vendredi 1 novembre 2013

Pouakai track - Mt Taranaki

Vendredi 26 octobre 2013
Ce soir commence le weekend de 3 jours célébrant la fête du travail kiwie. L'an dernier nous avions été à Sydney mais cette année, Colas nous a rejoint chez les kiwis et nous allons passer le weekend tous ensemble. Au programme : une randonnée de 2 jours au pied du Mt Taranaki en suivant le Pouakai track, avec 2 nuits en refuge/tente. Les prévisions météo sont très pessimistes mais nous avons décidé de descendre quand même et improviser si la randonnée choisie s'avérait impossible. Il faut dire qu'elle contient le passage à gué d'une rivière infranchissable en cas de forte pluie.

Comme il y a plus de 5h de route entre Auckland et le Mt Taranaki, nous avons tout préparé et empaqueté avant de partir au travail et nous descendrons directement en sortant du boulot. Nous passerons la nuit dans un camping à mi-chemin, à Te Kuiti, pour pouvoir commencer la randonnée samedi midi. Colas est supposé se trouver vers le centre de l'île et nous rejoindra à Te Kuiti pour qu'on finisse la route ensemble... jusqu'à ce que je reçoive un email vendredi midi : "C'est Colas, je suis chez vous à Auckland, vous repassez par là avant de partir ?".

A 17h, Colas a rejoint Christophe à la sortie de son boulot et je les récupère tous les deux, c'est parti !

Nous avons plus ou moins réservé une "cabine" dans l'unique camping de Te Kuiti. Le propriétaire n'ayant pas l'air d'avoir inventé la poudre, nous sommes soucieux d'arriver avant la fermeture à 21h. Nous avons demandé ce que nous pourrions faire si on arrivait plus tard que cela, le propriétaire a réfléchi longuement avant de répondre "Euuh chais pas".

A 21h03, après un passage express au Mc Donald (unique point de restauration ouvert après 19h en NZ), nous arrivons au camping. Le propriétaire est toujours là, en fait, il vit dans une des caravanes miteuses avec un écriteau "After hour office" sur une des vitres. Il nous demande de payer la cabine mais ajoute qu'il ne prend pas les cartes bleues. "Ah bon c'est ennuyant, on n'a pas de cash, comment on fait ? " "Euuh chais pas." répond-il. "Il y a des distributeurs dans le coin?" "Euuh oui, plus loin sur la rue principale". "Ok, on va retirer et on revient." "Euuh bon d'accord".
Après ce profond intermède, nous nous couchons dans notre super cabine, un préfabriqué tout confort avec un lit double et une lampe.

Samedi 27 octobre
Après une nuit bien fraîche (vous aurez noté l'absence de chauffage dans mon état de lieux), nous petit-déjeunons et repartons sous le regard vide du propriétaire. Au passage, nous avons rencontré une famille de français qui avait trouvé à tout critiquer dans ce pauvre camping. On ne se refait pas.

La route tortille pas mal jusqu'au Taranaki National Park, impossible de voir le fameux volcan avant d'avoir pratiquement le nez dessus. Malgré les prévisions météo pessimistes, il fait grand beau temps et quand nous arrivons enfin en vue de la montagne, seuls quelques petits nuages en cachent le sommet. Vers 11h30, nous sommes enfin au visitor center du pied de la montagne. La météo prévoit de fortes pluies pour la nuit et le lendemain et, éventuellement une amélioration pour le lundi. Autant dire que nous ne sommes toujours pas avancé pour le passage de la rivière. Nous décidons de partir quand même et achetons des tickets pour la nuit au premier refuge. Au visitor center, nous avons aussi appris que le Mt Taranaki (ou Mt Egmont) entre en éruption tous les 300 ans et que la dernière éruption date de 1700...

Le temps de déjeuner et de finir nos sacs, il est midi et demi, on se met en route pour les 4 heures de marche jusqu'au refuge. J'ai bien regardé la carte topographique avant de partir, ça ne va pas être du gâteau. Comme toujours en NZ, dès qu'il s'agit de grimper une montagne, personne n'a voulu s'embarrasser à faire des lacets. C'est donc par des escaliers et des marches que nous montons tout droit sur le flanc.

Après 2km de montée à 20% (j'ai calculé) à souffler, cracher et maudire les rangers, nous voila bien récompensés: le chemin débouche du bush pile en face du sommet. Le ciel s'est complètement dégagé grâce au vent qui souffle en bourrasque, c'est le moment de faire la pause photo. Précisons que Colas s'est fait un plaisir de gâcher toutes les photos de lui en faisant des gestes disgracieux. Il n'y a donc que des photos de lui prise en surprise.




Après cela, le chemin serpente tranquillement le long du flanc du Taranaki, à l'abri d'immenses coulées de lave solidifiées. La marche est tranquille mais nous passons notre temps à enlever et remettre nos blousons et bonnets selon que l'on est à l'abri du vent glacial ou non. De temps à autre, nous nous empiffrons d'abricots secs, de graines en tout genre et de chocolat. C'est ce qu'il y a de bien quand on fait de l'effort, on peut manger tout ce qu'on aime sans mauvaise conscience. Par contre, il faut tout balader sur soi, poids contre gourmandise, c'est un dur dilemme.


Au bout d'un moment, nous finissons par contourner un bon morceau du volcan et nous apercevons enfin le nord de la région et son marécage. La traversée du marécage étant prévue pour le lendemain, cela veut dire que nous sommes bientôt arrivés au refuge. Oh joie! j'ai déjà mal partout.

En fait non, pas du tout, il reste au moins une bonne heure de marche. En chemin, il y a de petits panonceaux éducatifs. L'un d'entre eux parle des escargots de la région, et notamment d'un escargot bleu extrêmement toxique et qui serait à l'origine de la mort de plusieurs vaches du coin, et même d'un éléphant d'un cirque passant par là. Nous n'avons jamais su si il s'agissait du dahu local mais nous avons passé le reste de la randonnée à chercher le fameux escargot sans jamais en trouver. Pourtant ça doit se déplacer moins vite qu'un dahu.

Enfin, comme nous approchons fortement du marécage, le sol a été recouvert d'un chemin en caillebotis pour protéger la végétation. Ca part d'une bonne idée mais les interstices entre les lattes empêchent de planter ses bâtons tranquillement. Les parties en descentes sont aussi recouvertes de caillebotis mais en forme de marches. Des marches, toujours des marches.

Enfin, nous passons un merveilleux panneau annonçant le refuge à 5 minutes. Christophe fait remarquer qu'il reste au moins 3 heures de jour, largement de quoi atteindre le refuge suivant. Un regard meurtrier plus tard, nous voila sur le chemin de la première "hut". Enfin arrivés, nous pouvons nous délester de nos sacs et chaussures, c'est fantastique.

Le refuge est grand, avec une grande salle commune et 3 dortoirs. Le refuge étant déjà bien rempli, il ne reste que des matelas en mezzanine. Nous nous installons dans un dortoir avec une demi-douzaine de jeunes et déroulons les sacs de couchage. Le refuge est tout confort mais les toilettes sont à l'autre bout de la pelouse, et ce sont des "long drop" : des toilettes avec un siège au-dessus d'une grande fosse. J'ai horreur de ces toilettes parce que dans la fosse, il y a le Monstre du Long-Drop. En plus, la fosse n'est pas hermétique et il y a toujours un courant d'air qui vient d'en-dessous, comme le souffle d'un monstre.

Après un pipi terrorisant et un lavage de main à l'eau de fonte des neiges (c'est froid), il est temps de commencer tranquillement à préparer le repas. Au menu : des cacahuètes pour l'apéro, des pâtes avec du concentré de tomate et du parmesan râpé, et du chocolat en dessert. Comme on est super bien équipé, nous avons notre bouteille de gaz et un brûleur ultra-léger acheté en France. Vous savez quoi ? Les orifices de bouteille de butane ne sont pas universels : la valve du brûleur n'est pas compatible avec notre bouteille.

Va-t-on manger des pâtes crues ? Non car de gentils kiwis nous offrent d'utiliser leur brûleur kiwi ! Un quart d'heure plus tard, nous mangeons notre repas bien chaud comme prévu. Par contre, notre dîner de demain est légèrement compromis vu que nous camperons au milieu de rien.

Pendant que nous mangeons, le temps a tourné dehors et il pleut à verse. Nous allumons notre bougie et Colas en profite pour recoudre les boutons de sa chemise qui se défont. Un peu plus tard, un groupe canado-germano-slovaque arrive tout trempé et s'installe à côté de nous. Nous partageons notre morceau de bougie et la conversation s'engage sur la faisabilité du Pouakai circuit par ce temps. Eux aussi ont prévu de faire le chemin mais ils pensent changer de programme. Nous partageons aussi notre carte et discutons des alternatives.

