dimanche 24 juillet 2016

La robe !

Du 17 octobre 2015 au 10 juin 2016

Comme de nombreuses personnes le savent, j'ai décidé de coudre ma robe de mariée moi-même. Il paraît que ça porte malheur. Moi je dis que ça porte surtout sur les nerfs.
Outre le fait que la robe pour laquelle j'avais eu un coup de foudre coûtait $3200, j'avais aussi envie de me lancer un défi. Par contre, j'avais grandement sous-estimé la complexité du défi en question.
Et comme il est hors de question que je sois la seule à avoir souffert dans cette épreuve, j'ai décidé de vous en faire subir le récit de A à Z.

Tout d'abord, il parait qu'il est d'usage de commencer par montrer le produit fini:

Tout d'abord, il me fallait un mannequin. Un rapide tour dans mon magasin de couture préféré m'apprend que ce genre de chose coûte cher et ceux d'entrée de gamme sont de qualité douteuse. Puisque je suis partie à tout faire moi-même, je dégote un tutoriel sur Youtube expliquant comment faire un mannequin exactement à sa taille pour le prix d'un vieux t-shirt, 2 rouleaux de scotch et environ 2 heures de travail pour Christophe.



Voila le travail ! Bon il s’avère que j'avais un peu rentré le ventre lors de mon enrobage donc le mannequin est un poil plus mince que le modèle. Le problème a été vite réglé par quelques tour de scotch supplémentaires.





C'est parti pour la robe elle-même. Le modèle est assez simple en théorie. La robe est en deux morceaux : une sous-robe en soie à bretelles et dos-nu, recouverte d'une sur-robe en dentelle à col bateau (et en théorie des mini-manches). Bref, pas de jupons, de montagne de voile ou de corset, tranquille-Emile.

Je commence par la réalisation de la sous-robe en soie. J'ai trouvé un patron de couture pour une sorte de nuisette à bretelle dont je vais m'inspirer pour le haut et que je vais joindre à un ancien de patron de robe de bal pour le bas.

Aussitôt dit, aussitôt fait, abracadabra... on obtient une sorte de taie d'oreiller moche, pas du tout à ma taille !
18 octobre
Peut-être qu'en rajoutant plein d'épingle, ça ressemblera moins à un sac de patate... 
24 octobre
Remarquez que mon premier modèle est cousu dans une sorte de papier pour patron. C'est pratique pour tracer et mesurer mais pas vraiment réaliste pour le tombé de la future soie.
Alors on fait des ajustements et surtout, on recommence avec du vrai tissu, un coton à bas prix.
8 novembre
Lorsque je suis à peu près contente de mon modèle en coton : c'est parti pour tout refaire en soie !
J'ai acheté 8 mètres de soie que j'ai lavé à la main, fait séché tant bien que mal dans un pays où il fait 90% d'humidité, puis repassé. Repasser 8 mètres, c'est looong.

Le seul endroit suffisamment grand pour étaler mon modèle sur la soie, c'est l'entrée de l'appartement.
16 janvier

Vous remarquerez un petit saut dans le temps. Nous sommes partis 2 semaines en road trip en moto pour Noel. A ce moment là, j'estimais que j'avais déjà bien travaillé et que le plus gros était derrière moi donc je méritais bien quelques semaines de repos.

Première couche en soie. Il y a de l'idée...(ne pas faire attention au bazar dans la chambre)
17 janvier
Il va me falloir des bretelles ajustables. Visiblement, trouver d'anneaux et crochets pour faire des bretelles ajustables pourrait être le 13ème travail d'Hercule, c'est juste impossible. Justement, un de mes soutien-gorge est sur sa fin. Il sera sacrifié sur l'autel de ma robe de mariée. Merci petit soutien-gorge.
4 février
5 février
Je fais 2 exemplaires de ma "première couche" : un pour l'extérieur et un pour la doublure. Et au milieu sont cousues les bretelles ajustables ! Ici : les deux couches en soie dont l'une a déjà les bretelles.

5 février
Après un rapide essayage, un problème pointe son nez. En effet, la robe est suffisamment opaque pour pouvoir être portée sans soutien-gorge (à cause du dos-nu) mais pas assez rigide pour ne pas qu'autre chose que les problèmes ne pointent. Comme dirait une amie, on dirait que j'essaye de faire passer des raisins secs en contrebande ("You look like a raisin smuggler").
La solution est simple : coudre des coques pour maillot de bain dans la doublure.
6 février
Bon, c'est pas mal !
6 février
6 février
Il faut encore ajuster le dos. Mais au détour d'un malheureux coup de ciseaux, c'est le drame ! Je viens de couper une des bretelles qui était cachée derrière et que je n'avais pas vue.
9 février
Ce n'est pas vraiment réparable. C'est reparti pour refaire une bretelle, découdre la première et mettre la nouvelle en place. Quelques heures de travail en plus dont j'aurais pu me passer.

