samedi 25 juin 2011

Fourbes kiwis

Aujourd'hui, dimanche 26 juin à 15h, alors que j'avais les mains recouvertes de blancs d'oeufs pas vraiment en neige (ils ne montent jamais) et de noix de coco rapée, voilà que mon portable sonne au fond de mon sac.
Le temps de lécher deux doigts et de mettre plein de noix de coco dans mon sac, je décroche juste à temps pour entendre la voix ... d'un recruteur de chez BECA.

Fourbes descendants de rosbif, voilà qu'ils appellent un dimanche. Du coup, j'ai eu bien du mal à réunir mes hémisphères cérébraux pour bredouiller des réponses incohérentes à des questions fort pointues : pourquoi avez-vous choisi d'être ingénieur en automatique ? Pourquoi avoir choisi le programme Jeunes Diplômés de Beca ? Qu'aimez-vous faire pendant vos temps libre ?

Quand, enfin, le recruteur raccroche en disant, avec l'hypocrisie toute anglo-saxonne, que c'était "great", mes rocher à la noix de coco sont juste prêt à sortir du four. Ils feront l'objet de ma vengeance. Adieu petits rochers !


Il en manque un ! Vous en êtes sôr ? Tout à fait sôr !

Bon et sinon voici ma recette histoire de parler un peu utile :
- 150g de coco rapée
- 100g de sucre en poudre
- 2 blancs d'oeufs
C'est super simple : essayer de battre les blancs en  neige (ça marche quand même si ils ne sont pas montés), ajouter le sucre puis la noix de coco, faire des petits tas sur une feuille de papier sulfurisé et enfourner à 180°C jusqu'à ce qu'ils soient dorés.
Préparation : 10 minutes chrono
Cuisson : heu ça dépend du four, le nôtre à l'air efficace mais celui de Versailles était un vraie galère.

mardi 21 juin 2011

Tout sur la voiture en Nouvelle-Zélande


Un peu comme La Belle et la Bête, la voiture et le néozélandais est une véritable histoire d’amour. N’ayons pas peur des mots, le néozélandais est un kéké. Il aime les grosses voitures, avec un gros moteur, des grosses jantes chromées et du encore plus gros son pour couvrir le bruit du gros moteur. Heureusement, contrairement aux véritables anglais d’Angleterre, les néozélandais sont bien élevés et ne démarre pas leur voiture sous votre fenêtre 20 minutes avant de l’utiliser.
Le must-have de l’automobile ici, c’est le pick-up 4x4 surbaissé, de préférence vert pomme ou rose fuchsia. C’est épatant d’inutilité, j’essayerai d’en prendre un en photo, je suis sure que les propriétaires se sentiront flattés.

La conduite du kiwi

En ce qui concerne la conduite, il y a deux types de néozélandais : le « nantais » et le « parisien ». Le nantais met environ 30 secondes à démarrer au feu, ce qui permet à deux ou trois voitures de passer par feu vert. C’est un fait qui mériterait de figurer au Guinness Book des records puisque je vous rappelle que les voitures néozélandaises sont majoritairement automatiques. Point d’embrayage à enclencher, de vitesse à passer puis d’accélération au point de patinage. Avec une voiture automatique, il faut lever le pied du frein et le poser sur l’accélérateur. 

Là ne s’arrête pas les méfaits du kiwi « nantais » ! Le kiwi nantais met également un point d’honneur à rouler 10km/h en dessous de la limite de vitesse. Il s’agit donc selon toute vraisemblance d’un complot destiné à me pousser à un génocide massif chaque fois que je prends ma voiture. Ils sont fourbes ces kiwis.
L’autre type de kiwi, c’est le parisien. Dès que le feu passe au vert, il écrase la pédale d’accélération et bondit en avant dans un hurlement de son moteur. Il est content. Après cela, il peut rouler à toute vitesse, c'est-à-dire à 5 km/h en dessous de la limite de vitesse.

Détail intéressant : en Nouvelle-Zélande, on conduit à gauche… sauf sur l’autoroute. Sur les rares morceaux de routes à plus d’une voie dans chaque sens, le kiwi prend soin de se mettre sur la voie la plus à droite, surement au cas où il y aurait une voiture à gauche à dépasser. Et bien sûr, il y roule toujours 10km/h sous la limite. Malgré ma patience légendaire au volant, je vous laisse imaginer mon humeur quand je dois utiliser l’autoroute. J’avoue que c’est très mal mais du coup, comme il n’y a personne sur la voie de gauche, je double par la gauche, tout comme les kiwis de type « parisien » qui eux, ne roulent qu’à 5km/h sous la limite.

Passer les permis kiwi

Malgré de nombreux revers en France, Christophe n’a pas abandonné pour autant le désir d’avoir le permis. Je l’encourage moi-même dans ce sens car je suis parfois fatiguée d’être la seule à conduire lorsque nous nous baladons. Christophe a donc entrepris de passer le permis néozélandais.

Nous nous sommes donc renseigné sur la procédure et en voici un résumé avec des jolis schémas. Pour nos amis motards, j’ai aussi décris la méthode pour le permis moto. 

Commençons par la voiture. Le jeune kiwi, lorsqu’il atteint l’âge de 15 ans, à le droit de commencer à conduire. Il lui faut seulement passer le test du code de la route. Dès lors, il devient Learner et il peut conduire une voiture s’il est accompagné d’une personne ayant un permis de conduire complet depuis plus de deux ans. Il ne peut conduire que de jour, c'est-à-dire de 5h à 22h, et doit afficher un signe « L » sur la voiture.

Après six mois de pratique et d’engueulade avec ses parents, le kiwi peut alors passer un examen qui lui donnera le statut de « Restricted ». Il peut alors se débarrasser de ses parents mais ne peut toujours pas conduire de nuit. Il ne peut pas prendre de passagers autre que sa famille proche : compagne, compagnon ou enfants. Les Learner et les Restricted ont une limite d’alcoolémie de 0,3g/L de sang, ce qui ne sert à rien puisqu’un seul verre de bière suffit pour la dépasser. La police est particulièrement féroce sur ce dernier point.

Enfin, après dix-huit mois en tant que Restricted, si contre toute attente, le jeune kiwi ne s’est pas tué sur la route. Il peut passer l’examen final et accéder au statut suprême de danger public sur la route, aussi appelé Full Licence Driver. Il peut à son  tour pondre plein de petits kiwis et leur apprendre à conduire.
Schéma : 

Et les auto-écoles ? Les auto-quoi ? Si, si, ça existe, j’en ai déjà vu une. Les auto-écoles servent aux gens pressés. Il suffit des prendre quelques cours pour pouvoir réduire la période Restricted de 18 à 12 mois. 