Enfin, nous allons nous coucher. Le couchage en mezzanine est plutôt une bonne idée, il y fait bien plus chaud qu'au sol. Les jeunes qui partagent notre dortoir n'ont pas l'air près de se calmer mais grâce à mes bouchons d'oreilles, je n'entends rien et m'endors tranquillement.

Dimanche 28 octobre
Dehors il pleut toujours à verse, avec des passages de grêle pour varier les plaisir. Autant dire que nous ne sommes pas pressés de partir. Nous empruntons de nouveau un brûleur pour préparer le chocolat chaud et petit-déjeunons de gâteau au chocolat, gingernuts, nutella, beurre de cacahuète et jus d'orange recomposé. Mais même avec tout ça, impossible de se décider quant à la suite du programme. Par ce temps, le franchissement de la rivière est impossible mais il se situe à plus de 7 heures de marche et le temps pourrait s'améliorer entre temps. Nos compagnon de la veille ont décidé de changer de programme, ils feront demi-tour puis prendront un autre chemin pour redescendre.

Le temps de ranger nos affaires, la pluie semble s'arrêter. Nous décidons de nous donner encore un peu de temps en faisant une courte escapade jusqu'à une chute d'eau voisine. Le chemin est complètement inondé et s'est même transformé en ruisseau sur quelques sections. Malgré tous mes efforts, au bout de 10 minutes je sens de l'humidité dans mes chaussures. Au bout de 20 minutes, elles sont bien mouillées. Au bout de 30 minutes, mes pieds font sploch-sploch à chaque pas, et l'eau est froide.

La cascade est très belle et tombe de 31 m depuis le plateau du marécage. Nous n'avions pas emporté nos appareils photos à cause de la pluie mais en voici une photo. Il faut juste imaginer du brouillard et une bruine fine par dessus.

Le retour au refuge est entièrement en montée et même sans mon sac à porter, je suis déjà bien fatiguée en revenant au refuge. Je me vois mal marcher entre 6 et 7 heures de plus jusqu'à un hypothétique espace pour camper. En plus mes chaussettes et mes chaussures sont trempées et glacées et je me suis rendue compte que je n'avais emporté qu'un seul gant. Néanmoins, le Taranaki est loin d'Auckland et j'ai passé toute une semaine à repérer cette randonnée alors ce n'est plus le moment de bouder. Une visite au monstre du long drop et nous prenons la route initialement prévue.

Avec toute la pluie, le chemin en caillebotis du marécage est entièrement sous 5cm d'eau. Comme nous n'avons plus à nous soucier de garder nos pieds au sec, nous pataugeons allègrement. Le seul soucis est de ne pas faire entrer trop d'eau glacée en même temps enfin de baigner dans une eau raisonnablement tiède. Ca ne marche pas très bien mais l'effort nous tient au chaud, même avec un seul gant.
Des caillebotis pour traverser le swamp

Les ninjas du marécage
De l'autre côté du marécage, le chemin repart en montant, toujours par des marches et des escaliers et nous nous retrouvons à nouveau dans le bush. Après 3 heures de marche et 300m de dénivelé, nous atteignons la crête du Pouakai, un petit massif qui fait face au Mt Taranaki. Le second second refuge du chemin est un peu plus loin et comme il est bientôt midi donc nous décidons de nous y arrêter déjeuner. Le vent souffle fort mais le soleil est apparu. Plutôt que d'enlever nos chaussures pour pouvoir rentrer dans le refuge (avec le risque de ne pas vouloir les remettre), nous nous installons sur la terrasse pour pique-niquer : oeufs durs, pain, "pâté", "camembert", fromage et chocolat. Au moins, on ne meurt pas de faim.
La flaque près des chaussures, c'est l'eau des chaussettes de Christophe.

Nous n'avons effectué que la moitié de l'étape du jour alors malgré le froid et le vent, nous quittons notre abri et repartons. J'appréhende particulièrement les deux petits pics indiqués sur la carte. En attendant, le chemin descend doucement au milieu d'un bog (ou tourbière ombrotrophe d'après wikipedia) saturé d'eau avec quelques petits étangs et nous marchons toujours sur les caillebotis que nous commençons à détester.

Enfin nous arrivons au pied du premier pic. Nous redoutions d'interminables volées de marche mais le DOC a trouvé beaucoup plus efficace : des échelles. 120m de dénivelé par des échelles, quoi de meilleur pour un dimanche après-midi ? En plus, le pic est très exposé au vent et, à plusieurs reprises, une bourrasque un peu violente me fait faire un pas un peu trop proche du bord à mon goût.
Des échelles on vous dit !
Au moins les echelles nous font monter vite et nous sommes rapidement au sommet. "How high is Henry Peak?" demande un panonceau éducatif. "Ca dépend de ce qu'il a fumé" répond Colas.
Blague à part Henry Peak est à 1224m et on y a une vue à 360° sur le grand marécage et les pâturages autour. Les nuages ont commencé à se disperser mais le Mt Taranaki est toujours caché. La bonne nouvelle c'est que Henry Peak était censé être le second pic à monter sur le chemin. Nous avons passé Maud Peak sans nous en rendre compte tellement on est fort. Il ne reste plus qu'à tout redescendre jusqu'au passage à gué. Il devrait s'y trouver un abri et nous y camperons ce soir.

Le chemin redescend, toujours avec les insupportables caillebotis qui nous empêche d'utiliser nos bâtons pour s'appuyer. Bientôt nous quittons le bush et entrons dans la forêt primitive néo-zélandaises avec de grands arbres rouges et des milliers de fougères. Dans la forêt, il n'y a plus de caillebotis alors nous pataugeons maintenant dans la boue, toujours en descendant et en s'agrippant aux racines pour garder l'équilibre.
Des petites fougères entre les grandes fougères.
Enfin, après une bonne heure de descente et très mal aux genoux, nous entendons la rivière loin en contrebas. Encore un peu de descente et nous atteignons l'abri du soir. C'est un abri constitué de 3 murs, un toit et 3 bancs en bois pour permettre aux randonneurs de s'y abriter en attendant que le niveau de la rivière descende. Nous y posons nos sacs et descendons encore une f**** échelle pour aller voir la rivière.

Il n'a plus plu (plu-plu) depuis ce matin et le niveau est tout à fait franchissable. Si cela nous importait, nous pourrions même la franchir les pieds secs, ou du moins pas plus mouillés, en passant de rocher en rocher. A droite de la rivière, une grande falaise couverte de mousse forme une grande courbe. En voici une photo panoramique complètement déformée par l'angle de vue. En même temps, c'est dur de faire une photo ronde d'un paysage courbé.

Nous restons un moment puis remontons à l'abri. Nous déroulons nos tapis de sol, et puisqu'il n'y a pas de repas chaud à préparer, nous nous occupons en jouant au Uno en mangeant du fromage et des cacahuètes. Quand la nuit tombe nous jouons encore un moment à la lueur de la bougie puis nous nous couchons en nous préparant à passer une nuit inconfortable. Au moins, la pluie a repris donc il ne devrait pas faire trop froid.

Lundi 29 octobre.
Contrairement à mes suspicions, nous avons survécu à la nuit. La pluie n'a pas duré et il a finalement fait très froid mais le jours se lève et nous sommes toujours vivant.

Après un petit-déjeuner sans chocolat chaud, nous repartons pour le franchissement de la rivière et la dernière partie du Pouakai Circuit. La rivière est finalement bien moins facile à franchir une fois nos sacs sur le dos mais nous y parvenons sans mettre les pieds dans l'eau.
En petit en bas, c'est nous.
La dernière partie n'est pas la plus reposante. Nous avons descendu 500m d'un coup depuis Henry Peak et il nous faut maintenant monter et redescendre dans plusieurs vallées avant de remonter au visitor center. Alors que sommes presque arrivés, nous avons le choix entre rentrer par la route en 45 minutes ou par le chemin en 1h30. A peine avons-nous choisi de faire le chemin jusqu'au bout que nous regrettons amèrement notre décision. Les derniers 200m de dénivelé à monter se font dans la forêt, à coup de marches plus hautes que ma taille. C'est absolument épuisant.

Pour couronner le tout, Colas a eu la riche idée de se cacher derrière un arbre en m'attendant et de me jeter son bâton de marche au moment ou je passais. Le bâton m'a touche pile dans mon genou gauche déjà bien fatigué et fait une grosse bosse. Il semblerait que je manque complètement de sens de l'humour puisque je n'ai pas trouvé ça aussi drôle que Colas.
Enfin bref, fidèle à ma décision de devenir une meilleure personne, j'ai combattu mon envie de le jeter du haut de la falaise et nous avons repris le chemin.

