samedi 29 octobre 2011

3 jours dans le Coromandel


Vendredi 21 octobre

Lundi c’est la fête du travail australienne et néozélandaise donc nous avons un magnifique weekend de trois jours qui s’étend devant nous. En fait, on ne sait pas si c’est vraiment lundi puisqu’ici, les jours fériés qui tombent le weekend sont reportés à la semaine. Du coup, le 1er mai peut bien être un dimanche, ici, on s’en tape de kiwi.

Au boulot, les patrons ont eu le malheur de quitter la boite vers 15h. A 15h30, heure de la « siesta », Rolla débarque avec un énorme spongecake (un gâteau pas mauvais) et un pack de 30 Speiths, la bière locale. « One for the road » comme disent mes collègues. Nous passons donc une petite heure à siroter une bière au soleil en jouant aux fléchettes. Au passage, je constate que mon collègue iranien que les autres appellent « terrorist », n’est pas si terroriste que ça au vu du nombre de bières qu’il descend.

Pour ce weekend de début de printemps et malgré la finale de la RWC11, nous avons décidé de quitter Auckland et aller visiter la péninsule de Coromandel, à l’est d’Auckland. Nous sommes beaux, grands, forts, motivés, demain, nous partons à 9 heures tapantes !

Samedi 22 octobre

C’est ainsi que le samedi matin, nous partons vers 10h. Nous avions prévu de faire de tour de la péninsule dans le sens des aiguilles d’une montre en faisant moult randonnées et visites de musées mais le patron de Christophe lui a concocté tout un itinéraire à suivre. Comme on n’est jamais mieux conseillé que par les locaux (particulièrement en Croatie), nous décidons de suivre ses conseils et nous mettons le cap vers Whangamata.

Contrairement à ce que je craignais, la route n’est pas très chargée et nous arrivons à Whangamata en un peu moins de 2 heures de routes. La ville et sa plage ne cassent pas 3 pattes à un canard, le ciel est couvert et il ne fait pas très chaud. Nous passons rapidement à l’office de tourisme pour chercher une balade à faire dans le coin. Nous optons pour une randonnée qui devrait nous amener voir une cascade dans la forêt.  
Comme d’habitude, en dehors des grands axes, la route n’est pas goudronnée bien longtemps et il nous faut même traverser un cours d’eau à gué. Finalement, nous arrivons au départ de la balade. 

La balade en question est épuisante mais longe un joli cours d’eau et serpente dans la forêt. Au bout d’une heure de montée, hors d’haleine, je fais une pause pour récupérer en boire un coup. « Elle est horrible cette rando, elle est encore loin la cascade ? ». La cascade était derrière le tournant suivant.

La cascade est assez impressionnante, elle se compose en fait de deux cascades l’une sur l’autre, avec un petit bassin entre les deux. Le résultat est une chute d’eau d’environ 30 mètres. Nous en profitions pour déjeuner de croque-monsieurs et de tomates cerise, c’est bon le luxe.

Le temps de rentrer à la voiture, il est déjà 15h. Nous reprenons la route vers le nord pour aller voir la fameuse plage d’Opoutere dont tous les guides parlent. Opoutere n’est guère plus qu’un hameau avec un camping mais sa plage est à couper le souffle. Pour y accéder, il faut marcher une dizaine de minutes dans la pinède, on se croirait dans les Landes. Le soleil commence à sortir des nuages, on a rapidement chaud sur la plage. Christophe entreprend de ramasser tous coquillages qu’il trouve joli et de me les offrir. Chouette. 

Après s’être baladé le long de la plage, nous rentrons à la voiture et nous continuons vers le nord pour rejoindre Whitianga, où nous espérons trouver un logement pour la nuit. Le guide parle d’un Holiday Park avec spa, je suis accro au spa ! Il y a bien de la place mais c’est 65$ la nuit, plus 5$ pour les draps et encore 5$ par personne et par demi-heure pour le spa. Au diable l’avarice, nous nous payons tout ça.
Huuuum que c’est bon le spa ! Toutes mes tensions de la route fondent en même temps que moi dans le bain. J’avais commencé à râler (ah vraiment ?) en voyant qu’on n’aurait qu’une demi-heure de trempette mais au bout de 10 minutes, on commençait déjà à cuire. Il nous a fallu toute notre volonté pour rester dans le bain pendant 30 minutes. 

