mardi 2 janvier 2018

Petit journal d'une grossesse (part.6)

A la fin du dernier article, j'entrais tout juste dans mon troisième trimestre. Comme je n'ai pas du tout été assidue dans mon récit et que j'ai oublié une bonne partie de ce qu'il s'est passé depuis, on va résumer rapidement le début du troisième trimestre.

Pendant les semaines 27 et 28, nous avons retrouvé nos amis Caroline et Tom en Tasmanie pour une semaine de tourisme/babymoon. En théorie, les compagnies aériennes demandent une lettre de la sage-femme pour les femmes prenant l'avion après 28 semaines de grossesse. En pratique, personne ne s'est intéressé à ma grossesse. Le fait d'avoir un ventre particulièrement petit pour 28 semaines a probablement aidé. Nous avons fait de très belles balades, chassé l'echidna, visité un ancien bagne, un marché et un étrange musée. Le tout dans le luxe puisque j'ai usé de ma condition de femme enceinte pour échapper au camping et dormir dans un vrai lit.

La semaine 29, j'avais rendez-vous avec Linda mais comme elle n'était pas là, j'ai rencontré sa remplaçante : Helen. Helen est d'origine chinoise et ne parle pas très bien anglais. D'ailleurs elle ne parle pas beaucoup tout court. On fait juste les tests habituels (protéines dans les urines, pression sanguine, hauteur utérine et doppler). Une fois encore, on me demande si Christophe ou moi étions particulièrement petits à la naissance car ma hauteur utérine est toujours bien en-deça de la norme.
Helen me dit aussi qu'à partir de maintenant, il faut éviter de dormir sur le dos parce que le poids du bébé se retrouve à appuyer sur des nerfs et des artères importantes dans le dos. Ca ne laisse plus beaucoup de choix de positions.

Côté poussette-fantôme, j'ai enfin des "nouvelles". ShipMyTrade a officiellement abandonné les recherche et a commencé la procédure pour me rembourser le montant de la poussette et du transport. Au moins on est fixé, il n'y a plus qu'à en trouver une autre.

Semaine 31: poids d'une noix de coco
On a trouvé une autre poussette sur Trademe (leBonCoin local). Ce n'est pas le modèle de nos rêves mais le second sur la liste. Au moins elle est rouge: si c'est comme pour les voitures, elle ira vite!

Le prix est à peu près identique mais au moins elle se trouve à Auckland et le vendeur l'a même livrée lui-même. Le seul inconvénient c'est qu'il s'est mis à me raconter sa vie, en particulier comment sa compagne avait perdu la tête après l'accouchement, était parti de la maison en laissant le bébé puis porté plainte pour violences conjugales après s'être frappée elle-même... La fin de l'histoire c'est qu'elle a fini par laisser tomber sa plainte et qu'ils se sont remis ensemble "pour le bien de leur enfant". ok. ok. ok.

Au moins, la poussette est super, si ce n'est qu'elle rempli entièrement le coffre. Je ne sais pas où on va mettre le sac à langer, ni même la paddleboard.

Ce samedi, on assiste aussi à notre "antenatal class". Un cours de 6 heures où une formatrice nous explique à quoi s'attendre avant, pendant et après l'accouchement, tout en précisant que c'est une aventure différente pour chaque femme donc en fait on ne sait pas à quoi s'attendre.
La formatrice est une ancienne sage-femme qui a donné elle-même naissance à 7 bébés dont une paire de jumeaux, le tout chez elle. Elle nous raconte aussi que les jumeaux sont les derniers à être nés et que "ça a été trop pour mon mari alors il a décidé de partir". ok. ok. ok.

A part ça, en NZ, le discours sur l'accouchement est toujours du style "les femmes ont toujours mis au monde des bébés, on est faite pour ça, pas besoin d'aide médicale, la péridurale c'est pour les mauviettes, la douleur ça forge le caractère". Ca passe vaguement sous silence qu'un tiers des naissances finissait dans un cercueil pour la mère et/ou le bébé. Pas moyen que j'accouche chez moi : déjà j'ai de la moquette, faut pas salir, et je veux une péridurale comme les mauviettes.

Semaine 32 et 33 : poids d'un gros choux puis d'un ananas.
Depuis 3 semaines, j'ai une sorte de point douloureux sous l'omoplate droite. J'ai donc décidé d'aller voir un ostéo par moi-même, sans attendre les 4 mois du système publique et sans powerpoint. Au final ça n'a pas été beaucoup plus efficace que le powerpoint, encore un désagrément qui partira à l'accouchement (la liste commence à être longue).

