mardi 27 septembre 2011

Au boulot !


Lundi 26 septembre

Aujourd’hui, c’est mon premier jour de boulot depuis plus de cinq mois. Premier réveil avant 9h30, le choc est difficile. Pendant que je grelotte sur le canapé, Christophe me prépare et me sert mon petit-déjeuner.

L’entreprise kiwi qui vient de prendre le risque de m’embaucher s’appelle Texmate. C’est une petite compagnie d’une quinzaine de personnes qui conçoit et fabrique des produits électroniques et des automates programmables. Ils fabriquent aussi des sonars pour la pêche ou pour trouver les cadavres dans les rivières, m’a précisé Rolla, le directeur commercial. J’avais passé un entretien dans cette boite vers mi-juin et j’ai reçu une réponse positive début septembre. C’est à ce rythme là que j’ai reçu mon contrat la semaine dernière. C’est tranquille la Nouvelle-Zélande.

De même, lorsque j’ai rapporté mon contrat de travail, la patronne m’a dit de venir vers 9h mais de ne pas paniquer si j’étais prise dans les embouteillages du Harbour Bridge, que j’arriverais quand j’arriverais. 

Ce matin, je me prévois donc une heure de trajet au lieu des 25 minutes nécessaires en temps normal. Je me retrouve alors à 8h30 devant l’entreprise, un peu ennuyée, et ne sachant pas s’il vaut mieux attendre 9h dans la voiture ou me pointer très en avance. 

Finalement, j’opte pour la seconde solution et je me retrouve à attendre l’arrivée de mon responsable une dizaine de minutes. Celui-ci fini par arriver, c’est Gerald, un philippin. « Hello, I am Gérald, have you watched the game Saturday? ». Après l’échange d’usage sur les capacités et les performances des deux équipes, nous passons à l’atelier. Il me donne une semelle en caoutchouc à mettre sous mes chaussures, avec une longue lanière qui doit être en contact avec ma peau pour me relier à la terre. Ensuite, il me montre une petite plaque métallique où je dois poser le pied et appuyer sur un bouton pour vérifier que je ne suis plus chargée. « Tu appuis sur ce bouton et quand ça s’allume en vert, c’est bon ». Puis il fait une démonstration et là, le voyant s’allume en rouge. Il a l’air un peu étonné mais il hausse les épaules et passe à la suite.

Pour ma première semaine, je vais faire de la soudure. J’ai oublié de préciser que je n’ai pas trouvé un poste d’ingénieur mais de technicien en électronique. Je n’ai pratiquement jamais fait d’électronique mais j’aime les défis, et surtout je voulais le salaire ($40 000 NZ brut, bon d’accord, en euros c’est moins impressionnant). Le big boss, Anthony, ne faisant pas vraiment confiance à mon diplôme français, m’a prévu une semaine à faire le boulot des ouvriers dans l’atelier, c'est-à-dire souder, souder et souder.

Gérald me montre donc mon poste et me tend une carte électronique hors d’usage pour faire joujou. « Commence par dessouder tous les composants que tu peux ». C’est plus facile à dire qu’à faire mais au bout d’une petite heure, j’ai déjà dégagé la plupart des relais et des divers composants de la plaque. Gérald revient, jette un coup d’œil critique à mon travail et me dit « Maintenant, ressoude les composants comme ils étaient ». Et c’est reparti pour un tour. Par contre, ça va beaucoup plus vite de souder que de dessouder. C’est un des rares cas ou détruire prend plus de temps que construire.

