mardi 19 septembre 2017

Petit journal d'une grossesse (part. 3)

Troisième épisode des aventures de ma grossesse. Dans l'épisode précédent, je racontais ma découverte des nausées "matinales", entre autres petits désagréments.

Dans les articles précédents, j'ai oublié de parler de ma nouvelle meilleure amie : une appli smartphone ingénieusement appelée "Pregnancy". A part un calendrier complètement absurde, elle contient un tas de petites informations et outils qui se mettent à jour toutes les semaines. Le plus important semble de savoir à quel fruit ou légume notre foetus ressemble d'une semaine à l'autre. J'ai décidé de partager son évolution végétale, en espérant obtenir quelque chose un minimum humain à la fin des 9 mois.

Semaine 8 : taille d'une framboise.
Par le plus grand hasard, il se trouve que la maman de Christophe nous rend visite juste à ce moment là. Tous les livres recommandent de garder la grossesse en secret pendant le premier trimestre (au cas où on ferait parti des 20% de fausse-couche) mais dans mon état, j'ai du mal à me comporter en belle-fille idéale. Nous décidons donc de la mettre au courant avant qu'elle ne s'imagine que je la déteste et que je m'endors à table exprès pour ne pas avoir à faire la conversation.Christine est bien évidemment ravie pour nous et nous bombarde de questions auxquelles nous n'avons pas de réponse : le sexe du bébé ? euuuh, on ne sait pas encore. Des idées de prénoms ? euuh, pas vraiment. Tu vas arrêter de travailler combien de temps ? euuh, on n'y a pas encore réfléchi... Bon visiblement, il va falloir qu'on travaille sur tout ça.

Semaine 9 : une cerise.
Mi-juin, alors que l'embryon vient officiellement de passer au stade de foetus, il est temps de rencontrer ma mystérieuse sage-femme. Rien n'oblige de choisir la première sage-femme que l'on rencontre mais vu les difficultés rencontrées pour obtenir des réponses à mes messages, il vaudrait mieux que la première soit la bonne.

C'est donc en un beau jeudi matin que nous rencontrons Linda. Ouf, c'est bien un être humain et elle a l'air tout à fait rationnelle. Pas d'accouchements fantaisistes dans les bois ou parmi les dauphins, nous dit-elle. Elle doit avoir la cinquantaine avec un air d'institutrice attentive, du genre à mettre un petit pansement sur votre bobo en disant "voila, c'est fini!" et vous renvoyer jouer dans la cours.

Nous remplissons tout un tas de formulaires d'inscription et discutons de tous mes petits tracas. Malheureusement il n'y a pas grand chose à faire pour les nausées ou les maux de tête, juste tâcher de ne pas se laisser mourir de faim. La priorité c'est de manger, me dit-elle, et si la seule chose que je veux/peux manger pendant une semaine ce sont des Chocapic, c'est toujours mieux que rien. J'aime cette philosophie, dommage que les Chocapic n'existent pas en NZ.

Avant de partir, Linda me donne un carnet de santé, une prescription pour l'échographie de la 12ème semaine et la liste des restrictions alimentaires pour la grossesse.

Parlons donc de cette fameuse liste de toutes les contradictions :
- Manger beaucoup de fruits et légumes mais il faut bien les laver.
- Faire le plein de fer et protéines avec de la viande rouge mais pas de viandes saignantes.
- Faire le plein de calcium mais sans manger de fromage à pâte molle ou de bleu.
- Faire le plein de protéines avec des oeufs mais seulement des oeufs durs.
- Faire le plein d'oméga 3 avec des poissons mais pas de sushis ni saumon fumé. Attention aussi au mercure sauf qu'aucun site internet n'arrive à s'accorder sur quelle espèce de poisson est concernée.
- Pas de houmous.
- Pas de viande froide ni de charcuterie.
- Pas de sandwich, quiche, tourte, salade composée... qui serait restés en rayon plus de quelques heures.
- Pas de préparation contenant des oeufs crus comme la mayonnaise, la crème anglais, la carbonara...