Enfin, en ce midi de lundi de fête du travail, nous arrivons au visitor center ! Le temps de nous changer et nous décocher du registre des randonneurs du parc, et il nous faut déjà reprendre la route. Je reçois alors un étrange texto de ma patronne voulant savoir si j'allais bien. Nous l'ignorions à ce moment mais un jeune couple avait escalader le sommet du volcan et s'était retrouvé coincé par une tempête de neige. Les journaux en avaient parlé sans donner les noms et mes patrons avaient imaginé le pire.

Arrivée !
Encore 5 heures de route jusqu'à Auckland et le weekend s'achève.

Bilan : Un excellent weekend où nous avons été très chanceux pour le temps. La prochaine fois nous emporterons un réchaud à alcool, encore plus léger que le réchaud à gaz et compatible avec n'importe quoi. Je ferai aussi attention à emporter 2 gants, c'est quand même plus pratique.

vendredi 20 septembre 2013

This is Tonga - Jour 4

Vendredi 23 Aout 2013

Nage avec les baleines : tout vient à point à qui sait attendre... et attendre, et attendre.

Aujourd'hui, c'est le grand jour ! Nous allons nous baigner avec des baleines en plein océan Pacifique !
La journée commence tôt, le capitaine passe nous chercher en voiture à 7h30. Visiblement, il a eu le temps de se faire attaquer par les moustiques, il dit ne jamais en avoir vu autant au même endroit. J'en conclus donc que nous avons trouvé la seule guesthouse infestée de moustique et que le reste de l'île n'en compte pas autant. Sur le chemin du port, nous récupérons un autre aucklandais, Graham, l'incarnation du papi kiwi dans toute sa splendeur : un grand short, des sandales, des chaussettes, un grand chapeau et le visage couvert d'1cm de crème solaire.

Après 10 minutes à contourner tous les nids de poule, nous arrivons au "port" de Neiafu et nous embarquons avec Graham, Isi le guide, Andrew le capitaine, et 4 autres touristes. Dans le lot, il y a une grosse australienne et je pense "au moins voilà une baleine avec laquelle on se sera baigné". C'est pas très charitable.

Nous nous hissons tous tant bien que mal dans nos combinaisons et nous mettons les gaz. Comme promis, c'est le bateau le plus rapide et c'est vrai que ça décoiffe. Nous passons chercher le 8ème membre du groupe sur son catamaran puis nous partons à la recherche des baleines. Nous sommes répartis en 2 groupes de 4 et Isi nous explique que le premier groupe à repérer une baleine pourra aller dans l'eau d'abord. Je regrette qu'il n'ait pas dit "le premier groupe à crier 'baleine!'" parce que sinon, on n'aurait vite gagné.

Le capitaine nous amène au dernier endroit où des baleines ont été vues la veille et ainsi commence une longue, longue vigie. Isi nous explique qu'on repère les baleines grâce à leur souffle, à une nageoire levée ou en repérant leur queue quand elles plongent. Moi j'imagine un souffle de la taille d'un geyser mais il n'y en a aucun en vue.

Enfin, après plus de 40 minutes à scruter les flots, le groupe avant repère un souffle et nous nous mettons en route. J'ai beau chercher dans la direction indiquée, je ne vois absolument rien. C'est normal, la baleine vient respirer 3 fois puis replonge pour environ 15 minutes. Nous voila donc à attendre un quart d'heure de plus pour retrouver notre baleine. La journée promet d'être longue.

Petit jeu : saurez-vous repérer une baleine grise, sur fond gris, avec la mer grise ? L'homme à droite, c'est Isi le guide tongien. 

Solution : on voit le souffle puis le dos de la baleine à 0'07" puis à 0'42".

La baleine finit par remonter respirer puis replonger. Isi se glisse alors dans l'eau et nage jusqu'à l'endroit où elle vient de disparaître puis la repère. Il fait signe à l'autre groupe de le rejoindre. C'est un grand mâle venu dans un coin peu profond pour chanter. Il plonge à une vingtaine de mètres puis chante la tête en bas pendant 15 minutes avant de remonter respirer. Andrew explique que lorsque la baleine remonte, il faut tous être du même côté pour qu'elle nous voit. Normalement, elle remonte, se tourne pour regarder les nageurs de près et continue pour respirer. Manque de chance, celle-ci n'a pas l'air de vouloir les regarder et s'éloigne avant de remonter.

Lorsque la baleine s'est éloignée, le groupe remonte sur le bateau et nous partons à sa suite. C'est assez facile de repérer l'endroit où elle a replongé grâce à d'énormes remous qui restent à la surface quelques minutes. Isi repère de nouveau le mâle et c'est à notre tour d'aller dans l'eau ! L'eau est très douce et les combinaisons aident bien à flotter. Nous restons immobiles au-dessus du grand mâle en l'écoutant chanter. L'eau est trouble à cause de toutes les pluies des jours précédents donc nous distinguons à peine le bout de la queue. C'est quand même extraordinaire et le chant résonne très fort dans nos ventres. On ne peu pas dire que ce soit très mélodieux mais c'est carrément magique ! Enfin la baleine remonte, un moment un peu effrayant lorsque nous voyons un monstre de la taille d'un bus se redresser juste en dessous de nous. Mais comme pour l'autre groupe, la baleine s'éloigne sans venir nous regarder de près.


De nouveau nous remontons et nous repartons la chercher mais cette fois la baleine a plongé plus profond. Isi pense qu'on la dérange alors nous la laissons tranquille pour chercher une autre baleine. C'est reparti pour une longue vigie. Au moins, je sais que nous ne cherchons pas un geyser mais un tout petit plumeau d'eau, difficilement discernable sur fond de ciel gris. Nous retrouvons un mâle plus loin mais le temps d'atteindre le point de sa plongée, les remous ont disparu. Nous attendons encore 15 minutes. Finalement, il ressort et Isi va à sa recherche. Le premier groupe le rejoint mais après moins que 5 minutes, la baleine plonge plus profond et disparaît. Celle-là non plus ne veut pas de nous, on s'en va.

Avec tout ça, il est midi et pendant que nous avançons tranquillement entre les îles inhabitées, nous prenons notre déjeuner. Des sandwich, des chips de kumara (kumala en tongien) et des fruits frais. Pendant ce temps, le temps s'est bien dégagé et il y a peu d'ombre sur le bateau, mes jambes commencent sérieusement à cuire malgré la crème solaire. Après manger, nous repartons à la chasse à la baleine. Je ne sais pas comment les japonais font pour en tuer autant, c'est vachement dur à trouver malgré leur taille.

Un peu plus tard, nous en retrouvons une, encore un grand mâle. Le temps d'arriver sur place, il a disparu. Il ne reparaît que 20 minutes plus tard et bien plus loin que prévu. Nous repartons à sa poursuite. La baleine ressort plus loin puis replonge mais sans faire de remous, ce qui complique beaucoup le repérage pour Isi. Au bout de plusieurs tentatives, on se rend à l'évidence: la baleine ne plonge pas pour chanter, elle est en train de voyager, ce ne sera pas encore celle-ci avec laquelle on pourra se baigner. Heureusement, elle suit la même route que nous et pendant près de 10 minutes, nous avançons côte à côte, ce qui nous permet de l'observer en toute tranquillité et ce n'a pas l'air de la déranger. Elle fait au moins 2 ou 3 fois la taille de notre bateau, c'est extraordinaire. Lorsqu'elle s'enfonce un peu dans l'eau, on ne distingue plus qu'une immense forme sombre qui glisse à quelques mètres de nous. Pourvu qu'elle vienne pas donner un coup de tête ou de queue dans notre bateau !

Finalement, on repère un nouveau plumeau à l'horizon et nous en prenons la directions. C'est le même jeu de patience qui recommence. On voit la baleine, le temps qu'on arrive, les remous ont disparu, on attend encore un quart d'heure, on retrouve la baleine, Isi ne la trouve pas, on attend encore, etc. L'après-midi avance bien, on a chaud, la combinaison nous étrangle un peu, mes bras brûlent à leur tour, on attend, on attend.

A chaque fois qu'on repère une baleine, l'excitation monte en flèche, on saute dans nos palmes, masque et tuba, puis la baleine disparaît avant même qu'on puisse entrer dans l'eau et on enlève nos palmes, masque et tube en jurant que c'est bien la dernière fois qu'on fait ça. Puis une baleine apparaît et on ressaute dans nos palmes de nouveau tout excités.