Je n’ai pas encore décrit l’environnement et l’ambiance de travail. Texmate occupe un petit bâtiment à deux étages. L’accueil se trouvent au rez-de-chaussée, et les bureaux se trouvent au premier étage. Derrière le bâtiment se trouve la zone de production dans grand hangar avec des machines assez sophistiquées et des grandes paillasses pour nous-autres ouvriers. Avec moi, il y a Léa, Mercy et Nick, tous trois philippins. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que mon niveau d’anglais ne va pas faire beaucoup de progrès. Sur ma gauche, il y a une toute petite salle où s’entassent un malais dont j’ai oublié le nom et Amid, un iranien qui ne parle pas un mot d’anglais. Dans une autre salle, un peu plus grande, se trouvent les techniciens. C’est mon futur fief. Là, travaillent Rolla qui est sud-africain et Cesar qui est mexicain. Dans l’atelier, il y a un dernier philippin mais je n’ai pas encore saisi son nom. 

Bref, avec tous ces philippins, il y a une joyeuse ambiance même si je ne comprends pas encore un mot de ce qu’ils disent. A ceux qui me diront « C’est pourtant facile le tagalog », je réponds « probablement, sauf que mes collègues parlent un des 27 dialectes des Philippines et ce n’est pas du tagalog ». Par-dessus tout ça, un poste radio diffuse AntiquitéFM avec en guest-star Elvis Presley, Doris Day et Franck Sinatra. Je suspecte la chaine de radio d’avoir une liste de lecture assez limitée puisque tous mes collègues connaissent les paroles par cœurs. A l’occasion, l’atelier se transforme donc en karaoké géant. De temps à autre, quand le philippin sans nom passe près de nous, mes 3 collègues pouffent de rire et lui lancent des boutades qui semblent bien les faire rire. Mercy m’explique que la victime des moqueries s’est fait couper les cheveux par sa femme ce weekend et, effectivement, le résultat est assez atroce, on voit nettement les traces de tondeuse sur sa « coiffure ». « Elle devait être très énervée contre toi » lui lancent mes collègues et le pauvre homme rit de bon cœur.

Soudain au milieu d’un Da Doo Run Run endiablé, tout le monde se lève et disparait. Gerald me dit : « Tea time ». C’était donc ça. Le tea-time dure un quart d’heure et tout le monde se retrouve dans la cuisine-salle-à-manger de la boite pour le thé du matin. Sur l’évier, en plus des robinets froid et chaud, il y a le robinet d’eau bouillante, pour le thé. La plupart de mes collègues en profite aussi pour manger leur premier sandwich de la journée.

Le quart d’heure passé, nous revenons à nos soudures. Gérald inspecte ma carte entièrement reconstituée et semble satisfait. Il m’apporte alors un rack d’une vingtaine de cartes électroniques comportant chacune 10 circuits. Il me faut alors souder sur chacune d’entre-elles un petit composant à trois pattes. Lorsque le composant est soudé, il faut séparer le circuit de sa plaque et ainsi de suite pour les 9 circuits restants.

A midi et demi, rebelote, toute activité cesse. « Lunch time ». J’aurais deviné, surtout que je meurs de faim. Nous revoici tous dans la cuisine. Je me fait un bol de ramen tout préparé, il n’y a qu’à rajouter l’eau bouillante grâce au robinet spécial. La discussion générale tourne essentiellement autour du match France-Nouvelle Zélande mais tout le monde s’accorde sur le fait que nous nous sommes bien défendu contre les mighty AllBlacks. Quand la discussion ne concerne pas le rugby ou la coupe de cheveux du pauvre philippin, mes collègues s’amusent à charrier Amid l’iranien en l’appelant « terroriste ». Le gentil Amid ne comprend pas un mot et se contente de sourire en hochant la tête.

En vingt minutes les repas sont avalés et nous profitons d’un rayon de soleil à l’extérieur du hangar. Par contre, il y a une usine de sauce soja pas loin et l’air n’est pas exactement printanier. Au bout des 30 minutes réglementaires attribuées à la pause déjeuner, nous reprenons les soudures. Au bout, d’un moment, Gérald m’offre une promotion, les circuits ont été programmés grâce au petit composant à 3 pattes fixé plus tôt, je peux donc coupé le morceau de circuit qui contient le composant (*sic*) et en souder un autre, cette fois à quatre pattes.