En résumé, tout ce qui pourrait me faire plaisir est maintenant interdit. Je peux manger du steak trop cuit avec un oeuf dur et une carotte désinfectée. 9 mois de misère en vue donc.

Semaine 10 : une olive verte
Ce soir-là et tout le weekend, nous suivons avec diligence la Liste de la Misère. Le lundi suivant, c'est une autre histoire qui commence. Danone, notre plus gros client, déménage une de ses lignes de production d'un bâtiment à un autre et c'est moi qui suis en charge de déplacer, recâbler et surveiller le démarrage de 3 de nos machines. Etrangement, à part pour la fatigue, être occupée à Danone me fait oublier mes maux tête et une bonne part de mes nausées. C'est toujours ça de gagné.

Là où les choses se gâtent c'est à l'heure du déjeuner, ou plutôt vers 15h, quand on a enfin le temps de prendre une pause. Notre fine équipe se pointe à la cafétéria à 10 minutes de la fermeture et il ne reste que 2 sandwichs. Outre le fait qu'ils ont probablement passé la demi-journée en rayon (arg!), ils contiennent du jambon (double arg!), des crudités (triple arg!) et de la mayonnaise (arg! final). Ainsi sonne le glas de mes bonnes résolutions alimentaires.

Semaine 12 : un citron vert
Début juillet, il est temps de passer l'échographie des 12 semaines, celle qui mesure le risque de trisomie 21 sur le foetus. Christophe n'est pas avec moi, il passe 2 semaines en France pour le boulot. Je demande à la réception du centre d'échographie si il est possible d'obtenir la vidéo de l'examen. On me répond que malheureusement, ils sont à court de clé USB. Tant pis. Dix minutes plus tard, la dame de la réception revient me voir "les magasins autour n'ouvrent qu'à 9h mais si vous laissez passer une autre dame avant vous, on aura le temps d'aller acheter une clé USB pour votre échographie". Je suis épatée.

Cette fois-ci, pas de vessie pleine et pas de tache grise informe. L'écran affiche l'image de foetus que tout le monde a vu dans les livres. Ce qu'on ne montre pas dans les livres c'est qu'on peut voir le foetus bouger et ça c'est tout simplement magique.

De profil avec une main devant le visage:

Et une minute plus tard, il nous tourne le dos:



En bonus, une vue en coupe des deux hémisphères du cerveau (vu du dessus), parce que c'est quand même chouette la technologie moderne :

Le foetus continue à faire des cabrioles pendant que la dame essaye tant bien que mal de mesurer la "nuchal translucency". Tous les foetus ont une poche de liquide à la base du crane mais les bébés atteint de trisomie y ont significativement plus de liquide. Mesurer l'épaisseur de la poche donne une bonne indication du risque de trisomie chez le bébé. Pour plus de fiabilité, les mesures sont recoupées avec les résultats d'une prise de sang. L'échographie est bonne mais il faut attendre 2 semaines pour avoir le résultat final.


Deux jours plus tard, Christophe passe le weekend chez mes parents, l'occasion de leur faire part de la nouvelle à leur tour ! On avait fait faire des tasse à thé avec des photos d'eux et la mention "World's Best Grandad/Grandma". Christophe les a emportés dans sa valise en France et leur a offert pendant que j'observais leurs réactions à travers Skype.
Une fois le choc passé, ceux qui connaissent ma mère ne seront pas surpris de savoir qu'elle s'est immédiatement plainte de n'avoir été mis au courant qu'après 12 semaines. Qu'est ce que ça serait si ce n'était pas la World's Best Grandma (ex-aequo avec la maman de Christophe bien sûr) !


Ainsi s'achève le premier trimestre. Suite des aventure du végétal dans le prochain épisode...

1 commentaire:

  1. Là tu exagères je ne me souviens pas m'être plainte. Pour ma part je ne me souviens pas avoir changé grand chose à mon alimentation quand je t'attendais, en dehors de l'alcool bien sûr. Produits frais, achetés au marché, ne pas manger en dehors des repas pour ne pas ressembler à une baleine, pas de plats industriels, c'est la recette pour avoir un beau bébé...

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