Vendredi 21 octobre
Lundi c’est la fête du travail australienne et néozélandaise
donc nous avons un magnifique weekend de trois jours qui s’étend devant nous.
En fait, on ne sait pas si c’est vraiment lundi puisqu’ici, les jours fériés
qui tombent le weekend sont reportés à la semaine. Du coup, le 1er
mai peut bien être un dimanche, ici, on s’en tape de kiwi.
Au boulot, les patrons ont eu le malheur de quitter la boite
vers 15h. A 15h30, heure de la « siesta », Rolla débarque avec un
énorme spongecake (un gâteau pas mauvais) et un pack de 30 Speiths, la bière
locale. « One for the road » comme disent mes collègues. Nous passons
donc une petite heure à siroter une bière au soleil en jouant aux fléchettes.
Au passage, je constate que mon collègue iranien que les autres appellent
« terrorist », n’est pas si terroriste que ça au vu du nombre de
bières qu’il descend.
Pour ce weekend de début de printemps et malgré la finale de
la RWC11, nous avons décidé de quitter Auckland et aller visiter la péninsule
de Coromandel, à l’est d’Auckland. Nous sommes beaux, grands, forts, motivés,
demain, nous partons à 9 heures tapantes !
Samedi 22 octobre
C’est ainsi que le samedi matin, nous partons vers 10h. Nous
avions prévu de faire de tour de la péninsule dans le sens des aiguilles d’une
montre en faisant moult randonnées et visites de musées mais le patron de
Christophe lui a concocté tout un itinéraire à suivre. Comme on n’est jamais
mieux conseillé que par les locaux (particulièrement en Croatie), nous décidons
de suivre ses conseils et nous mettons le cap vers Whangamata.
Contrairement à ce que je craignais, la route n’est pas très
chargée et nous arrivons à Whangamata en un peu moins de 2 heures de routes. La
ville et sa plage ne cassent pas 3 pattes à un canard, le ciel est couvert et
il ne fait pas très chaud. Nous passons rapidement à l’office de tourisme pour
chercher une balade à faire dans le coin. Nous optons pour une randonnée qui
devrait nous amener voir une cascade dans la forêt.
Comme d’habitude, en dehors des grands axes,
la route n’est pas goudronnée bien longtemps et il nous faut même traverser un
cours d’eau à gué. Finalement, nous arrivons au départ de la balade.
La balade en question est épuisante mais longe un joli cours
d’eau et serpente dans la forêt. Au bout d’une heure de montée, hors d’haleine,
je fais une pause pour récupérer en boire un coup. « Elle est horrible
cette rando, elle est encore loin la cascade ? ». La cascade était
derrière le tournant suivant.
La cascade est assez impressionnante, elle se compose en
fait de deux cascades l’une sur l’autre, avec un petit bassin entre les deux.
Le résultat est une chute d’eau d’environ 30 mètres. Nous en profitions pour
déjeuner de croque-monsieurs et de tomates cerise, c’est bon le luxe.
Le temps de rentrer à la voiture, il est déjà 15h. Nous
reprenons la route vers le nord pour aller voir la fameuse plage d’Opoutere
dont tous les guides parlent. Opoutere n’est guère plus qu’un hameau avec un
camping mais sa plage est à couper le souffle. Pour y accéder, il faut marcher
une dizaine de minutes dans la pinède, on se croirait dans les Landes. Le
soleil commence à sortir des nuages, on a rapidement chaud sur la plage.
Christophe entreprend de ramasser tous coquillages qu’il trouve joli et de me
les offrir. Chouette.
Après s’être baladé le long de la plage, nous rentrons à la
voiture et nous continuons vers le nord pour rejoindre Whitianga, où nous
espérons trouver un logement pour la nuit. Le guide parle d’un Holiday Park
avec spa, je suis accro au spa ! Il y a bien de la place mais c’est 65$ la
nuit, plus 5$ pour les draps et encore 5$ par personne et par demi-heure pour le
spa. Au diable l’avarice, nous nous payons tout ça.