Je revois aussi Linda, la sage-femme. Encore une fois la hauteur utérine est trop faible. On décide de laisser tomber la technique du mètre-ruban et de faire ça à la mode du 21è siècle : elle m'envoie passer une "échographie de croissance".

Côté nursery, on a enfin fini de poncer et peindre le lit à barreaux et la table à langer. On est assez fiers de nous mais je ne crois pas qu'on recommencera ces clowneries pour les (éventuels) prochains mouflets.
Avant

Après


Semaine 34 : poids d'un melon (un melon américain pèse 2.15kg d'après mon appli)
Cette semaine, on passe la fameuse échographie de croissance dans mon centre de radiologie. Et là, ça se corse un chouilla: non seulement le mètre-ruban avait raison (je présente toutes mes excuses auprès de la science du 20è siècle) mais en plus le bébé est toujours en siège. L'un ou l'autre séparément n'aurait pas été un soucis vu qu'il reste 6 semaines de gestation, mais les deux à la fois, c'est pas l'idéal.

Dans le doute, Linda renvoie mon dossier à l'hopital pour commencer le "SGA path" : la procédure pour les bébés trop petit. En fait, ça consiste juste à repasser une échographie mais cette fois-ci à l’hôpital, sur une machine à la résolution assez minable comparée à mon centre d'échographie habituel.

Semaine 35 : poids d'un melon vert (ou pas, vu qu'on n'est plus dans la moyenne)
Nous voila donc à l'hopital pour une nouvelle échographie de croissance. Le bébé n'a pas gagné 500g par magie et n'a pas non plus fait d'effort particulier pour se mettre la tête en bas. Le schmilblik n'a pas avancé mais au moins c'est une obstétricienne qui nous le dit alors c'est vachement plus sérieux n'est-ce pas.

Le premier problème à régler, c'est la position du bébé. On aura donc rendez-vous le lundi suivant pour une ECV (External Cephalic Version), une manipulation où un obstétricien agrippe le bébé à travers la peau de mon ventre et le fait tourner sur lui-même. "C'est super safe comme procédure, ça réussi 2/3 du temps. Bon par contre, il y a 3% de chance que ça déclenche l'accouchement le jour-même ou que le bébé soit si stressé qu'il faille recourir à une césarienne d'urgence". Cool, qu'est ce qu'on attend!

En attendant le lundi, je google furieusement cette histoire d'ECV. Naturellement, la moitié des sites est pour et l'autre moitié est contre. Une femme poste même qu'on devrait laisser faire la nature et qu'elle préfère encore que le bébé meurt en couche plutôt que le soumettre au traumatisme de l'ECV. Autant dire que je n'ai pas pris son avis en compte.

Enfin dans l'idéal, ce serait bien que bébé se retourne de lui-même dans la petite semaine qu'il me reste avant l'ECV. Tous les sites de médecine "alternative" suggèrent les mêmes solutions : se mettre la tête en bas aussi souvent et aussi longtemps que possible ainsi qu'une technique de médecine chinoise appelée Moxibustion. Pour ne pas mourir idiote, j'ai essayé les deux techniques.

Il se trouve qu'avoir la tête en bas n'est pas une expérience très agréable mais c'est faisable à petites doses. Le problème c'est qu'il en faut de grosses doses et je me vois mal faire l'autruche ou le poirier au milieu du bureau, en plus du matin et du soir.


Côté moxibustion, c'est une technique qui allie acupuncture et le réchauffement de points d'énergie dans le corps. En l’occurrence le point d'énergie encourageant le bébé à tourner se trouve dans le petit orteil droit. Je ne sais pas comment on a découvert ça mais il faut garder l'esprit ouvert.
Là encore, il fallait peut-être plus de séances ou avoir les chakras plus ouverts mais la moxibustion n'a pas fonctionné sur moi.
Moxibustion

Semaine 36: poids théorique d'une grappe de raisin (2.6kg d'après l'appli)
De bon matin (8h, arg!), nous voila de retour à l’hôpital pour l'ECV. Apparemment on ne fait pas une ECV par dessus la jambe, il faut d'abord passer une échographie pour vérifier les échanges sanguins entre le placenta et le bébé. Ca prend d'ordinaire 20 minutes mais, ce matin, bébé est d'humeur à faire de l'exercice et se tortille plutôt que se laisser mesurer. Au bout de 45 minutes, on a 3 mesures sur les 4 nécessaires et la technicienne laisse tomber. "Peut-être que ça suffira à l'obstétricienne" dit-elle.