Cette méthode est-elle meilleur que la méthode française ? Pas si sûr lorsque l’on compare le taux de mortalité sur la route en fonction du nombre d’habitant. Ramené aux 5 millions de néozélandais, ça fait dans les 180 morts par an, ça ne parait pas si impressionnant. En fait, je n’ai pas réussi à refaire le calcul mais il parait que leur taux de mort sur les routes est supérieur au notre.

Et pour la moto ? Pour la moto c’est pareil sauf que c’est le contraire. C’est pareil puisque ça commence par le code. Mais c’est différent parce qu’avant de se lancer comme un pti con sur la route, il faut passer le Basic Handling Test. C’est une sorte de cours de 2h avec évaluation continue où tu apprends à rouler, passer une vitesse, tourner et freiner, le tout sur un parking et sans jamais dépasser 20km/h. 

Ensuite, rebelote : 6 mois de learner puis 18 mois de restricted puis mort violente. Le tout pas forcément dans l’ordre indiqué. 
Reschéma :

L’un des avantages indéniables de ces méthodes est le coût de l’opération. Quand un permis français coûte en moyenne 2000€ (voire plus pour ceux qui l’ont raté 2 fois, je ne vise personne), le permis néozélandais coute 120$ pour le code, 110$ pour l’examen du restricted, 150$ pour le full, soit 200€ pour le tout.

Avec tout ça, Christophe n’a aucune excuse pour ne pas avoir son permis ! Par contre, il a une excuse pour ne pas rentrer en France avant minimum 1 an et demi. Nous vous tiendrons bien-sûr au courant de ses progrès. 

De mon côté, j'ai fait traduire mon permis et me voilà avec un Full Driving License : 

Un code de la route fantaisiste

Grâce à Christophe qui vient de passer son code avec succès, nous avons eu l’occasion de découvrir le code de la route kiwi. Grand bien nous en a pris puisque nous y avons découvert quelques subtiles différences avec notre code franchouillard. 

Passage en revue des fantaisies locales :

- Ici, on conduit à gauche. Je sens que je vous apprends quelque chose. Mais… !

- … La priorité est à droite. Ce n’est pas plus mal pour les touristes parce qu’avec les réflexes ça aurait pu être dangereux. Autant le piéton qui regarde du mauvais côté risque de faire une rayure sur le pare-choc, autant tourner dans une rue en se trompant dans les priorités peut faire de réels dégâts à sa voiture et gâcher les vacances. 

Autre avantage, il n’y a pas à guetter les panneaux « laissez la priorité » au rond-point, puisque les voitures viennent de la droite ET que la priorité est à droite. Ce sont donc TOUJOURS les voitures sur l’anneau qui ont la priorité sur ceux qui rentrent. 

Par contre, cette règle donne lieu à une situation pour laquelle il vaut mieux être préparé : lorsque vous voulez tourner à gauche et qu’une voiture arrivant en face veut tourner dans la même rue, elle a la priorité (priorité à droite). SAUF si d’autres voitures arrivent derrière vous, alors c’est vous qui avez la priorité (priorité loufoque). Damdamdidoumpoupou… ok je l’avoue, je tourne un peu au hasard, en général, ça passe.

- Les croisements se font  « à l’indonésienne », c’est-à-dire qui vous ne tournez pas autour de l’autre voiture pour tourner à droite.

- Les zébras servent à vraiment décorer. Je m’étais déjà interrogée sur l’utilité des zébras puisque tout le monde semblait rouler dessus à qui mieux mieux. En Nouvelle-Zélande, le zébra est une voie de rangement pour les gens qui tournent ou qui veulent s’insérer dans une grosse artère. 

Exemple : je roule sur une avenue et je veux tourner à droite, je dois donc traverser la voie avec les voitures qui viennent d’en face. Au lieu de m’arrêter au milieu de la route et emmerder les gens qui viennent derrière, je me mets sur les zébras et j’attends un trou dans la circulation pour traverser.

- On a le droit de franchir une ligne blanche continue pour tourner ou pour faire demi-tour. Cette règle nous a tout simplement laissé sur le c**.

- On a le droit de dépasser une voiture à une intersection si on a bien regardé avant que personne n’arrivait.

- On a le droit de dépasser même lorsqu’il y a une ligne continue, pour peu que la voiture devant ait l’amabilité de se pousser un peu sur la bande d’arrêt d’urgence et qu’il y ait la place de rouler à deux de front SANS mordre sur la ligne blanche.

- On a le droit de dépasser par la gauche si c’est fait avec précaution. J’adore cette règle !

- Un chargement ne doit pas dépasser de plus de 3 mètres à l’avant et 4 mètres à l'arrière de la voiture. 

- Il est déconseillé de conduire en mangeant avec des baguettes. 

- Une règle qui ferait un tollé en France : ici c’est la police qui fixe la tolérance sur les radars. Lors de notre grand weekend à Taupo, la tolérance avait été fixée à 4km/h. Bon, au moins ils ne sont pas mauvais joueurs, la tolérance est annoncée par avance dans les journaux. Les radars ne sont pas fixes, ils sont tous dans des voitures de police, banalisées ou non.

- Le permis NZ n’est pas vraiment un permis à points. Par contre, à chaque infraction, on gagne des points de « démérite » et au point de 100 points, on perd son permis pour une durée limitée. Heureusement pour moi, on ne gagne pas de mauvais point en se faisant flasher. 

- La limite d’alcoolémie est de 0,8g/L de sang. C’est chouette. Par contre, au-delà, si on se fait contrôler, on perd son permis sans passer par la case « point de démérite ». 

- Si on perd son permis après avoir eu trop de mauvais points, on peut aller au tribunal et demander un permis spécial qui autorise à conduire son véhicule pour aller au boulot. 

Divers : 

- Les piétons ne sont PAS prioritaires et les passages piétons sont assez rares. Il n’y a pas de larges bandes horizontales sur le sol pour matérialiser le passage, seulement deux fines lignes en travers de la chaussée.

- L’ordre de passage des voitures aux feux est aussi assez étrange. Il y a un moment pour les voitures qui vont tout droit, puis un moment pour les voitures qui tournent à droite (et qui traverse donc la voie d’en face). Ensuite c’est aux voitures des voies perpendiculaires de passer. Et ENFIN, au bout de 10 minutes de ce manège, tous les feux passent au rouge, et les piétons ont 10 secondes pour traverser, accompagnés d’un bruit de mitraillette strident venant du feu. Nous avouons nous être lassés plusieurs fois d’attendre au feu et traverser n’importe comment, à la française.