Avec tout ça, il est l’heure de se faire à manger. Or, dans la cuisine du camping, impossible de trouver une casserole ou un quelconque récipient pour faire cuire nos spaghettis. « On va au resto ? »

Le guide parle d’un très bon restaurant indien : le Sangam. Je choisis le fameux Butter Chicken, plat indien que tous les kiwis mangent, et Christophe prend un Fish Massala. Ensuite il nous faut choisir le degré de piment : mild, medium, kiwi spicy ou indian spicy. Le « indian spicy » a l’air effrayant. J’opte prudemment pour le mild et Christophe pour le medium. On rajoute à cela un nam aïl-fromage et un accompagnement qui ressemble à du tzatziki. S’en suit une loooongue attente. Le serveur nous explique que le Fish Massala va encore prendre une dizaine de minute pour être prêt est nous offre des petites galettes craquantes pour patienter. 

Lorsqu’enfin nous sommes servis, nous oublions immédiatement toute velléité et nous fondons de plaisir. C’est absolument délicieux ! Malgré la faim et la saveur des plats, j’ai bien du mal à finir ma portion et je n’ai même pas touché au nam. Heureusement, je peux toujours compter sur Christophe pour ne pas laisser de restes, que ce soit dans son assiette ou dans la mienne. En y repensant, j’aurais pu demander un « doggy-bag », ça se fait beaucoup ici. 

Alors que nous nous trainons difficilement sur le chemin du retour, nous croisons un énergumène passablement alcoolisé qui nous voit et s’écrit « GO FRAAAANCE !!». Comment cet homme a-t-il su qu’on était français ?

Dimanche  23 octobre

Aujourd’hui, nous avons prévu d’aller voir Hot Water Beach. C’est une plage sous laquelle coule une source chaude. Il suffit donc de s’armer d’une pelle et, dès que la marée est assez basse, creuser un trou qui se remplit d’eau chaude pour y trempouiller en regardant l’océan. Nous nous sommes renseignés sur l’horaire de la marée, il nous faut y être entre 10h et midi pour ne pas rater le bon créneau. 

Lorsque nous arrivons à la plage en question, il nous suffit de suivre l’armée de kiwis brandissant une pelle pour trouver le bon coin. Il faut savoir que la source ne coule que sous une petite section de la plage et si vous avez le malheur de creuser trop à l’extérieur, vous aurez une piscine d’eau glacée. En toute logique, nous trouvons un micro morceau de plage où sont agglutinées 200 personnes et qui ne ressemble plus à rien tellement il a été creusé. 


Comme il est un peu tard et que la marée ne va pas tarder à remonter, plusieurs familles sont déjà reparties, laissant leur bassin libre mais rien n’y fait, Christophe a apporté sa pelle, il veut creuser. Je ne l’ai pas encore dit mais Hot Water Beach devrait s’appeler Very Very Hot Water Beach, l’eau sort à 70°C, ce n’est pas très confortable. J’attends donc patiemment sur la plage que mon mâle ait fini de construire le nid. Il a trouvé un endroit un peu de dehors de la source et nous faisons rentrer l’eau chaude depuis une bassine voisine, tout en la mélangeant avec l’eau fraiche qui est sous notre sable. Le résultat est parfait. Le soleil est sorti et cogne de toutes ses forces, l’eau chaude n’est donc pas toujours confortable et nous faisons de rapides aller-retour dans la mer pour nous raffraichir.

La trempette ne dure pas bien longtemps, la marée n’était pas très forte et remonte vite. Avec elle, elle emporte toutes les constructions durement creusées et bâties…jusqu’à la prochaine marée basse.