A 15h15 pétantes, c’est la « Siesta » comme disent mes collègues : quinze minutes de pause collective. Mon bol de ramen ayant été bien maigre, je suis ravie de pouvoir dévorer une barre de céréales pour mon quatre-heure. 

Au retour de la pause, j’ai une nouvelle promotion, j’ai le droit de souder mon circuit à l’intérieur de son boiter. Pour cela, il ne faut pas faire trois ni quatre soudures, mais cinq !  Tout aurait pu bien se passer sauf que le boitier est en plastique et qu'un gros morceau de plastique se trouve au milieu du circuit. Alors que je n'ai pas encore pris le coup pour souder sans toucher les bords, je sens une horrible odeur de brulé : avec le dos du fer, j'ai fais fondre la moitié du bout de plastique. Je suis paniquée : "Gérald va être furax, il vont me demander de rembourser le circuit, me renvoyer, me couper en morceaux". Je cherche mille façon d'annoncer mon erreur à Gérald sans en trouver de satisfaisante. Lorsqu'enfin je prends mon courage à deux mains et lui montre la pièce brulée, il glousse et la jette à la poubelle avant de repartir. J'ai survécu.
 
Enfin, à 17h10, Gérald passe à côté de moi tout étonné « Barbara, you are still here ? You can go ! ». Je n’ai pas besoin de me le faire dire deux fois, je bondis dans ma Subaru en direction de la maison. Contrairement à ce que je craignais, le traffic est un peu ralenti mais le retour se fait sans problème, j’arrive même avant Christophe à la maison. 

Avec le changement d’heure du weekend, il fait nuit beaucoup plus tard et il fait encore très beau quand nous rentrons. Demain, je ferai de nouveau 8h30 – 17h, c’est la belle vie même si je ne peux déjà plus voir un fer à souder en peinture !

jeudi 22 septembre 2011

Entrainement des bleus à Takapuna


Mardi 13 septembre

Aujourd’hui, les bleus s’entrainent au terrain de Takapuna et la séance est ouverte aux badauds. Pour l’occasion, Auckland nous sert sa spécialité : les showers. Ce sont des averses qui ne durent que quelques minutes et qui sont généralement séparées par d’assez longues périodes ensoleillées. Mais aujourd’hui, nous avons aussi la deuxième spécialité d’Auckland : les southwesterlies ! Ce sont des bourrasques de vent à en décorner les bœufs et, associées aux showers, le résultat est un temps typiquement Aucklandais : des showers séparées par de très fugaces rayons de soleil.

L’avantage d’un temps typique, c’est que les locaux y sont parés. Lorsque nous arrivons (à demi-motivés) au terrain, les organisateurs ont les bras chargés de poncho et de petits drapeaux français en carton. Autant dire que les drapeaux n’ont pas tenu deux minutes mais les ponchos ont été agréablement accueillis. Il n’y avait plus qu’à attendre le bon vouloir des bleus, qui n’avaient toujours pas quitté leur hôtel alors que nous pestions sur nos bancs.

Je dois dire que la séance n’a pas eu un grand intérêt, je ne connaissais aucun des joueurs malgré les tentatives de Manu de me raconter leurs vies en long, en large, et en travers. Entre deux averses, Sarah, Sabrina et moi échangeons les derniers potins et discutons de tout et de rien pendant que Antoine mitraille les joueurs avec son reflex et que Manu, qui s’est trouvé un autre Perpignanais, discute rugby avec animation.

A un moment, un homme en costume me tape sur l’épaule. C’est le journaliste de TF1, il va faire un reportage et il voudrait que je me mette derrière lui avec mon drapeau (toujours le plus beau drapeau du monde) pour décorer. Je convaincs Sarah de venir avec moi et nous retrouvons une famille de français toute peinturlurée qui servira aussi de « fond d’écran ». 