Vers 17h, nous n'avons toujours pas trouvé de baleine sympathique, j'ai les bras et les mains sévèrement brûles, je veux rentrer à la maison, bouhou. De nouveau, je jure de ne plus retourner dans l'eau, baleine ou pas baleine, et j'enlève ma combinaison. Un peu plus tard, le capitaine déclare, "this whale sucks, let's go home". On sent qu'il est très déçu de ne pas nous avoir offert de meilleures baignades mais nous sommes quand même contents de prendre le chemin du retour .

Et là... au loin devant nous... pas un, mais trois plumeaux, dont un petit, s'élèvent au dessus de l'eau! Andrew sautille de joie et fonce vers les plumeaux. Nous réalisons l'approche finale très doucement, en faisant de larges cercles. C'est bien ce qu'on a vu, une mère, un petit et un escort sont en train de se reposer près d'une falaise. Isi se glisse à l'eau sans faire de bruit et les repère. Il fait un signe et nous nous glissons tous aussi furtivement que possible. Il faut être très discret et rester à une bonne distance pour ne pas les effrayer. Le ciel s'est bien assombrit avec la fin de la journée et je ne distingue que les deux adultes immobiles. L'un est vertical avec la tête en haut, l'autre est horizontal, la tête au même niveau que le premier. Sans ma combinaison, je tremble de la tête au pied mais il est hors de question de sortir de l'eau. C'est presque difficile de se souvenir de respirer devant ce spectacle.

Une dizaine de minutes plus tard, les baleines commencent à bouger et cette fois, tout le monde retient son souffle. La baleine verticale remonte et s'incline, la baleine horizontale commence à avancer vers nous, et enfin je distingue une mini baleine qui s'agite autour des deux grandes. Les trois monstres passent doucement juste à côté de nous en nous regardant et vont respirer. Quand elles nous ont dépassés, nous tentons de les suivre à la nage, mais elles sont bien trop rapides, même sans avoir l'air de se presser.

Nous remontons dans le bateau et c'est à l'autre groupe d'y aller. On est tous complètement excités, on compare les prises de vue sur les appareils photos mais la lumière est trop faible. Il faudra se contenter de s'en souvenir. Lorsque l'autre groupe revient tout aussi excité, Andrew pense nous faire retourner dans l'eau mais Isi pense que ce n'est pas une bonne idée. Le grand mâle n'avait pas l'air d'apprécier notre présence et semblait pousser la mère et le petit loin de nous. Nous, on s'en fiche, on a des étoiles plein les yeux, on rentre avec le sourire jusqu'aux oreilles. J'attendrais bien encore 8 heures en plein soleil si c'était pour revoir un tel spectacle.

Nous n'avons donc aucune image des trois baleines mais j'ai trouvé de photos sur internet qui ressemblaient beaucoup à ce qu'on a vu.



Nous rentrons au port mais la journée est loin d'être finie. Nous attendons qu'Andrew aille ancrer le bateau dans la baie pour qu'il puisse nous ramener à la guesthouse. Comme il n'a pas de canot, il faudra qu'il rentre à la nage depuis le bateau. Heureusement, un de ses amis repère un canot sur la plage mais il n'a pas de pagaie. Aucun problème, il met le canot à l'eau et part en pagayant avec les mains. C'est hilarant de les voir pagayer avec les mains, les fesses dans leur mini-canot. La gérante de la compagnie nous explique que les gens laissent toujours les canots sur la plage mais sans pagaies parce qu'elles se font voler.

Isi et Andrew, avec notre super bateau
Après ce bon fou rire, nous reprenons la route. Alors que nous sommes sur une section sans nid de poule et donc à plus de 60km/h, des vaches déboulent du côté de la route. Andrew freine de toute ses forces et nous nous arrêtons à moins de 10cm d'une vache qui nous jette un regard vide. Nous repartons prudemment et rentrons sans plus d'incident à la guesthouse.

La journée n'est toujours pas finie puisque Isi et Lee sortent à un bal à Neiafu ce soir. Nous avons donc décidé de ressortir manger au seul restaurant "occidental" de Neiafu pour ne pas qu'ils aient à cuisiner pour nous. Nous partons tous avec Isi au volant pendant que Lee essaye tant bien que mal de finir de se coiffer et maquiller. Isi roule comme un fou et après l'épisode de la vache, on est à peu près sûr de mourir ce soir, mais non, nous arrivons entiers.

Le restaurant est réputé pour ses pizzas et j'ai assez faim pour manger une baleine entière. Avec un petit cocktail pour fêter la journée, cela semble parfait. Sauf que le cocktail était peut-être un peu trop chargé ou la pizza pas si fraîche, et 20 minutes après dîner, alors que nous marchons dans les rues de Neiafu, j'ai très très mal au ventre. Je ne fais pas de dessin mais nous avons tout juste le temps de retourner au restaurant et atteindre les toilettes avant la catastrophe.

Une misérable demi-heure plus tard, Isi et Lee passent nous chercher et nous rentrons car la journée est enfin finie !

(à suivre... peut-être)

dimanche 8 septembre 2013

This is Tonga - Jour 3

Jeudi 23 aout 2013

Aujourd'hui, rien de prévu pour moi, c'est Christophe qui va passer une journée à faire de la plongée avec un groupe. Evidemment, le départ est à 7h donc pour ne pas faire préparer 2 fois un petit déjeuner à notre hôte, je me lève aux aurores pour petit-déjeuner avec Christophe. Pour une fois Malee n'est pas un pleine action avec l'un des chiens du voisinage. Une fois débarassée de Christophe, je retourne me coucher pour ne me réveiller qu'à 11h. Faut dire que je ne dors pas très bien la nuit. Il fait chaud, le lit est étroit et le matelas tellement mou que je glisse en permanence vers Christophe. Et Christophe, il tient chaud.

Rien de spécial jusqu'au déjeuner, où Isi me prépare le meilleur fish and chips que j'ai jamais mangé. Avec une panure très légère autour de filets de snapper (le meilleur poisson du monde) et une sauce délicieuse pour tremper dedans. Isi a ajouté des branche de basilic à la forteresse de tortillons anti-moustiques. Ca sent bon mais ça ne marche pas franchement.

Après manger, je m'installe avec Lee qui entreprend de me raconter l'histoire du restaurant-guesthouse, ses projets, son boulot en Australie et la vie de famille à la tongienne. Je pense que pour ce qui est des relations familiales, "Les feux de l'Amour" et "Plus belle la Vie" trouverait à Tonga une inspiration illimitée : Isi a été précédemment marié (mariage arrangé) à une femme plus âgée qui avait menti sur son age. Ils ont la garde partagée d'un petit garçon qui a en fait été adoptée par la soeur d'Isi quand elle avait 17 ans. Mais comme elle était trop jeune et sans emploi, c'est eux qui garde le gamin. Enfin, c'est plutôt l'ex-femme d'Isi et elle refuse que le garçon reste dormir chez Isi et Lee de peur que Lee empoisonne le gamin. Isi lui même avait été donné par ses parents à un couple sans enfant, mais il s'est enfuit de chez eux pour rentrer chez ses parents. Et plein d'autre histoires dignes de feuilleton américain.

Christophe rentre vers 15h alors que je partage mon temps entre bouquiner à l'ombre et m'enduire d'anti-moustique. Tant que le produit est efficace, il n'y en a aucun qui vole autour de moi. Mais dès que Christophe arrive, puisqu'il ne craint pas les piqures, il ne met pas de produit et c'est de nouveau l'invasion. Sa plongée à l'air de s'être bien passée, il a juste heurté un corail et s'est écorché le pied. Il a aussi vidé la batterie de ma camera étanche et comme il n'y a pas d'électricité pour la recharger, je suis un peu contrariée.

Un peu plus tard, Isi passe nous offrir une noix de coco chacun qu'il décapite d'un coup de machette expert. Vous saviez que la noix de coco facilitait le transit intestinal ? C'est un peu le pruneau d'Agen des pays tropicaux sauf que c'est plus dur à mâcher. Bref, c'est super efficace.

Après cela, rien de bien passionnant. On bouquine sur la plage, on observe la nuit tomber malgré la couverture nuageuse, puis vient le diner. Isi teste une nouvelle technique pour chasser les moustiques. Il fait bruler des petites noix qui poussent dans un arbre voisin. Ca marche peut-être mais pas suffisamment pour me passer d'anti-moustique.
Vas-y, prends un air profond !
Après manger, le ciel s'est enfin dégagé et on découvre le ciel tel qu'il est sans pollution lumineuse. Après une vingtaine d'essais de réglages différents sur l'appareil photo, on obtient quelque chose de pas trop mal. Enfin, on va se coucher parce qu'une grosse journée est prévue demain : la baignade avec les baleines !