Huuuum que c’est bon le
spa ! Toutes mes tensions de la route fondent en même temps que moi dans
le bain. J’avais commencé à râler (ah vraiment ?) en voyant qu’on n’aurait
qu’une demi-heure de trempette mais au bout de 10 minutes, on commençait déjà à
cuire. Il nous a fallu toute notre volonté pour rester dans le bain pendant 30
minutes.
Avec tout ça, il est l’heure de se faire à manger. Or, dans
la cuisine du camping, impossible de trouver une casserole ou un quelconque
récipient pour faire cuire nos spaghettis. « On va au resto ? »
Le guide parle d’un très bon restaurant indien : le
Sangam. Je choisis le fameux Butter Chicken, plat indien que tous les kiwis
mangent, et Christophe prend un Fish Massala. Ensuite il nous faut choisir le
degré de piment : mild, medium, kiwi spicy ou indian spicy. Le
« indian spicy » a l’air effrayant. J’opte prudemment pour le mild et
Christophe pour le medium. On rajoute à cela un nam aïl-fromage et un
accompagnement qui ressemble à du tzatziki. S’en suit une loooongue attente. Le
serveur nous explique que le Fish Massala va encore prendre une dizaine de
minute pour être prêt est nous offre des petites galettes craquantes pour
patienter.
Lorsqu’enfin nous sommes servis, nous oublions immédiatement
toute velléité et nous fondons de plaisir. C’est absolument délicieux ! Malgré
la faim et la saveur des plats, j’ai bien du mal à finir ma portion et je n’ai
même pas touché au nam. Heureusement, je peux toujours compter sur Christophe
pour ne pas laisser de restes, que ce soit dans son assiette ou dans la mienne.
En y repensant, j’aurais pu demander un « doggy-bag », ça se fait
beaucoup ici.
Alors que nous nous trainons difficilement sur le chemin du
retour, nous croisons un énergumène passablement alcoolisé qui nous voit et
s’écrit « GO FRAAAANCE !!». Comment cet homme a-t-il su qu’on était français ?
Dimanche 23 octobre
Aujourd’hui, nous avons prévu d’aller voir Hot Water Beach.
C’est une plage sous laquelle coule une source chaude. Il suffit donc de
s’armer d’une pelle et, dès que la marée est assez basse, creuser un trou qui
se remplit d’eau chaude pour y trempouiller en regardant l’océan. Nous nous
sommes renseignés sur l’horaire de la marée, il nous faut y être entre 10h et
midi pour ne pas rater le bon créneau.
Lorsque nous arrivons à la plage en question, il nous suffit
de suivre l’armée de kiwis brandissant une pelle pour trouver le bon coin. Il
faut savoir que la source ne coule que sous une petite section de la plage et
si vous avez le malheur de creuser trop à l’extérieur, vous aurez une piscine
d’eau glacée. En toute logique, nous trouvons un micro morceau de plage où sont
agglutinées 200 personnes et qui ne ressemble plus à rien tellement il a été
creusé.
Comme il est un peu tard et que la marée ne va pas tarder à
remonter, plusieurs familles sont déjà reparties, laissant leur bassin libre
mais rien n’y fait, Christophe a apporté sa pelle, il veut creuser. Je ne l’ai
pas encore dit mais Hot Water Beach devrait s’appeler Very Very Hot Water
Beach, l’eau sort à 70°C, ce n’est pas très confortable. J’attends donc
patiemment sur la plage que mon mâle ait fini de construire le nid. Il a trouvé
un endroit un peu de dehors de la source et nous faisons rentrer l’eau chaude
depuis une bassine voisine, tout en la mélangeant avec l’eau fraiche qui est
sous notre sable. Le résultat est parfait. Le soleil est sorti et cogne de
toutes ses forces, l’eau chaude n’est donc pas toujours confortable et nous
faisons de rapides aller-retour dans la mer pour nous raffraichir.
La trempette ne dure pas bien longtemps, la marée n’était
pas très forte et remonte vite. Avec elle, elle emporte toutes les constructions
durement creusées et bâties…jusqu’à la prochaine marée basse.
Après cette courte formation dans le BTP, nous prenons la
route de Hahei, à quelques kilomètres de là. La deuxième activité prévue de la
journée est la visite de la très célèbre Cathedrale Cove. Pour ceux qui ont un
minimum de culture cinématographique, il s’agit de la falaise et de la plage
que l’on voit au début du Monde de Narnia et le Prince Caspian. Incultes.