Après cette courte formation dans le BTP, nous prenons la route de Hahei, à quelques kilomètres de là. La deuxième activité prévue de la journée est la visite de la très célèbre Cathedrale Cove. Pour ceux qui ont un minimum de culture cinématographique, il s’agit de la falaise et de la plage que l’on voit au début du Monde de Narnia et le Prince Caspian. Incultes. 

Depuis que nous sommes en Nouvelle-Zélande, j’ai une idée fixe : je veux faire du kayak de mer. Je sais, j’ai peur de l’eau, et particulièrement de la mer mais quitte à avoir des peurs stupides, autant avoir des idées stupides pour aller avec. Bref, nous avisons l’unique boutique de location de kayak de Hahei et nous réservons un tour à Cathedrale Cove pour l’après-midi. C’est plus facile à dire qu’à faire puisqu’on doit réserver par téléphone et que Christophe m’oblige à le faire. Le résultat est donc un approximatif « Euuuuh I would like euuuuh to book a tour euuuh for two person ». Le gars me répond en kiwi à toute allure mais je comprends quand même « 14h » et « credit card ». Tout va bien. 

En attendant 14h, nous piqueniquons sur la plage de Hahei, harcelés par une quinzaine de mouettes. A 14h, nous rejoignons 3 autres couples ainsi qu’un homme grand, beau, jeune, merveilleusement musclé, blond aux yeux bleus qui sera notre guide. Je n’ai plus peur de l’eau. Après nous avoir expliqué les bases de la navigation en kayak, nous voila propulsés dans l’océan. C’est Christophe qui manœuvre le gouvernail de notre double-kayak et force est de constater qu’il n’est pas plus doué en kayak qu’en voiture. Pardon poussin. 

Nous longeons la côté et nous visitons plusieurs baies. De temps à autre, le guide nous demande de nous regrouper pour former un radeau pendant qu’il nous raconte l’histoire de la baie et de la réserve naturelle. 
Son accent n’est pas facile à suivre et alors que nous entrons dans une petite crique, il nous dit quelque chose que nous ne comprenons pas mais tous nos camarades se penchent sur leur kayak et scrutent le fond de l’eau. Christophe pense avoir compris qu’il parlait de méduses. Soudain une grande forme sombre et triangulaire passe près de nous en semblant voler sous l’eau : une raie ! J’en suis euphorique dans mon kayak, on a vu une vraie raie dans son milieu naturel ! Bon après, le guide nous raconte que selon les saisons, on croise plutôt des dauphins ou des orques. Il ne faut pas tomber au  mauvais moment. 

Après plus d’une heure à pagayer, nous arrivons enfin à la fameuse Cathédrale Cove. Je suis un peu déçue, ce n’est pas aussi impressionnant que ce que les photos montraient. Le guide nous propose alors une collation avec une offre de boisson chaude digne d’un café. Pendant que nous visitons la plage et sa Cove, le guide nous prépare donc le gouter et nous reprenons des forces. Nous discutons avec un couple d’australien dont la femme voudrait enseigner l’anglais en France. Nous subissons aussi immanquablement des petites boutades sur le match de finale du soir. 

Comme dans le film !
Nous repartons, et à mon grand regret, nous ne reprenons pas la route du retour. Nous traversons d’abord une grande étendue de mer pour atteindre des îles au large. Nous en faisons le tour et en revenant, le guide nous dit que dans la mythologie maorie, l’une des îles à la forme d’une partie de l’anatomie humaine et qu’il faut deviner laquelle. Connaissant les hommes, dans ce genre de situation, il s’agit soit d’un pénis soit d’une paire de seins. Alors que nous nous éloignons de l’île pour la voir de loin, je dis à Christophe « on dirait une femme allongée sur le dos avec les cuisses ouvertes ». Il est assez d’accord. En fait, c’était un nez avec deux grandes narines. Perdu. Ou alors, le guide ne comprend pas bien le maori.