Acheter-vendre une voiture en NZ

Acheter une voiture en Nouvelle-Zélande, c’est encore plus facile que d’acheter son pain, surtout qu’il n’y a pas de pain digne de ce nom dans ce pays. 

Pour acheter une voiture, il faut aller à la poste, remplir un formulaire, donner une pièce d’identité et payer 9,51$. Ensuite, vous avez un bout de papier de la taille d’un morceau de PQ qui dit que la voiture est à vous.

Pour vendre une voiture, il faut aussi aller à la poste, remplir un formulaire en donnant des infos sur la voiture et son nom, et poster le formulaire. 

Et voilaaaa ! Bon, je ne l’ai pas précisé, mais à un moment, il faut aussi que l’acheteur paye la voiture au vendeur.

A quel moment assure-t-on la voiture ? Ben quand on veut, ou même quand on ne veut pas. L’assurance n’est pas obligatoire en NZ, pas même au tiers. Si on a un accident responsable, l’état prend en charge les soins aux victimes et le responsable doit payer les réparations matérielles. 

Nous avons tout de même pris une assurance au tiers pour la nôtre. Ca coute 170$ par an, avec une franchise de 300$. Comme j’ai moins de 24ans, j’ai une surcharge qui porte la franchise à 800$, et si je n’avais pas fait traduire mon permis, ça aurait été 1800$. On va essayer de ne pas avoir d’accident.

Bon par contre, nous n’avons pas s’assistance routière donc on va aussi éviter de tomber en panne au milieu de rien, c’est-à-dire hors d’Auckland. Pays de bouseux. Je plaisante.

Entretenir une voiture en NZ

Acheter une voiture c’est facile, la garder c’est chiant. 

Jusqu’aux 6 ans de la voiture, elle doit passer le contrôle technique (WOF) tous les ans. Après 6 ans, il faut passer le WOF tous les 6 mois. Heureusement, le WOF coute entre 25$ et 60$ selon que tu te fasses pigeonner ou non. 

En dehors du WOF, il faut aussi faire enregistrer sa voiture, c’est-à-dire déclarer qui est le responsable de la voiture. 

Enfin, il faut régulièrement payer la licence de la voiture : tous les 3 mois, 6 mois ou 12 mois au choix. C’est une taxe qui autorise à utiliser les routes de Nouvelle-Zélande. Je ne sais pas encore très bien comment ça marche mais il doit falloir remplir un formulaire (ils adorent les formulaires) et payer pour la durée qu’on veut et on a un nouveau papillon à mettre sur le pare-brise. 

Avoir une voiture, c’est aussi se prendre des PV. Voici un exemple tout beau de contravention pour excès de vitesse. Pour ça aussi, on peut aller à la Poste et payer.

Voici pour la liste non exhaustive de ce qui concerne les voitures et leurs conducteurs en Nouvelle-Zélande et la liste s’allongera surement avec le temps.

jeudi 9 juin 2011

Le Queen’s birthday à Taupo


Samedi 4 juin

A l’occasion de l’anniversaire de la reine d’Angleterre, le lundi 6 juin est férié. Il parait que ce n’est pas du tout l’anniversaire de la reine et que chaque pays du Common Wealth a un jour différent pour son anniversaire mais un jour férié, ça ne se discute pas.

Nous avons donc décidé de passé les 3 jours au lac Taupo, au centre de l’île du nord. La météo a l’air prometteuse : petites pluies le samedi et le dimanche et grosses pluies le lundi. J’ai déjà abordé le problème des talents des météorologues néozélandais donc je ne reviendrai pas là-dessus. Toujours est-il que quand ils prévoient de la pluie, ils ont beaucoup moins de chance de se tromper que lorsqu’ils annoncent du beau temps. 

Taupo est à 300 mètres d’altitude (tout ça !) et ne se situe pas au bord de la mer, ce qui est remarquable en Nouvelle-Zélande. Conséquence : il fait froid, surtout en hiver. Je rappelle à l’aimable assistance que pendant que celle-ci planifie son prochain barbecue, ici, on se caille les miches et le reste. Donc, nous empaquetons les capes de pluies qui ont déjà fait leurs preuves en Irlande, les blousons de ski récemment arrivés par la poste, des écharpes, des pulls, des T-shirt à manches longues, le pique-nique et des canettes de cidre anglais pour l’apéro (astuce de survie n°1). 

Ici, j’en profite pour faire une petite parenthèse culturelle : l’apéro n’est pas seulement indispensable pour son aspect nutritionnel. C’est le drapeau de ralliement des français en voyage. Vers 18h00, à l’heure où tous les habitants de pays sous-développés (anglais, allemands, hollandais, chinois) ont fini de diner, les français sortent les cajous et les bières pour le tout début de la soirée. En bref, en Nouvelle-Zélande, quelqu’un qui n’a pas mangé à 18h a toutes les chances d’être quelqu’un de bien, un français par exemple. Note : les espagnols et les portugais sont des gens biens mais on en croise très peu ici.

Revenons à nos kiwis. Une fois nos bagages faits, nous embarquons dans… notre voiture !!! Et oui, depuis jeudi, nous sommes les heureux (mais pas pour longtemps) propriétaires d’un break 4x4 Subaru Legacy. Elle date de 1992, elle a 220.000 km au compteur mais elle roule. Nous l’avons achetée 1083€ (avec le taux de change) à un couple de français qui finissaient leur périple autour de la NZ. Je ferai un article spécial sur la voiture, les procédures et le code de la route un peu plus tard. 

Nous faisons le plein avant de partir. En Nouvelle-Zélande, les stations essence ne prennent pas de risque, il faut payer avant de se servir. Christophe est sûr d’avoir lu que le réservoir faisait 60L. A 2$ le litre et avec une marge de sécurité car la voiture n’est pas complètement vide, nous décidons de mettre 100$ d’essence. Evidemment, il ne manque que 45L, soit 90$ et nous perdons donc 10$.

Un poil avant 10h, après avoir essayé de prendre deux fois l’autoroute à contre-sens, nous trouvons enfin la route de Taupo, et  c’est parti pour 4h de trajet ! Il fait gris, il bruine de temps en temps, les essuie-glaces ne sont pas fantastiques mais suffisants. La route est une 2x3 voies jusqu’à la sortie d’Auckland puis se transforme en une seule voie dans chaque sens. Les néozélandais conduisent 5 ou 10 km/h en dessous de la limite, c’est très agaçant pour une parisienne. 