Depuis que nous sommes en Nouvelle-Zélande, j’ai une idée
fixe : je veux faire du kayak de mer. Je sais, j’ai peur de l’eau, et
particulièrement de la mer mais quitte à avoir des peurs stupides, autant avoir
des idées stupides pour aller avec. Bref, nous avisons l’unique boutique de
location de kayak de Hahei et nous réservons un tour à Cathedrale Cove pour
l’après-midi. C’est plus facile à dire qu’à faire puisqu’on doit réserver par
téléphone et que Christophe m’oblige à le faire. Le résultat est donc un approximatif
« Euuuuh I would like euuuuh to book a tour euuuh for two person ». Le
gars me répond en kiwi à toute allure mais je comprends quand même
« 14h » et « credit card ». Tout va bien.
En attendant 14h, nous piqueniquons sur la plage de Hahei,
harcelés par une quinzaine de mouettes. A 14h, nous rejoignons 3 autres couples
ainsi qu’un homme grand, beau, jeune, merveilleusement musclé, blond aux yeux
bleus qui sera notre guide. Je n’ai plus peur de l’eau. Après nous avoir
expliqué les bases de la navigation en kayak, nous voila propulsés dans l’océan.
C’est Christophe qui manœuvre le gouvernail de notre double-kayak et force est
de constater qu’il n’est pas plus doué en kayak qu’en voiture. Pardon poussin.
Nous longeons la côté et nous visitons plusieurs baies. De temps à autre, le
guide nous demande de nous regrouper pour former un radeau pendant qu’il nous
raconte l’histoire de la baie et de la réserve naturelle.
Son accent n’est pas
facile à suivre et alors que nous entrons dans une petite crique, il nous dit
quelque chose que nous ne comprenons pas mais tous nos camarades se penchent
sur leur kayak et scrutent le fond de l’eau. Christophe pense avoir compris qu’il
parlait de méduses. Soudain une grande forme sombre et triangulaire passe près
de nous en semblant voler sous l’eau : une raie ! J’en suis
euphorique dans mon kayak, on a vu une vraie raie dans son milieu naturel ! Bon
après, le guide nous raconte que selon les saisons, on croise plutôt des
dauphins ou des orques. Il ne faut pas tomber au mauvais moment.
Après plus d’une heure à pagayer, nous arrivons enfin à la
fameuse Cathédrale Cove. Je suis un peu déçue, ce n’est pas aussi impressionnant
que ce que les photos montraient. Le guide nous propose alors une collation
avec une offre de boisson chaude digne d’un café. Pendant que nous visitons la
plage et sa Cove, le guide nous prépare donc le gouter et nous reprenons des
forces. Nous discutons avec un couple d’australien dont la femme voudrait
enseigner l’anglais en France. Nous subissons aussi immanquablement des petites
boutades sur le match de finale du soir.
Comme dans le film ! |
Nous repartons, et à mon grand regret, nous ne reprenons pas
la route du retour. Nous traversons d’abord une grande étendue de mer pour
atteindre des îles au large. Nous en faisons le tour et en revenant, le guide
nous dit que dans la mythologie maorie, l’une des îles à la forme d’une partie
de l’anatomie humaine et qu’il faut deviner laquelle. Connaissant les hommes,
dans ce genre de situation, il s’agit soit d’un pénis soit d’une paire de seins.
Alors que nous nous éloignons de l’île pour la voir de loin, je dis à
Christophe « on dirait une femme allongée sur le dos avec les cuisses
ouvertes ». Il est assez d’accord. En fait, c’était un nez avec deux grandes
narines. Perdu. Ou alors, le guide ne comprend pas bien le maori.
Lorsque nous rentrons enfin à bon port, il est déjà 17h et
nous devons être à Coromandel Town et y trouver un logement avant le match de
la finale. Sur la carte routière, la nationale fait un immense tour tout au
nord de la péninsule avant de redescendre de l’autre côté vers Coromandel Town.