Lorsque nous rentrons enfin à bon port, il est déjà 17h et nous devons être à Coromandel Town et y trouver un logement avant le match de la finale. Sur la carte routière, la nationale fait un immense tour tout au nord de la péninsule avant de redescendre de l’autre côté vers Coromandel Town. Par contre, il y a une petite route qui semble traverser la péninsule sans faire le détour. Nous avons un moment de doute en ne voyant pas la route sur notre guide. « Il l’ont peut-être oubliée ». Hélas, trois fois hélas, nous savions pourtant que les routes néozélandaises étaient une catastrophe. A peine nous étions nous engagés sur le fameux raccourci que le goudron disparaissait pour être remplacé par une étroite piste en terre. Pendant plus d’une heure nous gravissons une colline dans la terre avant de redescendre de l’autre côté. Finalement, nous rejoignons Coromandel Town dans le même temps qu’il nous aurait fallu en prenant la nationale qui fait le tour. La voiture n’est plus qu’un tas de poussière mais elle a tenu le coup. 

A Coromandel Town, nous trouvons un adorable backpacker, le Tui Lodge, tenu par un couple de retraités. Nous prenons une bonne douche et mangeons enfin nos spaghettis avant de prendre le chemin de l’unique pub de Coromandel Town. 

J’ai bien pensé à apporter mes écharpes de supporter et il y a un moment de silence lorsque nous entrons dans le pub, nous sommes repérés. J’avise deux places à une table de kiwis qui nous laissent aimablement nous asseoir avec eux. Apparemment ce sont les deux plus mauvais néozélandais du pays puisqu’ils ne connaissent rien au rugby. Ils ne comprennent pas pourquoi la France est encore dans la course alors qu’elle a déjà été battue par les All Blacks. 

Le match est fantastique et les kiwis tremblent pendant tout le jeu. A chaque fois qu’on se prend un point, tous nos voisins se tournent vers nous pour observer nos réactions. Lorsque le match se termine par notre défaite, nous reprenons la route du backpacker. Christophe est passablement saoul et très agaçant, il veut absolument me piquer la lampe de poche, et quand je finis par la lui donner, il éclaire tout sauf le chemin.

Lundi 24 octobre

Aujourd’hui, nous avons prévu de faire du cheval. C’est ma deuxième idée fixe depuis que nous sommes en Nouvelle-Zélande : faire une randonnée équestre. C’est encore moi qui ai réservé mais cette fois-ci j’ai été bien plus douée que pour le kayak. Comme nous n’avons rendez-vous qu’à midi, nous prenons tranquillement le déjeuner sur la terrasse puis nous empruntons des vélos à l’auberge pour faire un tour de la baie de Coromandel. 

Alors que nous comptons prendre la route de Colville pour la randonnée, la voiture semble nous en vouloir d’avoir pris le raccourci hier, impossible de la démarrer. Comme je commence à bien la connaitre, je sais qu’il faut attendre quelques minutes avant de réessayer et là, ça marche.

A midi, nous sommes à Colville, prêts pour la randonnée. Notre guide est une jeune femme accompagnée de sa fille. Elle donne à Christophe un grand cheval baie particulièrement fainéant tandis que j’obtiens un cheval alezan. La guide me prévient que le mien est assez têtu et qu’il faut savoir être « bossy » avec lui. Je lui réponds que ça ne devrait pas être un problème et elle me fait un grand sourire, on se comprend.
Christophe n’est jamais monté à cheval et celui-ci sent rapidement qu’il a affaire à un cavalier bien trop gentil, qu’il pourra balader à sa guise. C’est donc avec une mauvaise volonté manifeste que son cheval suit le plus lentement possible les autres. Il semble aussi que tous nos chevaux ont peur du sien, ce qui leur fait parfois faire des brutaux écarts quand il s’approche un peu trop. 

La balade a lieu dans les collines et les pâturages du nord de Coromandel, c’est magnifique. Ds que nous sommes dans un pré, la guide nous propose de trotter voir galoper un peu, au grand dam de Christophe qui se fait balader comme un sac de pommes de terre. A la fin des deux heures de balade, nous avons bien du mal à tenir sur nos jambes et nos fesses sont particulièrement douloureuses. 