En fait, ce n’est pas aussi simple que je l’espérais. Le journaliste, en criant pour couvrir les bourrasques de vent, nous explique qu’il va dire « Les français sont tous là blablabla pour supporter les bleus », qu’on devra se retourner vers la caméra, puis qu’il ajoutera « blablabla supporter » et qu’on devra alors crier « On va gagner ! ». Mes collègues figurants et moi-même nous regardons le regard vide : il a dit quoi ? 

Le premier essai n’est pas concluant, nous ne l’avons pas entendu parler donc la moitié s’est retournée trop tôt et l’autre trop tard. On recommence.

La deuxième est un peu mieux mais nous n’étions toujours pas assez coordonnés. On recommence.

La troisième ne va pas non plus, nous n’étions pas assez enjoués, pas assez convaincants. La perchiste propose une variation et le cameraman une autre mais devant nos regards encore plus vides, ils renoncent « bon, on refait la même, mais plus motivés ! ». Là, une shower nous tombe dessus et nous piétine de toutes ses forces.

La quatrième n’est pas vraiment mieux mais de toute façon aucun d’entre nous n’a envie de continuer à faire le pitre devant la camera et encore moins la spontanéité et la motivation dans la voix quand il cri « On va gagner !». Le journaliste laisse tomber et nous rejoignons les autres qui semblent s’être bien moqués de nous.

Enfin, les bleus, que nous n’avons pratiquement pas regardés de la séance, se prêtent au jeu des photos et des autographes. Antoine s’est faufilé jusqu’à la barrière et alpague tous les joueurs pour faire des photos. Moi je n’ai réussi à en avoir qu’un : on m’a dit qu’il s’appelait Marc Lièvremont et c’est le sélectionneur. 
Marc Lièvremont et le plus beau drapeau du monde.

Et voici le gribouillage de Dimitri Yachvili, un beau brun vachement bien foutu ^^. Maintenant mon drapeau est le plus beau du monde et il vaut de l’or. Enfin, surtout si on gagne.
Dimitri Yachvili, qu'il est beau.


Après avoir passé plus de 2 heures sous les averses et dans le vent incessant, nous sommes gelés jusqu’aux os. Nous rentrons à la maison exténués. Aujourd’hui, j’ai gagné un autographe, une photo et une pneumonie. 

Message spécial à un certain Peter Bills, pseudo-journaliste : GO HOME, YOU ENGLISH BASTARD ! 

lundi 19 septembre 2011

France-Japon au North-Harbour stadium


Samedi 10 septembre

Pas le temps de souffler ce weekend, aujourd’hui c’est le premier match que va jouer la France pour cette coupe du monde. Notre équipe affronte le Japon au North-Harbour Stadium d’Albany, au nord d’Auckland.

La ville d’Auckland, sévèrement critiquée pour le cafouillage des trains lors de la cérémonie d’ouverture au Eden Park, a  bien fait les choses : avec chaque ticket vient un aller-retour gratuit en car pour le stade. Les cars partent de différents points d’Auckland pendant 1h30 avant le match et ramènent les spectateurs pendant 1h après le match. 

Nous prenons donc la route du centre-ville dès 15h30, avec une vague idée d’où se trouve le départ des bus. Sur place, le doute n’est plus vraiment possible, il suffit de suivre les gens peints en bleu-blanc-rouge ou le drapeau japonais. J’ai de la peine pour ces derniers : ça doit être terrible de se rendre à un match perdu d’avance (oui je sais, ma condescendance ne fait pas beaucoup de progrès). 

Au bout de 45 minutes de route plutôt calme, nous débarquons au North Harbour Stadium où un flot continu de personnes descendent des cars. Quoi ? C’est ça le stade ? Mais c’est tout petit ! Heureusement, comme hier, il fait un temps magnifique même si le vent s’est un peu levé. 