Ensuite il s'agit d'ajuster le dos-nu. Coudre des courbes serrées est une vraie galère si on ne veut pas que le tissu fasse des plis moches. Puis il faut que ça soit symétrique.
  
10 février

Le 10 février, la sous-robe est déclarée prête ! Il restera les "petites" finitions comme l'ourlet à faire lorsque la sur-robe sera finie aussi.


C'est maintenant parti pour la sur-robe. C'est une nouvelle robe entièrement donc il faut tout recommencer depuis le niveau du patron. Cette fois je garde le même modèle pour le bas pour que les deux robes aient la même traîne mais je trouve un patron de robe dont le haut ressemble à ce que je veux. Il faudra juste remonter l'encolure pour obtenir un col bateau. Notez que le patron n'a pas de manches de prévues. Ca aura son importance plus bas.
14 février
Pour  ne pas changer les bonnes habitudes, on obtient une nouvelle taie d'oreiller mais avec des bretelles larges cette fois.
16 février
Une semaine plus tard et au moins 3 essais et autant d'échecs, le devant ne ressemble plus tant à une taie d'oreiller mais il reste du travail dans le dos. Ca baille, c'est hideux. Christophe m'est d'une aide précieuse pour piquer des aiguilles un peu partout et rattraper le massacre.
21 février

28 février
Maintenant commence le combat qui restera dans les mémoires comme "La guerre de la Manche". Rien à voir avec les anglais cette fois. Il s'agit juste d'essayer, coup après coup, de faire des manches qui ressemblent au modèle de mes rêves. C'est à peu près à cette époque que je commence à envisager de commander une robe toute faite dans un magasin et jeter celle-ci au feu. Malheureusement, il est bien trop tard pour commander une robe du commerce alors il faut finir celle-ci ou se marier en short.
19 mars : raté
raté
raté
20 mars : pfiou, c'est mieux !
Enfin satisfaite d'avoir trouvé la manche parfaite, je pense à essayer notre chorégraphie de danse de mariage avec ma robe. Et bien sûr, ça ne marche pas. La manche est très jolie sur le mannequin mais impossible de lever les bras. Bon bon, on n'y pense pas trop et on improvisera plus tard.

Le 25 mars, trois mois avant mon vol, je suis contente de mon modèle de sur-robe en coton... c'est reparti pour le refaire en organza. L'organza est un tissu synthétique transparent. Comme je vais vite le découvrir, c'est un enfer à découper et surtout, les coutures se défont toutes seules.
3 avril
La solution pour arrêter les coutures ? Passer chaque couture à la flamme. La chaleur fait fondre les fils synthétiques sur eux-même et les empêche de se défaire. Je vous laisse imaginer la tension lorsqu'on passe chaque centimètre de couture à la flamme d'une bougie en espérant qu'elle ne prendra pas feu.
17 avril, mon anniversaire !


La robe en organza sert de support à la dentelle puisque les trous rendent la couture de la dentelle seule presque impossible. De plus, la dentelle est très lourde et son poids tirerait et déformerait les motifs. Il s'agit maintenant d'attacher la dentelle au support d'organza en cousant à travers chaque petits ronds du motif. Il faut aussi couper les surplus sur les côtés et joindre les bords en les camouflant.
Je commence par le haut en posant un bloc de dentelle comme un poncho pour ne pas avoir de coutures aux épaules.
23 avril

25 avril

Puis on continue avec le bas du devant, puis chaque côté derrière.
30 avril
1er mai, pas de jour férié
5 mai
5 mai
13 mai
Au détour d'un essayage, c'est le drame: une des coutures a lâché malgré le passage à la bougie.  A un mois du départ, plus le temps de faire dans la dentelle (huhu). Je couds juste grossièrement tout autour de l'ouverture. Mon nouveau mot d'ordre : "ça ne se verra pas sous la dentelle".
28 mai
Enfin, 2 semaines avant mon vol pour la France, il ne reste qu'à mettre la sous-robe dans la sur-robe pour ajuster la traîne, puis rajouter une bordure autour du bas de la robe et des manches pour faire plus net.
10 juin



Qu'est ce que je vais bien pouvoir faire pendant ces 2 semaines : je vais me coudre une robe pour le mariage de mon amie qui se marie 6 jours après moi !