Il nous à présent reprendre la route d’Auckland. Nous arrivons vers 19h, fourbus mais ravis de ce weekend. Encore une étape à ajouter sur le programme des futurs visiteurs.
Hors sujet : voici le Lady Barbara en fleur
 

mardi 11 octobre 2011

Sympathique weekend

Dimanche  9 septembre

Ce weekend se déroulent les quarts de finale. L'horizon semble bien sombre pour notre équipe, je redoute de porter le drapeau tricolore sur la voiture pour la dernière fois. Samedi après-midi, nous nous échauffons avec Manu et Sarah en regardant Irlande-Pays de Galles, accompagnés d'un crumble aux fruits rouges de ma création. Les gallois se démènent comme des diables et renvoient les irlandais manger des patates. Manu et Sarah ayant des billets pour le match France-Angleterre, ils nous quittent sans grand espoir de victoire.

De notre côté, nous rejoignons Antoine et Sabrina chez eux pour regarder le match en mangeant des frites avec un petit verre de vin. Au passage, oh joie! oh bonheur! nous avons enfin trouvé un vin buvable, à moins que notre palais n'ait dépéri. Il s'agit d'un riesling de la propriété de Malbourough, et même si il a un fort goût de raisin, au moins il ne sent pas l'alcool à brûler.

Bref, nous sommes prêt à affronter la honte suprême d'une défaite contre la perfide Albion. Et contre tout attente, la France renvoient elle aussi les rosbeef dans l'hémisphère nord. Inutile de dire que nous avons ruiné le canapé en sautant à pieds joints dessus avec Sabrina. On n'imagine même pas l'ambiance dans le stade où sont Sarah et Manu.

Ceux-ci nous rejoignent un peu plus tard et nous célébrons la victoire tous ensemble. Avec modération tout de même, nous avons prévu de faire un BBQ sur la plage de Piha le lendemain. Comme j'aimerais tester si mes nouvelles chaussures ont réglé le problème de douleur au genou, je propose que nous partions tôt afin de pouvoir faire une petit randonnée. Finalement, le départ est prévu à 9h30, en sachant que nous sommes les seuls à avoir fait les courses pour le bbq.

Levés difficilement de bonne heure, nous attendons l'appel des deux couples sonnant le départ. A 10h, nous n'avons toujours pas de nouvelles. Finalement, nous nous retrouvons à 10h30 chez eux et il faut bien attendre 11h pour que tout la troupe soit prête à aller faire les courses. Enfin, vers midi, les deux 4x4 prennent la (hem) route de Piha.

Piha est une des plages les plus réputées d'Auckland, notamment pour ses rouleaux et la dangerosité de ses courants. L'endroit est beaucoup plus urbanisé que Karekare et Whatipu, il y a un camping, des commerces, des auberges etc. D'après le site internet de Piha, il est censé y avoir un bbq éléctrique libre-service au  bout de la route, près du site de pique nique. Nous avons parcouru la plage de long en large et nous n'avons jamais trouvé le fameux bbq. N'ayant pas non plus trouvé les tables de pique nique à l'endroit prévu, nous en avons déduit que tout cela ne serait installé qu'en été, il est encore trop tôt dans la saison.

Au diable le bbq, nous sommes des warriors bien organisés, nous avons un réchaud à gaz et Manu et Sarah ont tout un attirail de cuisine dans leur maison-4x4.
Sarah, Chef-Barbecue-4x4

Pendant que la viande cuit, Christophe et Antoine ont la riche idée d'aller se baigner. Il fait une vingtaine de degrés, l'eau est à 14 et les courants semblent très forts, même près du bord. Cela n'a pas l'air de les inquiéter et les voila dans l'eau. Le moment de courage ne dure pas bien longtemps et ils sont vite de retour vers leurs serviettes.
A nous la mer de Tasman !