Sur le chemin, un peu avant d’entrer dans une ville, un panneau « Lookout » surgit devant nous. Grâce à mes réflexes aiguisés, nous nous engageons à temps sur le chemin du Lookout. Je crois que je n’ai jamais vu un panorama plus moche que celui-là. On a juste une vue sur le quartier industriel de la ville et rien de plus. L’autre côté de la vallée aurait pu être intéressant si il n’avait pas été complètement caché par deux énormes réservoirs d’eau en béton. Nous ne sommes pas sûrs mais nous pensons à un gag. Un type avec une caméra doit compter le nombre de touristes qui montent voir le lookout et doit bien rigoler. Lorsque nous repartons en sens inverse, nous rigolons aussi de voir d’autres touristes monter tomber dans le piège.

Enfin, après les quatre heures de route, nous arrivons à Taupo ! La voiture se met à faire un drôle de bruit et à secouer. « Je crois qu’on a crevé » dit Christophe. Je me gare immédiatement en priant pour que ce soit juste un bruit bizarre de plus dans la voiture, mais il faut se rendre à l’évidence : le pneu arrière gauche est entièrement déchiré sur le côté. 

Comment change-t-on une roue ? Bonne question, aucun de nous deux n’a jamais eu à le faire. Heureusement, nous sommes de super ingénieurs en informatique et automatique, ce qui ne sert en fait à rien. Première déduction : on va avoir besoin d’une roue de secours.  On en a une ! Deuxième déduction : il faudrait enlever la roue crevée. Il faut donc soulever la voiture. Le cric doit surement servir à ça. Où place-t-on le cric ? Des dessins sur le cric avec des écritures en japonais nous donnent un premier indice. Par contre, on n’a pas la manivelle pour le cric. Nous utilisons donc la clé pour les écrous de la roue, qui n’en sortira pas indemne. Une fois la voiture levée, nous enlevons les écrous et là, c’est le drame : comment enlève-t-on la roue maintenant ? On tire dessus, rien ne bouge. Je tente d’enlever le frein à main en pensant qu’il bloque la roue mais rien ne change. Entre temps, j’ai été à l’office de tourisme pour demander l’adresse d’un garage puisqu’on ne peut pas rentrer à Auckland avec la galette, même si on arrivait à la mettre. 

De retour de l’office de tourisme et après avoir secoué la voiture comme un prunier sans succès, je pars à la recherche du garage qu’on m’a indiqué. Bien avant, je tombe sur un magasin de pièces détachées ouvert (miracle). Je prends mon air le plus désespéré possible et j’entreprends d’expliquer à un vendeur souriant que j’ai crevé, que j’ai soulevé la voiture et enlevé les écrous (« nuts » en anglais, ça peut servir) mais que je ne sais pas quoi faire ensuite. La stratégie de la demoiselle en détresse marche à merveille, le vendeur m’explique qu’il faut donner des coups de pied dans la roue car elle doit être grippée. Puis me voyant seule et surement pas de taille à faire sauter une roue à coups de pied, il appelle un de ses copains pour m’aider. Le copain en question me ramène à notre voiture où Christophe et un autre kiwi venu à la rescousse sont déjà en train de tataner la voiture. Malgré leurs efforts à tous les trois, rien n’y fait. « We need a hamer » conclu mon chevalier, et va chercher une masse dans la station service voisine. Cette fois, nous sommes victorieux : un grand coup par derrière, et la roue tombe au sol dans un grand nuage de poussière et de rouille.

Après cela, monter la galette, remettre les écrous (nuts, hein, n’oubliez pas) et descendre la voiture n’est qu’une formalité. D’ailleurs, on a retrouvé la manivelle du cric. Mais l’aventure ne s’arrête pas là, on ne peut pas rester comme ça, et encore moins rentrer à Auckland. Bien sûr, c’est l’anniversaire de la Reine, il est 15h, aucun garage ne sera ouvert avant mardi. Mon chevalier pense néanmoins connaître un garage qui sera ouvert et nous guide en voiture. Miracle ! Le garage semble ouvert ! Nous disons au revoir à notre super kiwi et nous entrons dans le garage. En fait, le garage est fermé. Le garagiste est juste en train de bidouiller sa voiture et à ouvert la porte pour avoir de la lumière. 

Qui ne tente rien n’a rien, je reprends mon air désespéré et Christophe n’a même pas besoin de faire semblant. Le garagiste voit la voiture pas toute jeune et notre air de touristes en vadrouille et prend pitié de nous. Une demi heure plus tard, nous avons fait changer les deux pneus arrières et nous repartons, appauvris de 290$ mais avec une voiture.

Il est 16h, trop tard pour faire une rando et nous n’avons toujours pas mangé. Nous posons la voiture au backpacker et nous partons sous la bruine et le vent pique-niquer au bord du lac. Le coin à l’air bien connu des mouettes, moineaux et canards. En dix minutes, nous sommes encerclés de volatiles peu farouches qui en veulent à notre repas. Je donne des petits morceaux de pain à la canne et file des coups de pied au canard qui essaye de la mordre. 

Après cela, nous partons marcher le long du lac. On n’y voit pas à 20 mètres donc la vue n’est pas fantastique. Il parait que par beau temps (surement une légende locale), on peut voir la chaine de montagne de l’autre côté du lac, et notamment le Mt Ruapehu dont la dernière éruption date de 1995. 

Nous touchons l’eau qui n’est pas particulièrement froide, et pour cause : quelques centaines de mètres plus loin, une source chaude se déverse dedans. Des gamins sont d’ailleurs en train de se creuser une piscine dans le sable. 

Quand la nuit tombe, nous faisons demi tour et nous rentrons jusqu’à l’auberge. Mon mal de genou est déjà de retour, le weekend ne va décidemment pas être idyllique. 

Loin de se laisser abattre, nous nous consolons dans le sauna de l’auberge pendant un bon quart d’heure. Comme il est agréable de ne pas avoir froid pendant un instant ! 