(à suivre)

samedi 31 août 2013

This is Tonga - Jour 2

Mercredi 21 août

Ce matin, c'est grasse matinée, on ne se lève pas avant 9h. Comme le petit déjeuner est inclus dans la location, nous n'avons qu'à nous habiller (et nous enduire d'anti-moustique) pour aller prendre le petit déjeuner que Lee nous a préparé. Comme il fait jour, nous découvrons en même temps la guesthouse et le panorama. Vindiou, c'est joli !
notre beachhouse
le restaurant
Panorama un peu raté de la vue à marée basse

Malee, la chienne de Lee, est visiblement en chaleur, ce qui n'a pas echappé à deux chiens errants du coin. Pendant que nous nous régalons de bananes, papayes (pour Christophe, moi j'aime pas la papaye) et de toasts, nous avons tout le plaisir d'observer une leçon de reproduction canine à quelques mètres de nous. Lee tente vaguement de les faire déguerpir en leur jettant ses tongs, des noix de coco ou des pierres mais ce n'est pas très efficace. Pendant ce temps là, j'ai l'occasion de me rendre compte que j'ai oublier de mettre des l'anti-moustique sur les oreilles. J'ai donc une piqure sur chaque lobe d'oreille. La semaine va  être très longue.

Bonne surprise, Isi s'est levé avant 16h et nous sommes donc prêts à aller en "ville" pour reserver nos activités de la semaine. En chemin, nous en profitons pour regarder le paysage que nous n'avions pas pu voir de nuit la veille. La guesthouse est situé sur une plage tout au bout d'une presqu'ile. C'est à 10 minutes de voiture de Neiafu, la ville principale, en passant par le village d'Isi et Lee.
Le village

Neiafu

La ville pourrait facilement être à 5 minutes de voiture si il n'y avait pas à s'arrêter presque complétement tous les 25m pour faire le tour de nid-de-poule plus profond que les roues de la voiture. "Ils réparent souvent la route mais dès qu'il pleut, ça s'en va". La pluie doit vraiment être effroyable dans ce pays. Il faut aussi éviter les cochons, les porcelets, les poulets, les chiens, les chats, les chevaux, les chèvres, les vaches, et n'importe quoi d'autre susceptible de traverser sans regarder.

Dans la voiture, nous discutons activement avec Lee qui essaye désespérément de faire participer Isi à la conversation. Isi a été à son kava club hier, est complètement stone. Le kava est une boisson fait à partir de la racine d'une plante locale. Elle est considérée comme un narcoleptique et plonge les consommateurs dans l'inutilité pendant 24h. Ca à l'air chouette.

Une fois à Neiafu, nous nous attelons à la première tâche : changer notre vol de retour vers Tongatapu. A l'origine, afin de profiter au maximum de nos vacances, j'avais prévu un retour vers Tongatapu mardi matin et un vol pour Auckland mardi midi. Au vu des événements de la veille, il nous semble plus sage de prévoir au moins 12h entre les deux vols. Au moins, les tongiens ne sont pas contrariants, en 5 minutes, le billet est changé, sans aucun frais supplémentaire.

Ensuite nous réservons notre whale watching avec la compagnie ayant le meilleur guide, le plus beau bateau, tout ça comme promis par Isi. De toute façon, c'est le même prix partout, 300TOP par personne. Enfin, nous passons au marché acheter de quoi se faire à manger pour les prochains jours : des tomates, des poivrons, des oignons,... Nous avons apporté des paquets de pâtes de NZ en prévision du coût très élevé des produits importés. Après le marché, comme il commence à faire très chaud, nous nous posons dans un café en attendant Isi et Lee.

De retour à la guesthouse, nous parlons de faire notre propre nourriture. Lee ne comprend pas, on ne peut pas faire à manger vu qu'on nous a volé le tuyau de gaz. Apparemment, trouver un nouveau tuyau est bien plus compliqué que nous l'imaginions et il ne semble pas possible d'utiliser la cuisine du restaurant. Finalement, nous trouvons un compromis : nous serons en pension complète et Isi utilisera le produits qu'on a acheté au marché et les déduira du prix du repas.

Après, le repas, nous nous lassons d'attendre la marée haute et allons piquer une tête dans la baie. Avec nos masques et tubas, nous traquons des poissons de toutes les couleurs, zébrés noir et blanc, jaunes, violets, bleus néon, des étoiles de mers bleues foncées et d'autres rouges, des concombres de mers, des canettes de coca... Après la baignade, le ciel se couvre alors nous rentons bouquiner à l'abri de la moustiquaire de notre beachhouse et la journée se finit tranquillement.
Un concombre de mer, et c'est vivant
Le ponton près de la guesthouse
Notre salon !


(à suivre)

mercredi 28 août 2013

This is Tonga - jour 1

Mardi 20 août

Aujourd’hui, et sans raison particulière, nous avons décidé de poser une semaine de vacances et de partir au Royaume de Tonga. Non seulement, c'était le pays du Pacifique pour lequel les billets d'avion étaient les moins chers, mais en plus, les baleines vont s'y reproduire tous les ans à cette période. Si les baleines trouvent ça bien, il n'y a pas de raison qu'on ne s'y plaise pas.

Bref, par ce matin bruineux, nous prenons péniblement la navette pour l'aéroport à 4h30. Une île paradisiaque, ça se mérite. A l'aéroport, je réalise que nous n'avons pas pris d'anti-moustique et j'en fais donc l'acquisition dans une boutique de l'aéroport. Par contre, le flacon fait plus de 100ml, c'est bien embêtant pour notre deuxième vol, il ne faudra pas oublier de le mettre dans la valise.

Trois heures d'avion plus tard, nous atterrissons à Fua'amotu, l'aéroport international de Tongatapu, l'île où se trouve Nuku'Alofa, capital du Royaume de Tonga. Vous suivez ? Le planning est serré, nous avons moins de 2h pour aller à l'aéroport domestique et prendre notre vol pour Vava'u, lieu de notre séjour, à 250km au nord. A l'aéroport, de grands panneaux expliquent qu'il est interdit de faire entrer de la nourriture, en particulier de la viande, ainsi que du matériel pornographique. C'est bien triste comme pays. Nous passons néanmoins la douane et le service sanitaire sans problème avec nos sandwichs au jambon.

Le problème est maintenant de trouver le terminal domestique. J'ai essayé de le repérer sur Google Maps avant de venir mais Google ne connaissait pas. Heureusement, les taxis connaissent et un minivan déglingué nous y emmène pour 5TOP par tête. Le TOP c'est le Tongan Pa'anga, ça vaut quand même 0,70$NZ, soit 0,40€. Ah oui, et à Tonga, on ne met pas sa ceinture et vu l'état des voitures, vaut probablement mieux être éjecté de la voiture en cas d'accident.

L'aéroport domestique de Tongatapu
Dans le taxi, le chauffeur nous annonce que le vol de ce matin pour Vava'u a été annulé pour cause de pluie.  Avec Real Tonga Airline, les avions ne volent pas quand il pleut. Pour un pays tropical, c'est dramatique. 5 minutes plus tard nous sommes à l'aéroport domestique et, effectivement, le vol du matin a été annulé. Jamais de panique à Tonga, les passagers du matin sont invités à prendre notre avion (il a surement arrêté de pleuvoir) pendant que nous autres, passagers de l'après-midi, attendrons qu'il ait fait l'aller-retour jusqu'à Vava'u.
 
La salle d'enregistrement, pas de problème pour les liquides dans le bagage à main
L'attente annoncée étant de 3h minimum, nous "enregistrons" notre valise et je constate qu'il n'y aura aucun problème pour embarquer mon flacon d'anti-moustique dans mon bagage à mains. Puis nous nous installons confortablement au "café de l'aéroport". Des australiens ou kiwis près de nous grommellent en trouvant ce contretemps parfaitement scandaleux. Ils n'ont pas fini de souffrir à Tonga. De mon côté, je me suis bien renseignée, je m'attends au pire et on ne sera pas déçu.