A l’entrée du stade, les vigils fouillent nos sacs et jettent ma bouteille d’eau. Heureusement qu’ils n’ont pas fait pareil avec les croque-monsieur, c’est le vigil qui aurait fini à la poubelle. Une fois dans les gradins, nous avons encore 1h30 à attendre avant le lancement du match. Tous les joueurs japonais semblent être sur le terrain pour s’échauffer alors que seul deux ou trois joueurs français se font quelques passes. 


Avec le temps, le stade se rempli et je constate un peu déçue que nous sommes encerclés de supporters japonais. IL y a quand même une famille avec 4 enfants qui sont pour les bleus et qui ont tôt fait d’apprendre à scander « Allez les bleus ! » même si ils ne savent pas ce que ça veut dire. Enfin, peu avant le départ du match, une brochette d’hommes d’âge mûr et bedonnants viennent s’asseoir à côté de Christophe, armés de packs de bières. Ils sont pour la France mais n’ont pas vraiment l’air français. A leur accent, ils ne sont pas kiwis non plus. 

Juste avant le début du match, des musiciens viennent faire une démonstration d’un gros tambour japonais (enfin, c’est ce que le type derrière moi à dit). Suivent les hymnes nationaux où on se rend compte que les supporters français sont bien plus bruyants, sinon nombreux, que les supporters du Jaopn. Enfin le match commence. 

Je ne vous refais pas le match, ça n’aurait pas vraiment d’intérêt mais en résumé, ça avait plutôt bien commencé, puis à la seconde mi-temps, les japonais nous ont presque rattrapé au score, et enfin, les bleus les ont achevé mais pas dans l’élégance. J’avoue m’être caché derrière mon drapeau plusieurs fois lorsque les japonais s’emparaient de la balle et faisaient de dangereuses avancées vers notre zone d’embut. Les supporters du Japon, eux s’étaient aussi trouvés un cri d’encouragement « NIPPON ! » et tapaient trois fois des mains. Cri qu’on entendait beaucoup trop souvent à mon goût.

En revanche, à chaque fois qu’un français tentait une action, je sautais sur mon siège en hurlant « COURS, MAIS COURS !! » ou encore dans les mêlées ou les mauls «POUSSE ! ALLEZ POUSSE ! ». Ce qui amusait beaucoup nos voisins, sérieusement alcoolisés à ce moment là, qui reprenaient d’ailleurs certains de mes hurlements « POUUUSSS ! POUUUSSS !! Pussy ! ». Et ceux-ci d’éclater de rire de leur si brillant trait d’esprit. Lorsque Christophe lors demanda leur provenance, ils répondirent en rigolant « Ozi ozi OZI !! » qui est le nom affectueux de l’Australie. En fait, on aurait pu s’en douter : des anglophones qui supportent la France, il n’y a pas à chercher bien loin. Ils nous ont même avoué supporter la France jusqu’à ce qu’elle élimine les All Blacks, dans le but de nous ratatiner après et de gagner la coupe du monde. Un air de déjà-vu peut-être ?

Le match fini, 47-21, nous retrouvons Sarah, Manu, Sabrina et Antoine et nous reprenons le chemin des cars. Une file d’attente à perte de vue s’allonge à l’entrée du parking. Mais avec une organisation et une logistique bluffantes, nous sommes dans un car en moins d’un quart d’heure d’attente. Nous sommes tombés sur un car rempli de Calédoniens survoltés qui entonnent toutes les comptines qui leur viennent à l’esprit. Nous avons donc eu l’occasion de chanter Pirouette-Cacahuète, Une Sourie Verte, Elle descend de la montagne, ainsi qu’une drôle de chanson dont les paroles revenaient à peu près à :

« Manger Américain pas bon, Manger Américain pas bon
Toujours manger Hamburger, toujours manger hambuger »  
« Manger Italien pas bon, Manger Italien pas bon
Toujours manger pizza, toujours manger pizza»

Etc, à chaque fois le pays changeait et le plat aussi. Le chauffeur avait même fini par en apprendre l’air.

Une fois en ville, nous avons eu la chance d’avoir un bus immédiatement pour Sandringham et nous nous sommes couchés ravis de cette journée, même si nous n’avions plus aucun espoir pour les français contre les All Blacks.