Ce n’est pas le tout, mais c’est l’heure de l’apéro. Nous sortons nos canettes de cidre et les cajous et nous nous installons dans un canapé. Je jette un coup d’œil à mon voisin de canapé qui lit « le guide des frogs en NZ » et c’est parti pour la traditionnelle discussion entre français ! Notre nouvel ami, Alexis, est un sympathique Montpelliérain (j’ai cherché sur Google) et il fait le tour de la NZ en Subaru Legacy mais la sienne est de 96. Il faut dire que sur les dix voitures garées sur le parking, il y a déjà cinq Legacy comme la notre. Bref, nous parlons de nos différents voyages, de nos visions du pays et de ses étranges habitants, de nourriture française bien sûr, de politique, etc.

Quand les autres étrangers ont déserté la cuisine, c’est qu’il est une heure décente pour préparer notre invariable plat de spaghetti-sauce tomate. Alexis a l’air d’avoir développé une allergie aux allemands pendant son séjour, on rigole bien. Vers 23h, on ne tient plus debout et Alexis prévoit de se lever tôt pour regarder Toulouse-Montpellier en direct sur son PC.

Dimanche 5 juin : la complainte de Barbara

Lever 8h30. Dans le salon, Alexis est désespéré : Toulouse a gagné 15 à 10.  

Notre programme du jour consiste à aller voir les Huka Falls (la chute d’eau de Huka) puis aller visiter le parc thermal de Wai-o-Tapu en fin d’après-midi. Le ciel est couvert mais il ne pleut pas. Le vent est complètement tombé donc la température ressentie est très douce. Nous avons un plan assez détaillé de Taupo mais impossible de trouver le départ de la balade piétonne vers les Huka Falls. Finalement, nous suivons la route jusqu’à ce que le chemin la rejoigne au niveau du Bungy Jump. Le bungy jump c’est du saut à l’élastique avec une variation amusante appelée le Booby Prize (la récompense des seins) : lorsqu’une demoiselle saute au dessus de la rivière, l’élastique se détend juste suffisamment pour que l’aventurière se retrouve plongée dans l’eau jusqu’à la poitrine, ce qui a pour effet de retirer son t-shirt lors de la remontée. Les néozélandais… 

Enfin, nous rejoignons le chemin. La première étape est la source d’eau chaude du Spa Thermal Park.
 C’est une petite cascade d’où l’eau sort à plus de 40°C et fait des petits bassins avant de rejoindre la rivière Waikato.

Il y a deux familles de kiwis et une famille de français. Nous abandonnons nos vêtements et nous entrons douuuuuucement dans un des bassins. L’eau est vraiment très chaude, il faut un bon moment pour s’y habituer. Une fois dedans, c’est le bonheur ! Il y a juste assez d’eau pour s’asseoir, étendre les jambes et laisser l’eau chaude couler autour de soi. Nous faisons la connaissance d’un papa kiwi et son fils, très sympas. Ils gardent gentiment nos affaires pendant que nous allons faire un tour dans le bassin du dessous, où l’eau chaude rencontre l’eau froide de la rivière. Le contraste est saisissant mais pas désagréable. Les 40 premiers centimètres sous la surface sont chauds comme la source, et en dessous, la rivière doit être à 15°C, ça rafraichit. Nous retournons encore quelques minutes dans le bassin chaud avant de sortir. L’eau chaude a rendu notre peau bien rouge et on peut voir la limite de l’eau là où notre corps passe du blanc au rouge écrevisse.
Ce n’est pas le tout, mais nous sommes toujours à 50 minutes de notre chute d’eau ! Nous repartons sur le chemin, les jambes un peu en coton. Le chemin suit la rivière Waikato mais prend quand même soin de monter et descendre horriblement. Ma douleur au genou s’est réveillée, rendant les montées difficiles et les descentes un vrai cauchemar. Si c’est de l’arthrose, je suis mal barrée. Ou alors c’est le tétanos ou la rubéole. La dernière fois qu’on a été au cinéma, on a appris que 3 gamins avaient attrapé la rubéole (measles en anglais)  en allant voir le même film que nous dans notre cinéma.  

Bref, 50 minutes pas très agréables plus tard, nous voilà enfin récompensés de nos efforts : nous entendons la Huka Falls ! Et peu après, nous débouchons sur le pont menant au parking du site, c’est chouette. La rivière Waikato est complètement translucide, on voit le fond jusqu’au milieu de la rivière, c’est magnifique. Si la rivière est magnifique, je ne sais pas quoi dire de la chute d’eau. La Nouvelle-Zélande ne fait rien comme tout le monde : quand il y a une chute d’eau, il faut qu’elle soit d’un bleu surnaturel. 


Le débit est de 200 000 litres par seconde, nous raconte un panneau, ce qui fait que les poissons comme la truite et l’anguille ne peuvent pas la remonter. Le lac Taupo étant en amont de la cascade, il n’y a pas d’anguille dans le lac. Et les truites ? Bah elles ont été introduites par l’homme. Pas con. 

Pendant que nous marchions, le ciel s’est dégagé peu à peu et il fait maintenant un beau soleil. Sous les yeux ébahis des autres touristes, nous sortons nos capes de pluie que nous étendons sur l’herbe pour pique-niquer.
Après le repas, nous restons encore quelques minutes hypnotisés par la rivière avant de repartir en sens inverse. Mon genou me fait de plus en plus mal (j’avais prévenu que je me plaindrais dans cet article) et il faut encore parcourir plein de montées et de descentes. De retour au backpacker, en plus du genou, j’ai deux énormes ampoules sous le quatrième orteil de chaque pied, qui m’empêchent de marcher. Qu’est ce que je suis mal fichue.

Le temps de poser les restes du pique-nique et nous prenons la voiture pour le Wai-o-Tapu parc à 50km de Taupo, sur la route de Rotorua. Nous arrivons au parc vers 15h, ce qui nous laisse juste 2 heures de visite avant la fermeture. Malgré mes ampoules, Christophe nous lance à marche forcée sur le chemin. Avant même de voir, le parc, on peut déjà le sentir. Toute la région est en intense activité géothermale, ce qui ne va pas sans certaines émanations soufrées absolument irrespirables. En un mot : qu’est ce que ça chlingue ! 

L’entrée du parc n’est pas donnée, 32$ par personne, mais elle les vaut amplement. C’est parti pour un petit tour du paysage de Wai-o-Tapu. Pour vous mettre dans l’ambiance, je propose que vous laissiez pourrir un œuf et que vous l’éclatiez sur votre tête pendant que vous lisez les prochaines lignes.
La visite commence par la maison du diable, un trou couvert de poudre jaune : du soufre vous l’aurez compris. 

Ensuite on a une meilleure vue sur la plaine et son paysage lunaire. Ca fume de partout et ça pue. Bizarrement, rien ne pousse au milieu. J’ai une pensée compatissante pour les premiers colons qui ont dû tomber sur cette vallée pendant leur expédition. Il y a vraiment de quoi croire au Diable.