Le fameux café et nos boarding pass.
Plutôt 4 heures que 3 heures plus tard, notre super avion revient nous chercher et nous embarquons tous joyeusement. Une fois à bord et harnachés, un message nous prévient "il pleut de nouveau à Vava'u, le mieux c'est que vous alliez prendre un café et on vous redonne des nouvelles dans 40 minutes ou une heure, malo aupito (merci beaucoup)". C'est reparti pour le café, où chacun a désormais sa place favorite.
The avion for Vava'u
Finalement, c'est à peine 35 minutes plus tard que nous sommes rappelés dans l'avion, sans que nous y croyons vraiment. Bonne surprise, l'avion décolle pour de vrai. Nous atterrissons à Vava'u, lieu de notre séjour, avec 5 heures de retard. C'est ce qu'on appelle le Tongan time.

Devant l'aéroport, force est de constater que personne de la guesthouse n'est venu nous chercher. Fort heureusement, il y a un réseau téléphonique à Vava'u et je peux envoyer un texto au proprio. Celui-ci rappelle et me dit qu'il ne savait pas que nous venions vraiment mais qu'il envoie quelqu'un. Du moins c'est ce que j'ai cru comprendre avec l'anglais approximatif de mon interlocuteur et environ de 2 secondes d'écho. Autour de nous, presque tous les hôtels sont venus chercher leurs clients. Il reste avec nous 2 couples qui vont à un hôtel différent et un sympathique tongien passant par là propose de les emmener. Nous refusons le covoiturage et attendons donc seuls notre hypothétique chauffeur.

Et alors que nous commencions à abandonner tout espoir, un minivan en relativement bon état (un seul éclat sur le pare-brise) se pointe. C'est Lee, notre hôtesse. "Ah c'est dingue ! On n'avait aucune idée que vous arriviez aujourd'hui, on n'a jamais reçu votre confirmation." Nous montons, Christophe attache sa ceinture, ce qui a l'air de vexer un peu Lee et nous repartons ! Sur le chemin, Lee nous parle de la guesthouse, qui vient finalement de réussir à ouvrir malgré la lenteur des autorités locales à leur attribuer une licence. On compatit.

Nous arrivons à la guesthouse, Isi, le fiancé de Lee a allumé plein de bougies, c'est adorable. Lee nous explique que la "fale", bungalow traditionnel tongien, que nous voulions louer, n'est pas encore construit. A la place, ils nous ont mis dans une petite beachhouse. C'est une maisonnette avec une cuisine, une chambre et une salle de bain. Le méga luxe à Tonga. Bon, il n'y a pas d'électricité, juste une lampe solaire et des petits luminions à pile. La salle de bain est alimentée en eau de pluie et pour ne pas gâcher l'eau douce, les toilettes se nettoient en y vidant un seau d'eau de mer que l'on va remplir sur la plage à marée haute. Enfin, la cuisinière à gaz ne marche plus depuis qu'on leur a volé le flexible entre la bouteille et la gazinière. Sinon, c'est parfait.

Comme nous mourrons de faim, nous passons tout de suite au restaurant de la guesthouse, une grande terrasse couverte traditionnelle, avec du sable au sol, le pied. Notre venue étant complètement imprévue, Isi s'excuse de n'avoir que du curry de poulet à nous offrir. C'était le meilleur curry de poulet qu'on ait jamais mangé. Lee nous explique qu'Isi était le cuisinier du roi de Tonga lorsque celui-ci venait à Vava'u. Ca donne envie d'être roi de Tonga. Il se trouve que nous ne sommes pas les seuls à diner ce soir. Une nuée de moustiques nous trouvent très à leur goût et je suis couverte de piqûres en moins d'une heure. Isi construit une forteresse de tortillons anti-moustique autour de moi mais ça n'a pas l'air de les arrêter. La semaine va être dure.

Nous parlons des activités que nous voulons faire cette semaine. Il y a bien-sûr l'incontournable "nage avec les baleines". Isi connait justement le meilleur bateau, le plus rapide et tout, ils nous emmènera demain faire la réservation... quand il se réveillera...vers 16h... Ah bon bon. Bah en attendant, nous allons nous coucher aussi ! (à suivre).

vendredi 12 avril 2013

Pâques à Abel Tasman National Park

Voici la troisième fois que nous fêtons Pâques en Nouvelle-Zélande ! Comme les deux fois précédentes, le Good Friday et le Easter Monday sont fériés, ce qui nous laisse 4 jours pour partir à l'aventure.

Cette année, l'aventure se passe dans le parc national Abel Tasman, tout au nord de l'île du sud. Là :
 Au programme : bein on ne sait pas trop mais ça va impliquer du kayak, de la marche et du camping, nous aviserons bien sur place.

Vendredi 29 mars

Aussitôt dit, aussitôt fait, vendredi 29 mars 2013, nous nous levons à 4h du matin (tu parles d'un Good Friday) pour prendre notre avion pour Nelson. A travers les vitres de la salle d'embarquement, nous voyons un coucou à hélice ridicule que nous prenons pour le nôtre et dont nous nous moquons allègrement. En fait, notre avion arrive un peu plus tard et il est encore plus petit. A peine avons-nous décollés que nous atterrissons à Wellington, capitale du pays (400 000 âmes). 

Il nous faut donc prendre un second avion entre Wellington et Nelson. Dans la salle d'embarquement, on nous annonce que le vol aura 1h de retard. Pour un vol de 30 minutes, c'est un peu beaucoup mais nous patientons. Christophe pose alors une question intéressante : "où est mon appareil photo ?". Heureusement, l'appareil a été sorti par une hôtesse de l'air et l'attend toujours bien sagement à la porte de débarquement. Tout va bien. 

Une heure et demi plus tard, notre avion, encore plus petit que le précédent, atterrit à l'Aéroport International  de Nelson. Non, je plaisante, l'aéroport de Nelson est pratiquement plus petit que notre salon. Il y a une porte pour entrer et une porte pour sortir. Les bagages sont débarqués sous un auvent à l'extérieur du bâtiment. D'ailleurs, nous mettons un peu trop de temps à récupérer notre bagage et celui-ci se retrouve embarqué par la "sécurité". 

Vers 10h30, nous avons tous les bagages, l'appareil photo et le cerveau de Christophe, tout va bien. Un minibus vient nous chercher pour nous emmener à l'entrée du parc, dans le village de Marahau. Nous avons finalement décidé de louer un kayak pour les 2 premiers jours puis de poursuivre à pied, avant de revenir au point de départ en water-taxi.

Itinéraire en orange avec des traits pas droits :
Bon, en fait, ne voit rien.
On ne peut pas mettre les sacs de rando dans le kayak donc nous vidons tout ce dont nous aurons besoin les 2 premiers jours dans des sacs plastiques que nous glissons dans les compartiments du kayak, et un water-taxi nous apportera le reste dans 2 jours. C'est réglé comme du papier à musique, les kiwis sont très organisés.

Ensuite vient une formation rapide à l'utilisation du kayak. Les 2/3 du cours consistent à nous expliquer comment s'arracher du kayak en cas de chavirage, comment le remettre à flot et comment lancer un signal de détresse en cas de mort imminente. Tout va bien, pas de stress. 

Nous voila partis ! Seuls au milieu des flots déchaînés sans nul point de repère ni espoir d'être secourus ! En fait, il fait très beau, il y a juste une petite brise qui nous rafraîchit dans notre effort. Les 10 premières minutes consistent à s'engueuler sur la direction à prendre et le rythme de pagayage (oui, je sais, ce mot n'existe pas) mais ensuite nous prenons le pli et nous montrons bigrement efficaces. Il faut dire que l'instructeur a dit qu'il fallait compter entre 3 et 5 heures pour rejoindre Anchorage Bay, notre première destination et comme il est déjà 13h30, nous avons peur de ne pas arriver avant la nuit.
Une petite escale en chemin
Une petite vidéo du parc Abel Tasman, vu depuis un kayak. Attention à ne pas attraper le mal de mer :



Nous prenons tout de même le temps d'aller à Adele Island voir une colonie de phoques paresseux, puis de faire un petit tour sur nous-même pour récupérer notre bouteille tombée à l'eau, puis un deuxième petit tour  un peu plus tard pour récupérer, cette fois, le chapeau de Christophe.


Enfin, juste avant d'entrer dans Anchorage bay, alors que la fatigue de la courte nuit et d'une demi-journée de pagayage commencent à se faire sentir, nous entrons dans la zone du "Mad Mile". C'est une zone incontournable où le vent est tellement fort que nous avons l'impression de reculer malgré toutes les forces que l'on met à pagayer. Nous finissons par surmonter le Mad Mile et entrer dans la baie, notre première escale du weekend.