Heureusement, les 3 mesures sont bonnes et satisfont l'obstétricienne. On passe à l'étape suivante : un électrocardiogramme du bébé pendant 1 heure ainsi qu'avaler des petites gélules pour relaxer l'utérus.
Je peux aller faire pipi ?

Une heure plus tard, l'obstétricienne vient me chercher. C'est manifestement quelqu'un de haut placé: pas de blouse ou chaussures orthopédiques pour elle mais une jolie robe et des petits talons. Elle traîne derrière elle un obstétricien italien qui a l'air en formation. A part cela, elle est plutôt  autoritaire mais rassurante et essaye de détourner mon attention en papotant pendant la procédure. Il faut dire que la manœuvre de version prend environ une minute mais c'est assez inconfortable. Un peu comme une massage thaï mais sur le ventre plutôt que les muscles.

Enfin, le tout prend donc plus de temps pour le dire que pour le faire et d'un coup habile, le bébé se retrouve la tête en bas. Christophe ose demander ce qu'il se passera si le bébé se remet en siège. "Ca n'arrivera pas" répond l'obstétricienne. Je retourne donc sur mon fauteuil pour 30 minutes d’électrocardiogramme. Lorsque les 30 minutes sont écoulées et que je n'ai pas l'air d'être sur le point d'accoucher, l’obstétricienne repart en faisant claquer ses escarpins, toujours suivie par son étudiant. J'ai probablement dû coûter une fortune à la sécu kiwie.
En attendant, il est 11h30 et il est temps d'aller au boulot.

Le vendredi, nouveau rendez-vous à l'hôpital pour une échographie de croissance. Cette fois, ce n'est pas aussi rapide que la première fois. On attend une éternité avant l'échographie, puis deux techniciens se succèdent pour faire les mesures en fronçant les sourcils mais sans rien nous dire, puis nous attendons une nouvelle éternité pour les résultats avant qu'on ne finisse par nous dire qu'on peut partir, toujours sans résultats. Au moins le bébé a toujours la tête en bas.

Semaine 37: longueur d'une feuille de blette, mais une petite feuille de blette.
Rendez-vous avez Helen, la remplaçante de Linda. Helen n'étant pas ma sage-femme principale, elle n'a rien reçu de mes résultats. On ne sait donc toujours rien sur rien. Par contre ma tension est un peu élevée "mais c'est peut-être mon appareil qui déconne" dit-elle. Eumh, c'est un peu important non?

En attendant, comme une tension élevée est un des signes précurseurs de la pré-eclampsie, une condition potentiellement mortelle pour la mère et le bébé,  Helen m'envoie faire un test sanguin pour en avoir le coeur net. Spoiler alert : je n'ai pas de pré-eclampsie.

Le soir-même, Helen m'envoie un texto pour m'annoncer que j'ai un nouveau rendez-vous à l'hopital le jour du réveillon pour une nouvelle échographie de croissance.

Le 31, nous revoilà à l'hopital qui est pratiquement désert. Au bout d'une heure d'attente, l'unique technicienne d'échographie nous demande ce qu'on fait là vu qu'elle n'a pas mon nom sur sa liste. D'ailleurs elle a fini sa journée donc elle s'en va.

Nous nous retrouvons dans un autre service où il s'avère qu'il y a eu confusion dans les rendez-vous mais que, comme la technicienne vient de partir, c'est trop tard pour l'échographie. Pour ne pas que j'aie perdu tout mon temps et $9 de parking, on m'accroche quand-même à un électrocardiogramme pour suivre les battements cardiaques du bébé. "On va regarder vos résultats de la semaine dernière et un médecin viendra vous voir".

40 minutes plus tard, un médecin vient nous dire que le bébé est toujours petit mais qu'il semble grossir régulièrement, c'est bon signe. Ils me redonnent un rendez-vous pour le 5 janvier, semaine 39. Avec un peu de chance quelqu'un sera là ce jour-là. A moins que ce ne soit le bébé qui soit déjà là...

1 commentaire:

  1. J'aime beaucoup ta façon de raconter ta grossesse! Par contre les tailles et poids des légumes et fruits me laissent perplexe... Espérons pour toi que le bébé n'aura ni la forme ni le poids d'une citrouille Atlantique Giant ou équivalent...Record du monde obtenu par un cultivateur belge 1190kg.
    Bonne fin de grossesse, ce bébé sera magnifique!

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