Bonus potin : Comme j’aime bien les potins, je vais vous raconter pourquoi les organisateurs des festivités d’ouvertures de la RWC se sont fait tirer les oreilles. Premièrement, et nous l’avons bien ressenti, les organisateurs ont été dépassés par le nombre de spectateurs présents sur Quay Street, 100 000 au lieu des 60 000 prévus. Les rues étaient dangereusement surpeuplées et si un mouvement de foule avait eu lieu, ça aurait été un massacre. Enfin ça ce n’est pas le plus grave puisque tout s’est bien passé.

Le meilleur, c’est qu’ils avaient conseillé aux gens munis de billets de se rendre au Eden Park en train depuis Britomart, la gare centrale d’Auckland. Or, là aussi, ils ont été dépassés par le nombre d’usagers. Evidemment, les trains étaient surchargés, évidemment certains passagers ont fait un malaise et évidemment…quelqu’un a tiré le signal d’alarme !! Jackpot ! Tous les trains se sont donc immédiatement arrêtés sur les voies et tous ces petzouilles ont raté le début du match, pour ceux qui ont réussi à voir le match tout court. Je ne précise même pas qu’un billet pour le match d’ouverture et la cérémonie valaient dans les 400$NZ. Le meilleur c’est qu’il parait qu’il y avait eu exactement le même problème lors du concert d’un mec connu au Eden Park et que les organisateurs avaient promis : plus jamais ça.
Voila pour le bonus potin.

dimanche 11 septembre 2011

Crouch, Touch, Pause...ENGAGE !!!


Vendredi 9 septembre

En ce vendredi 9 septembre 2011, les 5 millions de néozélandais et leur 60 millions de moutons n’ont rien à faire de la commémoration du 11 septembre 2001. Aujourd’hui, c’est le lancement de la Rugby World Cup 2011 (RWC11 pour les intimes et les fainéants).  Pour l’occasion, les kiwis, qui ne glandent déjà rien de manière habituelle, ont l’autorisation de quitter le travail à 15h00 afin de ne rien manquer des festivités. 

De manière approximative, la ville d’Auckland a prévu de nombreux spectacles pour la journée :
15h00 : ouverture du Cloud (on y reviendra)
16h00 : arrivée de 600 guerriers maoris en bateau de guerre traditionnel (waka)
16h15 : Haka géant par les 600 guerriers susnommés
16h30 : Procession des guerriers à travers Auckland
17h00 : Concert du Johnny Halliday kiwi du nom de Dave Dobbyn au Cloud
18h00 : Concert des Finn Brothers au Cloud
19h30 : Cérémonie d’ouverture au Eden Park
19h45 : Feux d’artifice sur la baie d’Auckland
20h00 : Coup d’envoi du premier match de la RWC : NewZealand – Tonga au Eden Park

Comme vous pouvez le constater, la plupart des trucs chouettes se déroulent au Cloud. Kesako ? C’est un bâtiment construit sur le Queen’s Warf, un des quais de Auckland et qui est prévu pour …12.000 personnes. Si on compte les 100.000 touristes venus juste pour l’occasion et les 1,3 millions de Aucklandais, je vous laisse faire le calcul. « Arrivez bien en avance ! » qu’on nous avait dit ! 
Le bâtiment avec un clocher, c'est le début de la queue
 Sarah, Manu et 2 autres français fraichement débarqués étaient donc dans le début de la file à midi et demi, sous un soleil de plomb comme seuls la Nouvelle-Zélande et son trou dans la couche d’ozone en sont capables. Moi, beaucoup moins motivée, je suis arrivée à 14h pour découvrir une file d’attente d’environ 1km qui s’étendait depuis le débarcadère des ferrys jusque de l’autre côté du port industriel, là où se trouve la plaque du Rainbow Warrior. 
Là ,c'est la fin, on voit le clocher au bout.
 Après une longue hésitation et une glace à la menthe, je me résigne à me mettre dans la file et attendre Christophe. Je me retrouve entourée d’une dizaine d’étudiantes venant de Syrie, d’Afrique du Sud, du Japon, d’Albanie et d’Argentine et nous commençons à discuter dans notre seule langue commune : l’anglais approximatif. 