Ensuite, il y a les Devil ink pots (dans le parc tout s’appelle « bidule du diable » mais je vous ai déjà parlé de l’imagination sans fin des néozélandais), des bassins de boue et de pétrole bouillonnants tranquillement à plus de 100°C.   

Plusieurs mares de liquide et de bubulles plus loin,  on arrive à une grande étendue de toutes les couleurs. C’est « la palette de l’artiste ». Le jaune c’est du souffre, le rouge c’est de l’antimoine, le gris c’est du carbone et le blanc c’est de la silice. 

Ensuite on traverse un petit ponton pas bien large et les vapeurs autour ne donnent pas envie de mettre un pied à côté.
Plus loin, il y a la piscine de l’huitre, toujours pleine de soufre puant et bouillonnant. 

Et encore plein de « mares dégueulasses » comme Christophe les appelle. 

Puis un grand lac d’eau soufrée, ce qui n’a pas l’air de déranger les canards. Ensuite une grande coulée de silice. C’est joli, on dirait un glacier en dentelle.

Puis la « Champagne Pool », un bassin tout rond bordé de rouge dû à l’antimoine, l’or, l’argent, le soufre, etc. L’eau pétille et quand les japonais arrêtent de faire du bruit en rigolant et en trainant leurs claquettes, on peut entendre le bruit des bulles comme du champagne. On n’a pas pu en avoir une belle photo ; le temps étant un peu frais, la vapeur faisait un nuage assez dense au dessus de l’eau. Si vous cherchez Wai-o-Tapu sur Google, vous devriez trouver de belles images.

Encore un cratère de l’enfer où bout de la boue, bouh ! Je sais, c’était facile. Il parait que certaines « éruptions » de boue peuvent monter jusqu’à 20 mètres. Il ne vaut mieux pas être en dessous pour la recevoir.

Enfin, le clou du parc, voici la piscine d’arsenic ! J’ai essayé de retoucher la photo pour que la couleur soit plus ressemblante mais ça ne suffit pas encore. Il faut imaginer un bassin absolument vert fluo. Je sais que j’ai l’habitude d’exagérer dans mes récits mais je suis sure que ce bassin brille dans le noir tellement le vert est fluo ! Et si vous ne me croyez pas, vous n’avez qu’à venir le voir vous-même. En tout cas, même sans savoir que c’est de l’arsenic liquide, ça ne donne vraiment pas envie d’y piquer une tête.

Et voilà pour le parc Wai-o-Tapu ! Un panneau indique des mud pools à 2km mais nous avons un peu la flemme de pousser jusque là. Nous rentrons donc à l’auberge pour prendre l’apéro. 

Cette fois, nous ne retrouvons pas qu’Alexis. Deux autres français sont arrivés. Ils sont en tour du monde et débarquent fraîchement d’Indonésie. L’après-midi même, ils ont été à la Foire au Sanglier de Taupo (véridique) et ils ont acheté deux énormes poissons à un pêcheur légèrement alcoolisé pour la modique somme de 2 cigarettes indonésiennes. J’ai encore du progrès à faire en marchandage. Les poissons sont des « snapper » (Lutjanus campechanus d’après Wikipédia), ils sont très réputés en NZ et normalement beaucoup moins abordables que ce qu’ils ont payé. 

Nous les regardons préparer et cuire l’un des poissons au barbecue pendant que nous finissons nos spaghettis bolognaises. Nous passons la soirée à discuter de voyages et d’autres choses et nous rentrons nous coucher en claudiquant sur nos ampoules.

 Lundi 6 juin

Aujourd’hui c’est l’anniversaire de la reine. Happy Birthday la vieille !

Nous avons réservé des places sur un bateau pour aller voir les Maori Rock Carvings sur le lac. C’est un visage gravée sur une falaise au-dessus de l’eau et auquel on ne peut accéder que par bateau.
Jusqu’à l’heure du départ de notre bateau, nous semblions être les seuls à avoir réservé, c’était un peu gênant. Finalement, un autre couple puis toute une famille de chinois sont venus nous tenir compagnie. 

Le bateau fait lentement le tour des différentes baies, accompagné par les commentaires incompréhensibles de notre capitaine. Il fait frais et il bruine un peu, nous ne sommes pas fâchés d’avoir emporté les bousons de ski finalement. Enfin, après plus d’une heure, nous arrivons aux carving ! Nous attendons que toute une armée de kayak nous cède la place et c’est notre tour de mitrailler la falaise. La famille de chinois prend toute la place et chaque membre se fait prendre en photo, puis viennent les photos de groupe puis la photo de toute la famille. Dix minutes plus tard, nous pouvons enfin photographier le visage et les autres sculptures. 

Nous ne comprenons pas grand-chose aux explications mais suffisamment pour être déçus : le visage gravé ne date pas de temps immémoriaux, gravé par des êtres mystérieux par une technique inconnue teintée de magie (c’est l’idée que je m’étais faite). En fait c’est juste un mec maori en 4x4 dans les années 70 qui a vu la paroi rocheuse et qui s’est dit qu’il allait en faire son support. 

Du coup, la croisière a perdu un peu de sa magie. Encore une heure de trajet un peu plus rapide et nous sommes de retour sur la terre ferme. Nous passons à la voiture chercher le pique-nique et nous retournons sur le banc aux canards du premier jour. Cette fois-ci, un groupe de filles fait diversion et nous déjeunons tranquillement.

La veille, les français en tour du monde nous avaient montré une vidéo des mud pool de Wai-o-Tapu que nous avions eu la flemme d’aller voir. Je regrette un peu d’avoir raté ce spectacle donc nous décidons de faire encore un petit tour de Taupo puis de rentrer à Auckland par la route de Rotorua pour voir les mud pools. 

A la sortie de Taupo vers Rotorua, un homme à l’air un peu déboussolé fait du stop. Nous nous rappelons alors la discussion que nous avions eue avec Alexis et qui traitait de tous les noms les gens qui ne l’avaient pas pris en stop pendant son voyage. « C’est surtout les touristes en Capervan et les jeunes, ceux là, tu peux être sûr qu’ils ne te prendront pas ». Nous nous rappelons aussi des deux gamines à Kaitaia qui avaient failli nous faire suffoquer avec leur odeur de pieds. Finalement, notre bonne conscience prend le dessus et nous nous arrêtons pour lui demander où il compte se rendre. Il va à Rotorua, sur notre chemin, donc nous lui faisons signe de monter. 