15 minutes plus tard...
En attendant, la viande est prête et c'est parti pour le festin ! Au menu : brochettes sauce aigre-douce, pilons de poulet, steak de boeuf, salade, tomates, chips, le tout avec vue sur la plage de Piha. Dans la voiture à côté de la nôtre, deux nanas mangent un truc dans une barquette et semble très amusées par nos agissements. Je dois dire que l'incompréhension est réciproque : quelle idée de manger dans sa voiture quand on est sur une plage magnifique.
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Antoine et Christophe, goinfres en chef

Manu, expert cuistot

Une fois le repas achevé à grandes peines, nous rangeons tout notre équipement et nous descendons nous étendre sur le sable. Le soleil sort de temps en temps et brûle tout ce qu'il touche, le t-shirt est indispensable et chaque centimètre carré de peau doit être précautionneusement enduit de crème solaire. Même le sable noir devient insoutenable si on a le malheur d'être pied-nus au moment où le soleil se montre.

Manu et Antoine étant rugbyman, ils ont apporté un ballon et proposent un touch-rugby pour digérer. C'est une version où il n'y a pas de plaquage, il faut toucher le porteur de balle des deux mains pour l'arrêter. A ce moment, ce dernier doit toucher la balle avec le pied et la passer à un autre joueur de son équipe. Si la balle est arrêtée 5 fois sans que l'équipe ait marqué un essais, la balle passe au camp adverse qui essaye à son tour de marquer en moins de 5 "plaquages". C'est absolument épuisant et Manu et Antoine sont de véritables anguilles, impossible de les toucher. Le reste d'entre nous peine à lancer la balle dans la bonne direction, à se placer ou encore, à recevoir la balle. Le jeu s'accompagne d'un combat de mauvaise foi chaque fois qu'un joueur prétend avoir touché le porteur de balle des deux mains alors que l'autre soutiens qu'il n'y avait qu'une main. Il y a aussi débat sur la position du ballon lorsqu'il sort en touche, chaque équipe essayant de grappiller quelques mètres. Pendant un moment, quatre badauds français nous regardent jouer; visiblement plus amusés par nos disputes que par le jeux.


Enfin, nous arrêtons de jouer et Christophe et Antoine repartent piquer une tête. Christophe, qui a particulièrement pris plaisir à se jeter par terre dès qu'il le pouvait, est couvert de sable noir de la tête aux pieds.

Lorsqu'ils ressortent de l'eau, nous rejoignons Sarah et Manu qui commence à ne plus tenir en place. Il veut absolument être rentré pour le début du match Afrique du Sud-Australie. Comme nous sommes à court de munitions, il nous faut encore passer au Countdown acheter des bières et un bac de glace aux cookies. Ne me regardez pas comme ça, on a fait plein de sport, on l'a bien mérité. Une fois rentrés, la journée au grand air frappe notre troupe de plein fouet et nous subissons de lourdes pertes.
Adieu Antoine et Sabrina
Nous sommes bien peinés de voir l'Afrique du Sud perdre. Les Australiens, c'est comme des anglais, l'éducation en moins; ils sont donc l'ennemi à abattre. Lorsque la faim se fait sentir, nous nous mettons à la préparation de 4 quarts au citron, une recette de Sabrina et Antoine qui est une petite merveille. Christophe aide assidûment à la préparation.

Ensuite vient le match All Blacks vs Argentine. On tremble en voyant le Kapa O Pongo, les argentins vont se faire massacrer! En fait, non, les All Blacks sans Carter sont malmenés pendant pratiquement tout le match. Si ils se retrouvent comme ça contre les wallabies, on ne donne pas cher de leur peau en demi-finale.

Nous quittons les français avant la fin du match pour pouvoir rentrer chez nous avant que ce ne soit le bazar autour d'Eden Park.

C'est la fin d'un weekend riche en émotions, un autre bbq est prévu pour le weekend prochain. Normalement ce devrait être de nouveau à Piha mais je vais essayer de les convaincre d'aller à Karekare, moins peuplé et plus sauvage. Pour l'instant Karekare reste tout en haut de ma liste pour les choses à voir en Nouvelle-Zélande.

Et de deux !