A 15h00, les portes du Cloud s’ouvrent enfin et la file commence à avancer doucement. Vers 15h30, nous avons parcouru la moitié du chemin et Christophe vient de me rejoindre. A 16h, alors que la file semble avancer de plus en plus vite, un officier passe et annonce que le Cloud est plein, ce n’est plus la peine de faire la queue. Avec tout ça, nous avons complètement raté l’arrivée des wakas et nous sommes assez loin des écrans géants. 

Nous finissons par réussir à nous rapprocher de l’un des écrans pour voir la retransmission de Dave Bidule qui commence son concert. Premièrement, nous n’avons rien à faire du concert, deuxièmement, il n’y a pas le son et enfin, l’écran est orienté à l’est donc nous avons le soleil en face. 

Nous ne pouvons rien voir avec la foule, mais il y a des jeunes kiwis qui font un haka près de notre grand écran. Du coup, le son de notre écran a été coupé pour qu’on puisse entendre le haka. Résultat : nous pouvons voir le concert mais sans le son, et entendre un haka sans le voir. Il y a une foule compacte qui nous bouscule et il est impossible de s’arrêter, il nous faut suivre les mouvements de foule. De temps à autre, le son du concert revient, entre deux haka que nous ne voyons toujours pas.

Au bout d’un moment, l’écran cesse de diffuser le concert et montre les images de la procession de guerriers (kaihoe en maori). Il n’y a toujours pas de son mais je reconnais sur le fond de l’image les bâtiments qui sont tout autour de nous. En fait, la procession était en train de passer devant nous, mais avec la foule, on ne voyait rien. Finalement, on arrive un peu à se rapprocher pour voir passer le haut de quelques pagaies et des plumes de coiffes traditionnelles. Christophe mitraille au hasard avec son reflex, on regardera les photos pour savoir ce qu'il s'est passé.

Lorsque le défilé est passé, le concert reprend et nous n’avons plus grand-chose à faire. Notre principal souci est maintenant de trouver un endroit pour voir le feu d’artifice et la cérémonie d’ouverture. Nous pensons un moment monter au Mont Eden pour prendre de la hauteur mais il n’y aura pas d’écran pour voir la cérémonie au Eden Park. Finalement, un peu fatigués d’être bousculés et d’avoir raté les wakas, les hakas et les kaihoes, nous déambulons sans trop de but mais avec l’objectif de s’éloigner de la foule.

Nous nous éloignons du bord de mer et après avoir fait un tour de pâté de building, nous nous retrouvons sur le Princes Warf, le quai parallèle au Queen’s Warf où se trouve le Cloud.  Il n’y a pratiquement personne comparé à Quay Street et nous nous baladons le long du quai pour admirer le soleil qui commence à se coucher. Alors que nous faisons demi-tour, j’avise un groupe de français qui s’est assis au bord du quai, les pieds dans le vide et je me rend-compte que depuis ce quai, on voit parfaitement les deux écrans géants du Cloud, sur l’autre quai. Nous nous faisons une place et nous réalisons alors qu’on a aussi une vue imprenable sur toute la baie d’Auckland d’un côté et sur la ville de l’autre. 
L'inaccessible Cloud


Nous passons 1h30  à attendre, presque confortablement assis, en discutant un peu avec les autres français. Comme le soleil se couche, la température tombe rapidement et nous sortons avec bonheur les manteaux de ski que nous avons baladé durement toute l’après-midi. Comme, je ne vais nulle part sans à manger, à boire et un manteaux, nous en profitons aussi pour manger les croque-monsieur que j’avais préparé avant de partir. Sur fond de coucher de soleil, c’est le paradis. Ma voisine française, n’ayant pas fait preuve d’autant de prévoyance, se pèle les fesses et le reste. Il faut dire que la température est passée de 20°C à 7°C, je ne boude pas mon manteaux. Prise de pitié, je lui prête mes gants et mon bonnet en attendant la cérémonie.