Par contre, il y a une petite route qui semble traverser la péninsule sans
faire le détour. Nous avons un moment de doute en ne voyant pas la route sur
notre guide. « Il l’ont peut-être oubliée ». Hélas, trois fois hélas,
nous savions pourtant que les routes néozélandaises étaient une catastrophe. A
peine nous étions nous engagés sur le fameux raccourci que le goudron disparaissait
pour être remplacé par une étroite piste en terre. Pendant plus d’une heure nous
gravissons une colline dans la terre avant de redescendre de l’autre côté.
Finalement, nous rejoignons Coromandel Town dans le même temps qu’il nous
aurait fallu en prenant la nationale qui fait le tour. La voiture n’est plus qu’un
tas de poussière mais elle a tenu le coup.
A Coromandel Town, nous trouvons un adorable backpacker, le Tui Lodge, tenu
par un couple de retraités. Nous prenons une bonne douche et mangeons enfin nos
spaghettis avant de prendre le chemin de l’unique pub de Coromandel Town.
J’ai
bien pensé à apporter mes écharpes de supporter et il y a un moment de silence
lorsque nous entrons dans le pub, nous sommes repérés. J’avise deux places à
une table de kiwis qui nous laissent aimablement nous asseoir avec eux.
Apparemment ce sont les deux plus mauvais néozélandais du pays puisqu’ils ne
connaissent rien au rugby. Ils ne comprennent pas pourquoi la France est encore
dans la course alors qu’elle a déjà été battue par les All Blacks.
Le match est
fantastique et les kiwis tremblent pendant tout le jeu. A chaque fois qu’on se
prend un point, tous nos voisins se tournent vers nous pour observer nos
réactions. Lorsque le match se termine par notre défaite, nous reprenons la
route du backpacker. Christophe est passablement saoul et très agaçant, il veut
absolument me piquer la lampe de poche, et quand je finis par la lui donner, il
éclaire tout sauf le chemin.
Lundi 24 octobre
Aujourd’hui, nous avons prévu de faire du cheval. C’est ma
deuxième idée fixe depuis que nous sommes en Nouvelle-Zélande : faire une randonnée
équestre. C’est encore moi qui ai réservé mais cette fois-ci j’ai été bien plus
douée que pour le kayak. Comme nous n’avons rendez-vous qu’à midi, nous prenons
tranquillement le déjeuner sur la terrasse puis nous empruntons des vélos à l’auberge
pour faire un tour de la baie de Coromandel.
Alors que nous comptons prendre la
route de Colville pour la randonnée, la voiture semble nous en vouloir d’avoir
pris le raccourci hier, impossible de la démarrer. Comme je commence à bien la
connaitre, je sais qu’il faut attendre quelques minutes avant de réessayer et
là, ça marche.
A midi, nous sommes à Colville, prêts pour la randonnée.
Notre guide est une jeune femme accompagnée de sa fille. Elle donne à
Christophe un grand cheval baie particulièrement fainéant tandis que j’obtiens
un cheval alezan. La guide me prévient que le mien est assez têtu et qu’il faut
savoir être « bossy » avec lui. Je lui réponds que ça ne devrait pas
être un problème et elle me fait un grand sourire, on se comprend.
Christophe n’est jamais monté à cheval et celui-ci sent
rapidement qu’il a affaire à un cavalier bien trop gentil, qu’il pourra
balader à sa guise. C’est donc avec une mauvaise volonté manifeste que son
cheval suit le plus lentement possible les autres. Il semble aussi que tous nos
chevaux ont peur du sien, ce qui leur fait parfois faire des brutaux écarts
quand il s’approche un peu trop.
La balade a lieu dans les collines et les
pâturages du nord de Coromandel, c’est magnifique. Ds que nous sommes dans un
pré, la guide nous propose de trotter voir galoper un peu, au grand dam de
Christophe qui se fait balader comme un sac de pommes de terre. A la fin des
deux heures de balade, nous avons bien du mal à tenir sur nos jambes et nos
fesses sont particulièrement douloureuses.
Il nous à présent reprendre la route d’Auckland. Nous
arrivons vers 19h, fourbus mais ravis de ce weekend. Encore une étape à ajouter
sur le programme des futurs visiteurs.
Hors sujet : voici le Lady Barbara en fleur |