Notre nouvel ami s’appelle Blake (prononcez « blèke ») et est un moulin à parole. Nous le prévenons que nous comptons nous arrêter aux mud pools mais il a l’air tellement reconnaissant qu’il se moque de perdre un quart d’heure en route, d’autant que la pluie vient de recommencer à tomber. 

Comme je le disais, Blake est très bavard et en une heure de route, nous apprenons qu’il vient de quitter son job parce que son patron était un vrai c****** (« asshole » dans le texte), qu’il lui avait demandé de venir bosser tout le weekend au cas où ils auraient du boulot et que, comme ils n’avaient pas eu de boulot, le patron refusait de lui payer les jours du weekend. En plus de cela, nous apprenons que son patron est alcoolique et infidèle et qu’il voulait toujours entrainer ses employer à boire et à aller au bar de strip tease avec lui. Enfin, Blake a perdu son permis il y a longtemps parce qu’il avait une voiture trop puissante (on en déduit qu’il faisait l’idiot avec) et qu’un voisin vient de l’appeler pour lui dire qu’il avait été cambriolé pendant le weekend. C’est à ce moment qu’il avait démissionné et que son boss avait tout naturellement refusé de le ramener à Rotorua.  Il est un peu cloche ce garçon.

Il s’arrête une seconde de parler de ses aventures pour me complimenter sur ma conduite. C’est à ce moment que nous passons à 100km/h devant le panneau qui indiquait les mud pools sur la droite. J’essaye de piler, je me fais engueuler par tous les conducteurs derrière, finalement il est trop tard pour tourner et je me refais engueuler quand je veux reprendre ma place sur la route. Au temps pour la bonne conduite. 

« C’est pas grave, il y a une autre entrée pour le parc un peu plus loin » dis-je, et nous repartons. Deux minutes plus tard, nous passons devant le second panneau, toujours à 100km/h et je rate la deuxième et dernière entrée du parc. « T’as qu’à faire demi-tour » me suggère Blake alors que nous sommes sur une nationale. Je comprends un peu mieux comment il a pu perdre son permis. 

Tant pis pour les mud pools, nous continuons vers Rotorua. Pour me consoler, Blake me dit qu’à Rotorua il y a des mud pools aussi. Un peu plus tard, nous arrivons à Rotorua et nous laissons Blake à un croisement. Maintenant, nous avons son numéro et nous saurons où dormir si un jour nous passons par son bled dont nous avons oublié le nom. C’est l’intention qui compte.

Effectivement, en plein milieu de Rotorua, il y a un petit parc plein de mares bouillonnantes et fumantes (et puantes). La photo a eu un petit problème à l'enregistrement mais ça y ressemble quand même.

Rotorua est très réputée pour son Polynesian Spa où on peut barboter dans l’eau chaude et se faire recouvrir de boues diverses et variées, miam miam. Je trouve quand même bizarre d’avoir eu l’idée de construire une ville sur une marmite géante.

Nous faisons donc un petit tour du parc pour voir glouglouter les mares et humer les odeurs de soufres. Je trouve des mud pools mais elles n’ont pas l’air aussi marrantes que celles de Wai-o-tapu. Une demi-heure plus tard, nous reprenons la route d’Auckland. 

Nous arrivons finalement chez nous vers 19h, la route a été vraiment interminable. La voisine nous avait demandé avant le weekend si on acceptait d’échanger nos garages. N’y voyant pas d’inconvénients, surtout que le sien était plus facile d’accès, nous avons accepté. Bien mal nous en a pris, son garage était en fait un tiers plus court que le nôtre et la Subaru dépasse de la porte de 30 bons centimètres. Quel est l’abruti qui a construit un garage trop court pour y garer une voiture ??? Du coup, si nous voulons la laisser à l’intérieur, nous ne pouvons rien mettre d’autre dans le garage de peur de se faire voler. Ca m’ennuie un peu de laisser la voiture sur la place devant le garage, elle est vieille et ça ne lui fera pas de mal d’être presque protégée de la pluie. Il faudra que j’y réfléchisse. 

Voilà pour mon interminable récit de trois jours hauts en couleur ! Je sais que je suis bien en retard mais cet article fait plus de 4 600 mots.

Après cela, nous avons décidé de faire une pause dans nos explorations jusqu’au printemps. Peut-être iront-nous un weekend à Whakapapa avec d’autres français, faire du ski et prendre l’apéro avec la vue sur la Montagne du Destin (le Seigneur des Anneaux). Ce serait classe !

jeudi 2 juin 2011

Ah les crocros ah les crocros sur le bord du Nil

Dimanche 29 mai

Aujourd’hui, il fait beau, mais pas chaud. Sauf au soleil. En Nouvelle-Zélande, la couche d’ozone est très mince du fait du trou dans la dite couche, qui n’est pas loin. Du coup, le moindre rayon de soleil frappe à pleine puissance, même en hiver. Il faut s’en méfier en permanence, et l’été, c’est crème solaire indice 50 obligatoire. La Nouvelle-Zélande détient le triste record du nombre de cancer de la peau chez les jeunes.

Donc, il faut beau, et le programme de la journée est … le zoo d’Auckland ! Le guide dit que ce zoo est particulièrement sympathique et qu’un réel effort a été fait pour reproduire l’environnement des différents animaux. 

Cette fois, il n’y a pas de navette après laquelle courir, donc nous prenons tout notre temps pour faire le pique-nique et ne PAS oublier le couteau ! Hier, les tomates cerise étaient de nouveau en promotion, 3$ au lieu de 6,50$ la barquette de 250g. Elles étaient un peu vertes mais l’appel de la tomate a été trop fort pour résister. Donc du jambon, du pain, du cheddar 18 mois, des tomates cerise et un sandwich au nutella (si si) empaquetés plus tard, nous voici sur le chemin du zoo. 

Le zoo est à un peu moins de 4km, soit ¾ d’heure de marche, avec les côtes et les descentes d’Auckland. Cette semaine, ce sera le jour des monstres alors tout le monde a déjà commencé à entasser des tas d’objets, meubles, vêtements cassés et déchirés dans la rue, ce n’est pas terrible. Au milieu, des maoris et des indiens avec leur camionnette retournent les tas pour y dénicher des objets plus ou moins récupérables, laissant un tas encore plus désordonné sur le trottoir. Nous sommes assez ébahis de voir dans quel état sont certain meubles comme les canapés. Comment peut-on déchirer complètement les montants d’un canapé ? Même très vieux, un canapé n’est censé être usé que là où on s’assoit. 

