle « Omanawanui Track » (ça se prononce comme ça s’écrit : t-r-a-c-k). D’après le DOC, le département of conservation, c’est une balade qui permet de suivre la falaise et qui promet d’être magnifique. C’est parti !
Nous nous engageons donc sur un chemin qui nous ramène deux minutes plus tard sur la route que nous venons de descendre à grande peine. « Etrange » nous disons-nous, « le chemin reprend surement un peu plus haut ». Au bout d’un pénible quart d’heure de montée par la route, un 4x4 du DOC nous double. Je lui fais des grands signes et lui demande si nous sommes bien sur le chemin du Omana-etc Track. Le garde nous regarde avec un grand sourire « vous avez monté tout ça à pied ? Vous avez laissé la voiture en bas ? Le chemin commence plus haut, je peux vous déposer». Nous, fiers randonneurs, refusons poliment son offre après lui avoir demandé si c’était encore loin. « No no, not very far » répond-t-il et repart.
“Not very far”, mon derrière c’est du poulet ! Enfin, après une demi-heure de montée en plein soleil sur la route, nous arrivons à l’arrivée de la randonnée. En fait, nous avons fait la randonnée à l’envers : il était prévu que les randonneurs partent du parking, fassent la randonnée en passant par un chemin que nous n’avons pas trouvé, et redescendent par la route à la fin.
« Tant mieux, me dis-je, puisqu’on a fait la montée par la route, il nous reste à faire la descente par le chemin, ça va être pépère ». Premièrement, c’était sans compter sur mon genou qui ne me fait mal qu’en descente, et deuxièmement, le chemin n’allait absolument pas être qu’en descente.
Comme toujours, je me plains beaucoup mais le panorama valait mille fois la peine des horribles montées et descentes de la balade. Après la première montée, nous nous retrouvons au sommet de la plus haute colline des environs. Nous pouvons voir le paysage à 360°. A notre gauche, la falaise tombe directement dans un bras de la mer de Tasman tandis qu’à notre droite, on voit les collines de la vallée de Whatipu et loin devant, la vallée rejoint la mer à la plage de sable noir. Avec tout ça, il est midi et nous décidons de profiter de notre promontoire pour pique-niquer avec une vue de roi.
Ne pas tomber svp. |
Yearrh ! |
Au loin, la plage de Whatipu |
Une fois repus, nous repartons pour la descente de notre colline puis l’ascension de la suivante. Et là, c’est le drame : mon genou a dû se refroidir pendant que nous mangions et la douleur dans la descente est insoutenable. Comme ce n’est pas le genre d’endroit où on peut juste s’assoir et bouder, il faut bien faire avec et je claudique tant bien que mal. Je suis presque soulagée de voir le chemin remonter vers la deuxième colline. Il y a même un passage d’escalade où un épais cordage a été fixé à la paroi pour aider les randonneurs.
Ca grimpe dur ! |
La vue depuis le haut de la deuxième colline n’est pas décevante. En plus, on peut voir la colline dont on vient et on se sent fier d’être de tels sportifs, même si je suis crevée. Bon, on ne doit plus être très loin de l’arrivée, il n’y a plus qu’à descendre jusqu’au parking. Hélas, trois fois hélas ! La randonnée n’est pas finie, je ne vais pas encore pouvoir retrouver mon canapé et mon chocolat à la noix de coco. Il reste une colline à franchir.
On vient de tout là-haut ! |
Du haut de la troisième et dernière colline, on voit le chenal à notre gauche rejoindre la mer au bout de notre chaine de colline, ainsi que toute la plage de Whatipu. Un banc a judicieusement été installé et nous prenons une pause bien méritée.
Les deux collines déjà franchies |
Enfin, nous repartons pour la dernière et infernale descente vers le parking. Arrivée en bas, je ne peux pratiquement plus faire un pas mais ce serait dommage de repartir sans être allé voir la plage. Nous franchissons donc les quelques dunes de sable noir qui nous séparent de la plage, au même rythme qu’un couple de petits vieux devant nous. Sur la plage, le sable n’est pas entièrement noir, il y a des étendues plutôt bleu foncé et donc la surface est « craquante », c'est marrant, on dirait de la crème brulée.
Le rocher interdit |
Au bout d’un moment, le vent se rafraichi, le temps d’aller jusqu’au gros rocher, sensé être interdit d’accès mais sur lequel tout le monde marche et grimpe, et nous rentrons à la voiture. Le retour par la piste est encore plus pénible que la descente à l’aller mais nous finissons par rentrer sain et sauf sur notre canapé.
La rando en résumé |
Bien que magnifique, Whatipu ne fera surement pas parti de l’itinéraire que nous concoctons pour nos visiteurs. Karekare était bien plus beau et un poil plus facile d’accès. Pour notre prochaine randonnée, nous essayerons d’aller visiter l’est d’Auckland.