Cette semaine a été bien moins riche en évènements que la précédente. Anthony veut que je trouve les sources d'erreur dans la phase de calibration et pour cela, il faut que je me fasse un base de données en testant et en notant tous les résultats des tests. C'est long, c'est ennuyant mais la semaine passe quand même vite. D'ailleurs, de manière générale, le temps passe beaucoup plus vite en Nouvelle-Zélande qu'en France. Sabrina, quant à elle, est persuadée que les poils poussent plus vite de ce côté du monde et que Antoine a besoin de se raser beaucoup plus souvent qu'avant. C'est une piste à explorer, on pourrait organiser des voyages pour les chauves et gagner beaucoup d'argent.

Un fait qui mérite d'être mentionné : j'ai battu Rolla à plate couture au billard. Bon après, il a pris sa revanche aux flechettes. J'entends d'ici les mauvaises langues "ils ne bossent jamais dans cette boite"; si, si, on joue pendant la pause. Mon sacrifice pour l'entreprise va même jusqu'à laisser des bouts de doitgs sur les boitiers quand je les ferme avec de la super glu. 

Enfin, le principal dans le boulot c'est qu'on a le temps de préparer le weekend.

dimanche 2 octobre 2011

Chronique d'une semaine traumatisante

Vendredi 30 septembre

Aujourd’hui s’achève ma première semaine de travail depuis plus de 5 mois. Voici un rapide récapitulatif des évènements les plus importants de cette semaine.

Lundi : Mon premier jour de boulot. Comme le patron n’est pas trop sûr de mes compétences, il m’a confié à Gérald, le responsable de la production, pour travailler comme ouvrière. Mon boulot consiste à souder des composants sur des circuits puis souder les circuits dans leurs boitiers et cela devrait durer une semaine. A la fin de la première journée, je ne peux déjà plus voir un fer à souder en peinture.

Mardi : Ma journée est bien partie pour être exactement la même que la veille. Vers les 10h (juste avant le tea time), Anna, la patronne et mère poule de la compagnie, passe voir comment je me débrouille en soudure. « Elle est plutôt douée » répond Gérald. « Parfait, elle va pouvoir passer dans le local des techniciens pour voir les méthodes et les outils de test. Cullen la remplacera ». Me voila promue technicienne ! Sur le moment, j’ai un peu de peine pour Cullen, le neveu d’Anna, qui va passer de technicien à ouvrier. Le moment de peine est vite passé, mon nouveau boulot est mille fois plus chiant que le précédent : je dois placer un circuit sur le banc de test, lancer le test en cliquant sur un bouton et attendre 2 minutes. Ensuite je peux retirer le circuit, y poser une étiquette « tested » et passer au suivant. C’est à mourir d’ennui. Cesar, le technicien mexicain prend pitié et me donne d’autres composants à souder entre deux changements de circuit.

Heureusement, l’ambiance est bonne : Cesar parle à peine anglais mais un autre technicien, Carmello, est un vieux philippin très rigolo. De plus, cette semaine, Rolla le directeur commercial travaille avec nous pour remplacer un autre technicien en vacances. Rolla a un horrible accent sud-africain-kiwi et fini toutes ses phrases par « hey !». C’est d’ailleurs le seul mot que je comprends de ses phrases mais comme il a l’air de raconter des trucs marrants, ça me fait rire. Apparemment, il passe le plus clair de son temps dans les clubs et les boites de nuit d’Auckland.

Mercredi : Quand j’arrive, un homme que je ne connais pas se trouve dans le local des techniciens. C’est Francisco, un autre mexicain, qui vient d’atterrir à Auckland avec sa copine française. Il parle un français impressionnant et m’explique que l’oncle de Cesar a travaillé avec lui et qu’il lui a fait une recommandation pour Texmate. Il a donc rendez-vous avec Anthony pour un entretien. En attendant, il discute avec nous. 