Enfin, à 19h30, la nuit est complètement tombée et la fête commence. De notre position, nous voyons une partie des écrans, ça à l’air d’être vraiment bien au Eden Park. 

Mais le clou du spectacle, c’est le feu d’artifice. J’avoue qu’avec ma condescendance habituelle de française, j’avais un peu peur que « l’extraordinaire firework » annoncé soit à l’échelle de la Nouvelle-Zélande donc un peu ridicule. En fait, nous sommes tous restés scotchés à notre morceau de quai. Le feu était tiré simultanément de 4 barges sur la baie et de tous les plus hauts toits du CBD, ainsi, évidemment que de la SkyTower.  La SkyTower changeait entièrement de couleur selon les thèmes du feu d’artifice, en même temps que des dizaines de spots sur les toits faisaient un spectacle de lumière sur les rideaux d’eau d’un bateau-pompe au milieu de la baie, et même le port industriel participait avec les éclairages des ponts de levage et des porte-conteneurs. 


Pendant 12 minutes, nous sommes restés bouche-bée en criant de grands « AAAAAH » et « OOOOH » à chaque fois que le feu d’artifice redoublait de splendeur. La seule difficulté a été de voir tout le feu d’artifice puisque les barges étaient à notre gauche et la ville était à notre droite. Nous ne savions plus où donner de la tête et des yeux. Enfin, alors que nous avions ratés tous les wakas, un immense bateau de guerre est passé juste sous nos yeux, mené par 50 maoris. A la fin du feu d’artifice, la ville entière a explosé en applaudissements et en hurlements de joie, nous les premiers.

Des étoiles plein les yeux nous avons quitté le Princes Warf dans le but de rentrer à la maison voir le match à la télé. Aucun bus ne circulant vers chez nous (toutes les routes pour Eden Park étaient coupées), nous avions environ une heure de marche pour rentrer. Ne voulant pas partir sans prendre de précautions, j’insiste pour passer à des toilettes publiques. Les plus proches sont sur le Viaduc, un quai très huppé d’Auckland, perpendiculaire au Princes Warf. Alors que nous approchons le Viaduc, nous constatons qu’un écran géant s’y trouve et diffuse le match. Nous arrivons pile au moment du lancement, pour entendre les hymnes tonga et néozélandais, repris en cœur par les spectateurs autour de nous. Ensuite, c’est le meilleur moment d’un tel match : chaque équipe fait un haka devant l’autre. Impressionnant ! 

Pour votre culturation, voici les drapeau de la Nouvelle-Zélande et de Tonga
 Finalement, après être passés aux toilettes, nous sommes happés par le match et nous restons à le regarder jusqu’au bout. Nous sommes bien-sûr supporters de la NZ et nous ne sommes pas déçus par notre équipe d’adoptions : les essais s’enchainent à toute vitesse et les All Blacks sont presque élégants pour des rugbymen. Il faut reconnaître que l’équipe de Tonga s’est bien défendu malgré tout. A la deuxième mi-temps, elle a réussi à amener le ballon jusqu’à 5 mètres de la ligne d’embut des All Blacks et, au prix de 5 minutes et d’une dizaine de mêlées, a réussi à marquer un laborieux mais satisfaisant essai.

Lorsque le match se termine, il est temps de rentrer. Demain, le premier match des bleus nous attend. Nous avons des places pour France-Japon au North Harbour Stadium d’Albany, et à ce moment-là, notre victoire ne fait aucun doute, du moins contre le Japon. Par contre, pour le match France-NZ du 24 septembre, nous nous sentons un peu moins en confiance.