Mais les efforts ne s'arrêtent pas là. Pour ne pas que le kayak parte se balader pendant la nuit, il nous faut le hisser sur des rails, derrière la ligne des arbres de la plage. Nous avons donc pu découvrir à quel point il est peu pratique de porter un kayak d'une centaine de kilos alors qu'on a les épaules en miette et les genoux bloqués par 3 heures passées accroupis. Heureusement, on est malin : nous vidons les compartiments du kayak sur la plage pour gagner du poids et nous finissons par réussir à hisser/trainer/tirer le kayak jusqu'en haut de la plage.

Il n'y a plus qu'à faire signe à l'équipage du backpacker pour qu'il vienne nous chercher. L'équipage ? Et oui  ! Nous dormons ce soir sur un bateau-backpacker! Et dans le prix est compris un diner-BBQ et un petit-déjeuner le lendemain. De quoi nous remettre d'aplomb.

Dimanche 30 mars

Ce matin c'est grasse matinée, nous nous levons à 8h et petit-déjeunons en regardant le soleil se lever.
Lever du jour sur Anchorage Bay

Lorsque nous sommes prêts, nous sommes débarqués sur la plage avec nos bagages-sacs plastiques. Nous laissons les sacs sur la plage et partons rechercher notre pesant kayak sur son rail. Alors que nous le rapportons tant bien que mal sur la plage, un homme s'approche et nous dit "excusez-moi, mais il me semble qu'une mouette s'est barrée avec votre déjeuner". En effet, des mouettes sont en train de ravager nos sacs plastiques et de se servir dans nos victuailles. Je cours vers elles en poussant force hurlement pour les faire fuir mais un énorme goéland parvient à s'emparer de notre bloc de fromage et s'envoler un peu plus loin pour le manger. Je pars donc à sa poursuite en hurlant et en lui jetant tout ce qui passe à portée main. La bestiole finit par abandonner le fromage mais pas avant de l'avoir réduit en miette et couvert de sable. Autour de moi, les quelques passants sont écroulés de rire sur la plage et pas un seul de ces idiots n'a pensé à m'aider.
Le coupable, si vous en voyez un, jetez-lui une claquette de ma part.
Enfin, après ce sprint qui me sert d'échauffement, nous reprenons la mer et nous suivons tranquillement la côte. La marée est en train de monter, c'est une chance qui nous permet d'entrer dans les lagons des diverses baies, inaccessibles à marée basse. La palme du lagon paradisiaque revient à Frenchmans Bay (qui d'autre!). Nous entrons dans la baie avec la marée et n'avons plus qu'à nous laisser porter jusqu'au bout du lagon.

Il n'y a que nous, notre kayak jaune fluo et la nature. C'est le moment de piquer une petite tête!


Un peu plus tard, nous reprenons les pagaies et traversons jusqu'à une petite île abritant une colonie de phoques. Comme d'habitude, ceux-ci sont fort occupés à ne rien faire sur leurs rochers. Au passage, notre instructeur savait très bien dire "phoque" en français et ça l'amusait beaucoup. Entre le phoque et le coq, on n'est pas aidé chez les rosbifs. 

Finalement, nous arrivons à Bark Bay vers midi et demi, la destination de notre seconde journée. Nous n'avons plus qu'à attendre que le water-taxi nous apporte nos sacs et récupère le kayak.
L'estuaire de Bark Bay à marée basse

Deux heures et demi plus tard, on s'ennuit fermement sur notre plage paradisiaque. Pas sûr qu'aller au Paradis soit une bonne idée après tout. Le water-taxi fini tout de même par arriver et nous débarquer nos sacs. Au passage, il embarque le kayak qu'il hisse sur son bateau d'une seule main. Pour nous, il est temps d'installer le bivouac.

Encore faut-il trouver un bon emplacement sur le camping du DOC. "Ici ? non c'est trop en pente. Ici ? Non, il y a quelques cailloux. Et là ? C'est un peu trop près d'un des emplacement de feu, il va y avoir du bruit." Enfin, au moment où Christophe s'apprete à m'assomer à coup de piquet de tente, je me décide pour un emplacement bien plat, sans cailloux bien qu'un peu près d'un foyer. Nous pouvons donc monter la tente. Easy-peacy, comme le fait remarquer Christophe "on ne s'est pas trop engueulés en montant la tente".

Vient ensuite le temps du diner : pates à la bolognaise avec du parmesan (pas le fromage mangé par le goeland).

Il est 20h00, il fait nuit noire mais ça me déprime d'aller me coucher à cette heure-ci. Nous nous joignons donc à un feu de camp et commençons à discuter avec d'autres voyageurs, et notamment un groupe de 3 kiwis et un finlandais très sympathiques. Et là, au beau milieu d'un parc national, débarquent 3 kiwies fetant les 30 ans de l'une d'elle dans la grande tradition anglo-saxonne : elles boivent des mugs entiers de vodka, sont habillées de couleurs flashy et hurlent de rire en racontant des aneries. Elles entreprennent de danser le Harlem Shake puis Gagnam Style avec la musique de leur ipod, toujours en beuglant, sans aucune considération pour les familles tout autour. Finalement, j'ai bien fait de ne pas me coucher tout de suite.

Vers 22h, nous quittons le feu de camp et les 3 folles pour aller nous coucher. Le ciel est complétement dégagé mais il est prévu de la pluie pendant la nuit donc nous pensons à aller mettre nos sacs sous l'abri de la cuisine.

Dimanche 31 mars

Comme prévu, au lever du jour, il pleut des hallebarde, impossible de sortir de la tente. Heureusement, le déluge se calme et il fait bientôt un temps splendide. Nous prenons le petit-dejeuner sous les regards assassins des autres campeurs qui semblent penser que nous sommes ceux qui ont fait tout ce raffut la nuit précédente. Nous avons vite fait de dénoncer les autres et tout va bien.

Nous plions bagage tranquillement, de toute façon la marée a commencé à monter et il est trop tard pour prendre le raccourci accessible à marée basse. Le chemin passe par la forêt primitive mais longe tout de même la côte de sorte que nous avons vu sur les superbes plages du parc. 
Bark Bay vu d'en haut, le camping est sur la petit langue de foret au centre.
Deux heures de marche plus tard, nous avons chaud et les sacs sont lourds. Nous nous arrêtons à un camping sur notre route pour nous baigner. Seulement, le ciel se couvre presque immédiatement de gros nuages noirs et j'enfile ma polaire plutôt que mon maillot de bain. Christophe, lui, est déjà dans l'eau, mais seulement jusqu'aux hanches. On dirait que l'eau est un peu fraîche.


Alors que nous profitons de la pause pour déjeuner rapidement, la pluie se met à tomber. Tout les randonneurs se retrouvent entassés dans l'abri de cuisine. Nous y retrouvons le groupe avec le finlandais ainsi que les 3 "Dames Ginette" comme nous avons surnommé les 3 folles kiwies. Elles sont toujours aussi bruyantes, on n'entend qu'elles dans l'abri. Nous avisons aussi un groupe de 3 français, les premiers que nous rencontrons en 3 jours. "Chouette, on va pouvoir jacasser un peu" me dis-je, mais finalement, nous n'avons rien à nous dire.

L'averse ne dure qu'une dizaine de minutes mais nous sommes coincés quand même. Pour pouvoir continuer, il faut franchir une embouchure à gué et la marée est trop haute, il nous faut encore attendre 2 heures sur notre berge. Peu à peu l'eau baisse et un groupe de trois chilien tente la traversée. Les deux premiers passent sans trop de difficulté mais avec de l'eau jusqu'aux fesses. Le troisième fait un faux-pas et se retrouve sur les fesses. Heureusement, il se relève vite et son équipement n'a pas l'air d'avoir pris l'eau. 
Le gué. Et oui, c'est profond et il y a du courrant.
Nous traversons 15 minutes plus tard avec de l'eau jusqu'aux cuisses et nous reprenons le chemin. Encore une heure de marche plus tard, nous arrivons à un embranchement en même temps que le groupe de français. A droite : le camping à 1h30 de marche, à gauche : le camping à 1h de marche et un café-bar au milieu. Ni une, ni deux, nous prenons la direction du bar et les français suivent peu après, sans avoir fait aucun signe de vouloir engager la conversation. 

Nous arrivons enfin au bar et retrouvons  avec surprise tous nos compagnons de marche : les kiwis avec le finlandais, les dames Ginette, les chiliens et les français ! Je crois que tout le monde en a marre de marcher, traverser des gués et se faire manger par les sandflies. Nous commandons des cidres en même temps que les autres français qui vont ostensiblement s'asseoir entre eux. Ca me déprime profondément, personne ne m'aime, on est associable c'est nul. Mais les kiwis-finlandais nous font signe de les rejoindre et ça va mieux. Finalement, nous ne sommes pas associables, ce sont juste ces français qui sont cons. 