Vers midi, Rolla nous propose de nous emmener déjeuner. Je suis un peu ennuyée, j’ai mon déjeuner dans mon sac. « Allez, un repas gratuit, ça ne se refuse pas » me dit-il. Bon d’accord. Nous montons alors dans son énorme 4x4 Lexus et nous parcourons 400m pour traverser la rue et nous garer sur le parking du café d’en-face. Le menu est un peu étrange mais j’opte pour une salade avec des côtelettes  d’agneau. Le plus dur est bien-sûr de leur faire comprendre « saignant » pour la cuisson. Une demi-heure plus tard, je reçois une assiette de côtelettes bien cuites. Francisco s’inquiète « je croyais qu’on avait qu’une demi-heure pour le repas ». « T’inquiète, vous êtes avec moi » lui répond Rolla en engouffrant un énorme steak. 

Pendant le reste de l’après-midi, je continue mes tests et mes soudures. Lorsque je demande si je dois partir à 17h30 au lieu de 17h à cause de la longue pause déjeuner, mes collègues me regardent étrangement « bah non, pourquoi ? ».

Jeudi : Aujourd’hui, je reçois enfin mes ordres de technicienne ! Anthony, le patron (et mari d’Anna), me parle des différents outils de tests et de ce qu’il aimerait améliorer. Pour l’instant je dois me concentrer sur mon testeur actuel et créer un outil de suivi des résultats pour savoir combien d’entre eux échouent et pour quelles raisons. C’est du super boulot d’ingénieur, je suis ravie.

A la pause déjeuner, Anna annonce qu’un repas sera offert par la boite le lendemain. Rolla ajoute qu’il est donc indispensable de prévoir du vin pour moi. Super. Après quoi il me demande si je préfère du rouge ou du blanc. Question stupide à laquelle je réponds «  bah ça dépend de ce qu’on mange », ce qui me vaut  l’approbation générale. Je n’ajoute pas que, de toute façon, le vin néo-zélandais est dégueulasse.

Vendredi : Thanks god it’s Friday. J’ai un peu du mal à me lever ce matin et je dors à moitié sur mes tests. A la première pause-thé, tout le monde se regroupe autour de la table de la cuisine pour choisir le repas du midi. Il est prévu de manger chinois et en moins d’un quart d’heure, pratiquement tous les plats marqués sur le menu sont entourés.
-           « Ajoute un canard façon BBQ ! »
-          « Ah ouais c’est trop bon ça » 
-          « Il faut aussi du porc sucré-salé ! »
-           « Ok mais il faut aussi un poulet-citron »
-          « On prend combien de portion de riz ? »
-          « Bah on est 20, t’as qu’à en prendre une quinzaine »
-          « Et la bière ?» (ça c’est Rolla).

Vers midi et demi, c’est donc le festin. Je suis particulièrement fan du poulet sucré-salé avec des morceaux d’ananas. Autant dire que le travail reprend difficilement, sinon pas du tout. César et moi jouons aux fléchettes sur une cible au fond de l’atelier et apparemment, je ne suis pas la première à percer les cartons entreposés près de la cible. 

Vers 16h30, alors que nous avons péniblement repris le boulot après la seconde pause-thé, Rolla passe nous taper dans le dos « Allez, éteignez moi tout ça ! » et Gérald de le suivre de près et de me mettre une canette de bière dans la main.
C’est vendredi soir, il fait beau, on s’assoit tous dehors au soleil sous le regard médusé des autres entreprise du bloc. Consciente de devoir reprendre le volant pour rentrer, je demande quelle est la limite légale d’alcoolémie pour pouvoir conduire. Rolla et Cullen, qui font dans les 110 kg chacun, m’expliquent : « La règle, c’est que tu peux boire 3 bières coup sur coup et qu’après il faut attendre une heure avant d’en reprendre une ». Je suis un poil dubitative donc je me contente de mon unique bière avant de rentrer pour mon premier weekend de femme active en Nouvelle-Zélande.

Note : après vérification, la limite légale d’alcoolémie dans le sang en Nouvelle-Zélande est de 0,8g par litre de sang. Mais Rolla me rassure : « Une fois, j’étais complètement bourré au volant, je me suis fais contrôlé et les flics m’ont laissé repartir. Leur machine ne marche jamais ». C’est bon à savoir.

Note2 : Comme dit le proverbe, mieux vaut être traumatisée que pas assez.