Bref, en cheminant, nous passons devant la dernière maison que j’avais visitée avant de choisir la nôtre. C’était un appartement parmi cinq dans une grande maison avec un jardin devant. Il était bien et grand mais je ne suis pas partageuse, je voulais MON jardin, comme celui qu’on a aujourd’hui. En plus, l’appartement n’était pas très pratique d’accès pour le bus.

Finalement, nous arrivons au grand parc de Western Springs. C’est joli, il y a un grand lac, plein de canards et de cygnes, des pelouses, des petits ponts, des oiseaux bizarres et des bancs.

Le zoo est juste à côté mais nous avons du mal a en trouver l’entrée. Nous demandons notre chemin à un vendeur de glace. Je note pour plus tard l’emplacement du vendeur, ça fait une éternité que je rêve d’une glace.

Enfin, nous arrivons au zoo ! Le temps d’acheter 2 billets à 20$, nous voila parti. Nous commençons au hasard par un chemin à droite qui mène vers la zone « Savane ». Et voici un grand enclos avec des girafes, des poneys à rayures et des autruches. 

Puis l’enclos des rhinoféroces blancs, des antilopes et des drôles de glouglous.

Puis les lions, paresseusement en train de prendre un bain de "soleil", collés les uns aux autres.
Des flamands roses. Au passage, ce n’est pas très sympa pour les flamands d’avoir donné le même nom à ces bestioles ridicules. Ensuite, nous visitons les éléphants d’Asie. Il n’en reste qu’un, Burma, c’est une femelle de 26 ans qui sait peindre et qui aime se balader dans le zoo. 

Ensuite, nous sommes passés à l’enclos suivant. Au début, nous n’arrivions pas à voir d’animal dans l’enclos. Il faut dire que nous cherchions un animal appelé « cheetah » en anglais et nous pensions que c’était un singe, comme dans Tarzan. Nous avons finalement vu les guépards dormant sur leur plateforme, et grâce à un habile effort de recoupement avec les photos sur les panneaux, nous avons déduit que c’était bien un enclos de guépards. Les anglais sont fourbes, c’est bien connu. Bref, permettez-moi de vous présenter Osiris et Anubis, deux frères guépards. Les panneaux indiquent qu’Osiris est joueur, tranquille et sociable, tandis que Anubis est plus nerveux, solitaire et toujours très intéressé par les antilopes et les glouglous de l’enclos d’à côté. Tiens donc !
Ensuite viennent les popotames. Il n’y a pas à dire, avec la couleur, quand on ne voit que le dos qui dépasse, on dirait vraiment une crotte qui flotte. Pardon pour l’image.
Puis les otaries dont un gros mâle qui prend la pose. Quand nous iront dans l’île du sud, nous auront l’occasion de les voir sur les plages.

Ensuite, les Orang-outan, tout juste recrutés par la DDE locale à cause du nouveau plan de restriction budgétaire. En parlant de budget, la Nouvelle-Zélande est pas mal en crise. Le dollar NZ rattrape le dollar US à grands pas et le secteur de l'exportation ne s'en porte pas très bien. Sans parler de Christchurch qu'il faut démolir puis reconstruire et les assureurs ne veulent plus financer les pertes financières des commerces touchés. C'est le bonheur.

 Le clou du spectacle c’est l’enclos des lémuriens. Ceux qui ont vu le dessin-animé « Madagascar » savent déjà qu’ils ont l’art du show entre deux farnientes. Nous ne sommes pas déçus, voici King Julian et ses potes en train de prendre le soleil.

Après le pique-nique près des singes (mais pas trop), nous repartons pour voir les tortues des Galápagos. Christophe a trouvé son animal-totem, on sent tout de suite le lien de parenté. (hihihi, ça lui apprendra à me laisser écrire tous les articles).
Puis Christophe ne tient plus en place jusqu’à ce qu’on aille voir les kangourous.  Un français que nous avons rencontré nous a dit avoir été déçu de l’Australie parce qu’il n’avait presque pas vu de kangourous. Je crois pourtant me souvenir que les campings australiens étaient plein de ces bestioles. A l’époque, le seul truc qui m’avait déçu avait été qu’ils ne soient pas plus grands. Je les imaginais comme dans les dessins animés : plus grand qu’un humain et avec des gants de boxe (Tex Avery je crois). Donc voici les kangourous. Il m’a fallu choisir une photo parmi les 50 que Christophe a prises, pratiquement toutes identiques. 

Après les kangourous, nous allons voir les tigres. Nous avons tout juste deux minutes pour les voir avant que leurs gardiens ne les fassent rentrer, surement pour l’heure du repas.

ET ENFIN !! La cerise sur le spongecake néozélandais ! La tanière des KIWIS !!! Le kiwi, comme je l’ai déjà expliqué, est un oiseau qui vit la nuit parce qu’il ne sait pas voler. Il se nourrit d’insectes qu’il trouve dans le sol en le fouillant de son long bec. Puisqu’il ne sait pas voler, il fait aussi ses nids au sol, pour le plus grand plaisir des rongeurs apportés par les colons. De plus, les maoris n'ont pas plus de considération pour cette oiseau que nous pour un poulet. Comme on peut s’en douter, le kiwi est donc en voie de disparition. 1 – 0 pour Darwin. 
La seule façon de voir des kiwis est donc d’aller au zoo ou dans un centre de couveuse de kiwi. Nous avons donc vu des kiwis (nous pouvons rentrer en France), malheureusement, nous n’avons pas pu prendre de photo donc voici une image trouvé sur Google. 
 En effet, le zoo d’Auckland étant tellement soucieux de reproduire l’espace naturel du kiwi, ils ont fait un noctarium pour leurs kiwis. Donc on peut visiter l’enclos où on ne voit rien avec nos petits yeux non-nyctalopes (restez polis !). On a quand même entre-aperçu une grosse boule courir de long en large, le long de la baie vitrée en plongeant son bec dans le sol, mais rien de plus. Ca ressemble à un gros ballon sur des pattes avec un bec. Du coup ça ressemble plutôt à une théière. En tout cas ça court vite, même pour une théière. 

Et voila pour notre excursion au zoo d’Auckland !

Comme par hasard, quand j'ai voulu m'acheter une glace au retour, le vendeur était fermé. J'en ai acheté une à un convenience store mais elle devait trainer dans le congélo depuis des siècles, c'était pas terrible.

Prochain weekend : Taupo Lake !