Avec tout ça, nous ne sommes pas encore arrivés, il reste encore 45 minutes jusqu'au camping de ce soir. Mine de rien, un cidre complètement à jeun après de l'effort et avant de reprendre l'effort, ça cogne drôlement et ça ne facilite pas du tout la tâche. Un peu plus bas, il y a encore un estuaire à traverser à gué mais la marée est suffisamment descendu pour pouvoir traverser sans enlever les chaussures. Par contre, le vent s'est levé et souffle pile face à nous. 
Les 15 dernières minutes sont les pire : marcher dans le sable, contre le vent et avec les sacs qui gagnent du poids à chaque pas, la galère!
Ca ne se voit pas mais on en a marre de marcher. (Ne faite pas attention à l'horizontalité de la photo.)

Enfin surgit le camping d'Awaroa (essayez de le prononcer en anglais)! Halleluia, on est arrivé ! Les kiwis-finlandais nous proposent de nous installer à côté d'eux, un coin parfaitement plat, sans cailloux et abrité du vent ! Nous avons d'ailleurs la même tente qu'un des kiwis et il n'a pas l'air de savoir la monter mieux que nous. Après échange de suggestion et comparaison, nous finissons par avoir un résultat correct. 
La tente de Christophe Hoch, montée par Christophe Jay
Christophe et moi avons chacun un tapis de sol, le mien est un auto-gonflant et celui de Christophe est un fin matelas de mousse qu'un visiteur nous a laissé, c'est une horreur. Par soucis d'égalité des sexes, cette nuit c'est moi qui aurait le tapis de sol pourri. Tu parles d'un progrès! 

Pour diner, pas de fataisie, les pates-bolognaise sont au menu. Après manger, il n'y a pas de feu de camp dans ce camping donc nous finissons "au lit" de bonne heure. De toute façon, le ranger a dit que pour traverser l'estuaire et continuer le chemin, il fallait traverser avant 9h le lendemain. Nous entendons quelques vagues mugissement en provenance du coin des dames Ginette mais heureusement, elles n'ont plus de batterie à leur ipod ni de feu de camp où emmerder tout le monde.

Lundi 1er avril

Ce matin, il fait très beau. Nous petit-dejeunons près d'une famille kiwie pendant qu'un weka, une sorte de caille sans aile de la taille d'un poulet, fait le tour des tables pour chercher des miettes. 

Dès 8h30, nous attaquons la traversée de l'estuaire. Cela prend plus de 20 minutes, pied-nus, dans la vase glaciale avec occasionnellement des cours d'eau tout aussi glacial à traverser. Super. En plus, j'ai envie de faire pipi. Mon sac à dos à un fantastique harnais qui me sert bien la taille, et accessoirement, la vessie. 
Lever du jour sur l'estuaire d'Awaroa, et de la vase entre les orteils.
De l'autre côté de l'estuaire, je bénie le DOC qui a eu l'idée de disposer des toilettes. C'est probablement pour les gens qui attendent la marée basse de l'autre côté mais ça me va très bien. Quand j'en ressort, c'est pour voir Christophe en train de s'essuyer consciencieusement la vase de ses pieds avec ma serviette de bain. Les cigognes ne doivent pas livrer les cerveaux jusqu'à La Ciotat, je ne vois pas d'autre explication. D'ailleurs Christophe confirme mon hypothèse : "je sais pas, j'y ai pas pensé".

Bref, nous reprenons la route. L'étape d'aujourd'hui ne fait qu'1h30 de marche mais on en a déjà plein les pattes. Je n'ose pas imaginer 4 jours entiers de randonnée avec sacs et nourriture. Nous faisons bien une petite pause sur une plage mais nous nous faisons tellement dévorés par les sandflies que nous reprenons la marche avant de nous être reposés.

Encore une bonne colline à gravir puis redescendre et nous voila en vue de Totaranui, la fin de notre périple. Pour le coup, c'est un camping grand luxe avec électricité et rempli d'énorme camping-car. Nous nous trainons jusqu'au point d'accès au water-taxi qui devrait passer vers 13h45. Il à peine 11h, encore une longue attente en perspective. La ciel est bien couvert, même Christophe ne propose pas d'aller se baigner. Nous nous empiffrons plutôt de chocolat. 

Vers midi, j'ai fini mon bouquin d'Hemingway. C'est pas mal, mais aucune histoire ne se finit bien. On dirait du Zola mais au moins, les décors ont l'air magnifique, pas comme Paris vu par Zola. 
Un capitaine de water-taxi s'approche de nous et nous demande si nous ne sommes pas ses clients. Nous ne sommes pas ceux qu'il cherche mais comme les clients en question sont introuvables, il nous propose de nous ramener immédiatement à Marahau.

Nous embarquons donc sur le water-taxi et voyons bientôt défiler toute la côte du parc national. Tout le chemin que nous avons fait en 3 jours, notre hors-bord le parcours en 20 minutes. Nous arrivons enfin à Marahau mais le bateau ne ralenti pas pour nous laisser descendre. Il fonce droit sur une rampe de mise à l'eau où l'attend une remorque et fait monter directement le bateau sur la remorque. Un tracteur tire alors la remorque hors de l'eau et nous embarque tous, remorque, bateau et passagers, sur la route de l'agence de water-taxi. Terminus, tout le monde descend. 
Notre bateau-taxi-bus-chose.
La navette pour Nelson ne part pas avant 16h, et nous avons faim. A Marahau, il y a un unique café-bar mais tout le monde a eu la même idée que nous et leur cuisine est fermée parce qu'ils sont débordés. Christophe choisi alors un gateau et moi un smoothie. Bouhou, je voulais un burger, ou plutôt des frites, pleines de sel et de graisse, avec de l'aïoli (les kiwis sont fous d'aïoli).

Vers 15h, nous retournons près du point de départ de la navette. Et là, Halleluia ! Une baraque à frite a réouvert ! Je choisi un énorme cornet de "wedges", des grosses frites, avec de la crème et de la sauce sweet chili. Au moins 2000Kcal ! La vie vaut finalement la peine d'être vécue.

A 16h, la navette passe comme prévue. Notre avion étant à 18h30 à Nelson, la conductrice est ravie : "cool ! Comme ça je peux rouler vite et j'aurai une excuse si on se fait arrêter !". beuuh... Pendant tout le trajet, elle jacasse avec une passagère hollandaise à l'anglais parfait. Les habitants de Nelson ont une drôle d'habitude qui consiste à regarder son interlocuteur quand on lui parle, même quand on est au volant. Le premier chauffeur de navette le faisait aussi, ainsi que le capitaine de water-taxi.

A 17h tapante, nous sommes à l'aéroport de Nelson où nous imprimons nos billets. Ceux-ci indiquent "vol à 19h50". Il doit y avoir une erreur, ce n'est pas le bon vol. Si, si, il est juste très en retard, nous assure l’hôtesse d'accueil. Ah oui, sur un vol de 30 minutes, ça commence à faire beaucoup. C'est reparti pour 3 heures d'attente. Je pense que 50% de notre weekend de 4 jours a consisté à attendre : attendre le water-taxi, attendre la marée, attendre l'avion et bientôt, attendre la navette de l'aéroport d'Auckland.

Enfin, lorsque l'avion arrive, nous embarquons rapidement, atterrissons tout aussi vite à Wellington. A Wellington, l'officier de la sécurité trouve un objet suspect dans mon sac, le scanner voit quelque chose de métallique, long et fin. Après avoir vidé mon sac, nous trouvons les coupables : j'ai les fourchettes et les cuillères avec moi. Ah bah c'est bon alors, merci. Donc sachez qu'un coupe-ongle est trop dangereux mais une fourchette en acier, ça va.

Après cela, nous rembarquons pour Auckland et atterrissons avec une bonne heure de retard. Encore une fois, nous attendons la navette puis récupérons la voiture. Le temps de rentrer, il est à peine 23h mais nous nous écroulons de fatigue. Normalement, nous en avons fini avec les balades jusqu'au printemps prochain.

Remerciements : pfiou, j'ai failli oublier ! Un gros gros merci à Christophe Hoch pour sa tente de randonnée, bien plus pratique que la nôtre. Et merci aussi pour son grand sac à dos qui nous a permis de balader une grande quantité de bazar sur 4 jours. Pas de remerciement en revanche à Valentin pour nous avoir laissé son tapis de sol tout pourri. Merci à Leslie de m'avoir remerciée sur son blog, qui est quand même moins bien que le mien. Et enfin merci à Elsa de nous avoir conseillé l'Aquapacker pour notre première nuit, probablement la meilleure du weekend.